Au début des années 2000, une nouvelle génération d'assurance-vie est apparue : des contrats à frais réduits commercialisés directement sur internet. Ce secteur, encore mouvant et en développement, pèse désormais près de 20 milliards d’euros. Qui se taille la part du lion ? Etat des lieux.
80.000 à 100.000 contrats d’assurance-vie souscrits auprès des banques et courtiers en ligne en 2016. Pour un marché pesant « 17 à 20 milliards d’euros » d’encours, au total, selon une estimation livrée par Fortuneo. Certes, à côté des 1.632 milliards d’euros de l’assurance-vie, au global, en France, le marché de l’épargne en ligne reste une goutte d’eau. Mais avec des collectes en progression constante et un foisonnement d’acteurs non négligeable. En 2015 et 2016, pas moins de sept plateformes d’assurance-vie en ligne ont lancé leur premier contrat.
Banque en ligne : un trio Fortuneo, ING Direct, Boursorama
Si de nombreux courtiers tentent de se faire une place au soleil sur ce marché en développement, ils ne peuvent rivaliser avec les banques en ligne. S’adressant à un public plus large, moins « boursicoteur » ou patrimonial, les banques en ligne démocratisent le produit et surclassent la concurrence. BforBank et Monabanq n’ont pas souhaité dévoiler le montant des encours déposés sur leurs assurances-vie. Mais les informations soufflées par les assureurs ne laissent guère de place au doute : Boursorama, ING Direct et Fortuneo trustent le podium des plus gros distributeurs d’assurance-vie en ligne.
En septembre dernier, Fortuneo se voyait « leader de l’assurance-vie en ligne ». Mais la filiale du Crédit Mutuel Arkéa ne communique qu’une fourchette indicative (« 25% à 30% de part de marché »), qui le situerait juste devant ING Direct et Boursorama. Ce dernier n’a pour sa part pas livré de statistiques à fin 2016. ING Direct, de son côté, annonce un encours en progression de 12% sur l’année 2016. L’assureur de ces deux banques en ligne, Generali, confiait déjà l'an passé que le match était « très serré entre les deux ».
Banque en ligne | Encours à la fin 2016 | Contrats d’assurance-vie | Assureur | Lancement du contrat |
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Fortuneo | 4,25 à 6 milliards d’euros | Non communiqué (NC) | Suravenir | 2001 |
ING Direct | 4,1 milliards d’euros | 120.000 | Generali | 2004 |
Boursorama | 3,9 milliards d’euros * | NC | Generali | 2004 |
BforBank | NC | « Progression de 30% en 2016 » | Spirica | 2009 |
Monabanq | NC | NC | Generali | 2008 |
* Statistiques à fin 2015, les données 2016 étant attendues pour la fin février 2017 |
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Courtiers en ligne : la prime aux précurseurs
Derrière les mastodontes que représentent les banques en ligne, à l’échelle de ce marché, plus d’une vingtaine de courtiers distribuent des contrats à frais réduits. Parmi eux, une douzaine ont accepté de livrer des statistiques, parfois partielles. Là encore, trois acteurs se détachent nettement de la concurrence : Altaprofits, Linxea et Mes-placements. Logique : ils font partie des précurseurs.
Altaprofits a vu le jour fin 1999, avant de lancer son premier contrat en 2000, avec Generali. Le courtier se revendique ainsi fièrement « créateur de l'assurance-vie en ligne sans frais d'entrée en France », en important alors « un concept américain ». Derrière, Linxea dépasse Mes-placements d’une courte tête. Toutefois, le poids des deux courtiers sur le marché de l’épargne en ligne se vaut : en prenant en compte l'ensemble des produits distribués, assurance-vie, Perp ou PEA assurance, les encours seraient quasi équivalents.
