L’offre de « comptes sans banques » s’étoffe en France. Dans la foulée du succès du Compte Nickel, ce sont pas moins de cinq marques, souvent des établissements de paiement, qui proposent des cartes bancaires connectées à un portefeuille électronique et une application mobile. Mais que valent ces produits, en termes de tarifs et de fonctionnalités ?
Le Compte Nickel a montré la voie. Lancé en février 2014, le service inventé par la Financière des paiement électroniques (FPE), un établissement de paiement français, revendique à l’heure d’écrire ces lignes plus de 430.000 clients. Un chiffre qui le place même devant certaines banques en ligne. La formule gagnante du Compte Nickel - une carte bancaire pas trop chère disponible en quelques minutes chez le buraliste, un RIB qui permet de recevoir des virements et de domicilier des prélèvements - a depuis inspiré des vocations. C’est le cas de PCS MasterCard, un spécialiste des cartes bancaires prépayées qui occupait déja le terrain avant Compte Nickel, mais qui a étoffé ces derniers mois son offre en proposant des formules avec RIB et application mobile, couvrant des usages de plus en plus variés.
Le marché s’enrichit également de nouveaux entrants, qui ambitionnent à leur tour de marcher sur les plate-bandes du Compte Nickel, et n’hésitent pas à se définir comme des « néobanques ». Citons par exemple Morning, qui s’apprête à lancer sa première carte bancaire. Sur son site web, l’établissement de paiement toulousain explique son ambition de « proposer une expérience réinventée de la banque en mettant en avant des fonctionnalités de mobilité et de pilotage », à « une offre tarifaire souvent plus avantageuse que celles déjà disponibles sur le marché ». Un credo proche de celui de N26, un acteur allemand qui revient sur le marché français, et de Lydia, spécialiste du paiement entre particuliers qui a lancé sa carte bancaire en septembre dernier.
Peu chères, mais loin d’être gratuites
On le sait : en matière bancaire, la tarification est le nerf de la guerre, le principal argument retenu par les usagers pour tester de nouvelles solutions. Les prix affichés par les « comptes sans banque » sont-ils à la hauteur ? cBanque a fait le tour des brochures pour en extraire les principales lignes tarifaires :
Tarifs | Anytime | Compte Nickel | Lydia | N26 | PCS Mastercard |
---|---|---|---|---|---|
Cotisation annuelle | 27 euros | 20 euros | 47,88 euros (1) | Gratuit (2) | 14,90 euros (3) |
Rechargement par virement | Gratuit | Gratuit | NP | Gratuit | 2% |
Rechargement par CB | 3,80% | NP | Gratuit | NP | 4% |
Retraits en zone SEPA | 2 euros | 1 euro | Gratuit jusqu'à 5 par mois | Gratuit jusqu'à 5 par mois puis 2 euros par retrait | 1 euro |
Retraits hors zone SEPA | 2,5% + 2 euros (4) | 2 euros | Gratuit jusqu'à 10 par an | 1,70% | 1% + 3 euros |
Paiements hors zone SEPA | 2,50% | 1 euro | Gratuit jusqu'à 20 par an | Gratuit | 3% |
Perte vol de la carte | 15 euros | 10 euros | 20 euros | 10 euros | 10 euros |
NP = non proposé (1) +10 euros à la commande de la carte (2) ou 8,70 euros par trimestre si moins de 9 paiements par carte par trimestre (3) pour la version Black, valable 2 ans (4) par tranche de 300 euros |
Verdict : avec des cotisations annuelles comprises entre 14,90 euros (chez PCS MasterCard) et 47,88 euros (chez Lydia), les néobanques sont peu chères mais loin d’être gratuites. D’autant qu’outre la cotisation annuelle, elles font payer pour certaines le rechargement du compte (PCS MasterCard), les retraits en espèces (Anytime, PCS MasterCard, Compte Nickel) et les paiements en devises (Anytime, PCS MasterCard, Compte Nickel).
Les formules proposées par le spécialiste des cartes prépayées, PCS MasterCard, et par Anytime apparaissent particulièrement coûteuse. Lydia, de son côté, fait payer cher sa carte (10 euros pour la fabrication, puis 