Courtier en ligne | Encours à la fin 2016 (en euros) | Clients assurance-vie | Collecte 2016 | Lancement du premier contrat |
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Altaprofits | 1,5 milliard | 35.000 contrats | NC | 2000 |
Linxea | Plus d’un milliard | 25.000 clients | 175 millions d’euros pour 4.000 souscriptions | 2005 |
Mes-placements | 850 millions | 25.000 clients | 143 millions d’euros pour 2.625 souscriptions | 2005 |
MonFinancier | 342 millions | 7.688 clients | 96,3 millions d’euros | 2007 |
Hedios | 280 millions | 6.700 clients | 40 millions d’euros, pour 350 souscriptions | 2006 |
Placement Direct | 176 millions | 3.814 clients | 19 millions d’euros | 2004 |
Tous les placements ¹ | 100 millions ² | 1.800 clients | 15 millions d’euros | 2013 |
Patrimea | 70 millions | 2.400 clients | 25 millions d’euros ² | 2010 |
E-patrimoine | 33 millions | 1.000 clients | 7 millions d’euros | 2008 |
Asac-Fapès (pour Solid’R Vie) | 30,6 millions | NC | 1,8 million d’euros | 2007 |
Epargnissimo | 20 millions | Plus de 1.000 clients | 350 nouveaux contrats | 2009 |
Yomoni | 11,7 millions ² | 2.000 clients | 11 millions d’euros ² | 2015 |
Advize | NC | 7.000 « utilisateurs » | +136% « utilisateurs » | 2012 |
¹ Courtier web proposant des contrats patrimoniaux « classiques », avec frais de versement négociés. ² Assurance-vie et autres produits Source : déclarations des plateformes |
Ce paysage n'a rien d'immuable. Ainsi Yomoni apparaît en bas de tableau mais le « petit dernier » a réalisé « le meilleur démarrage » du marché de l’épargne en ligne, sur les dix dernières années, selon Bernard Le Bras, président du directoire de Suravenir [NDLR : la maison-mère de Suravenir, le Crédit Mutuel Arkéa, est également actionnaire du courtier]. Fortuneo mis à part, le robo-advisor Yomoni serait le deuxième partenaire de Suravenir en 2016 en termes de nouvelles souscriptions. De quoi lui promettre une meilleure place dès 2017…
Cet état des lieux cache en outre des positionnements parfois très différents. Certaines plateformes proposent simplement un catalogue de contrats. D’autres ont suffisamment de poids pour négocier avec les assureurs et personnaliser leurs contrats sur le mode de gestion, le niveau de frais, le nombre de supports en unités de compte (UC), etc. Ou en développant une plateforme personnalisée de gestion en ligne, plutôt que de se reposer uniquement sur l’interface fournie par l’assureur.
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Des nouveaux entrants aux profils très variés
Une dizaine de courtiers n’ont donc pas souhaité nous communiquer leurs statistiques. Parmi eux, deux acteurs confirmés sur ce marché (Bourse Direct et Assurancevie.com) mais surtout une kyrielle de projets naissants, en développement, ou trop récents pour disposer de chiffres significatifs.
Ces nouveaux entrants illustrent là encore la diversité du marché de l’épargne en ligne. Entre WeSave qui base son offre sur les trackers, comme Yomoni, mais en proposant du conseil patrimonial personnalisé ; le dernier-né Grisbee dont l’originalité n’est pas le contrat mais l’outil de « coaching financier » préalable à la souscription ; ou encore les Comptoirs du patrimoine, poids lourd parmi les distributeurs du contrat associatif Afer mais qui diversifie son offre avec l’assurance-vie en ligne Réplique.
Courtiers en ligne | Lancement du premier contrat | Assureurs |
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Bourse Direct | 2006 | Apicil |
Assurancevie.com | 2010 | Generali, Suravenir et Aviva |
Mon conseiller patrimoine | 2012 | Generali, Apicil |
MonProjetRetraite | 2013 | Suravenir |
MonCapital | 2015 | Suravenir |
Ethic Vie | 2015 | Suravenir |
Comptoirs du patrimoine (pour Réplique) | 2015 | Generali |
Marie Quantier | 2016 | Suravenir |
WeSave | 2016 | Suravenir |
Grisbee | 2016 | Suravenir |
Un marché dominé par une poignée d’assureurs
Une trentaine de distributeurs, au total, mais des assureurs qui se comptent presque sur les doigts d’une main. S’ils se veulent discrets sur le nombre d'assurés, le poids des banques en ligne laisse peu de place au doute : Generali et Suravenir accaparent une très large majorité du marché de l’assurance-vie à frais réduits. Generali étant le plus souvent présenté comme le leader devant Suravenir, un challenger en forte progression, le plus actif en termes de nouveaux partenaires et qui affiche des rémunérations plus élevées sur ses fonds en euros.
Derrière ? Sans contestation possible, la filiale de Crédit Agricole assurances Spirica s’installe sur le podium. Difficile, en revanche, de départager Swiss Life, Apicil, et le dernier arrivé sur le marché, Aviva.
Voir par ailleurs le comparatif d’assurances-vie en ligne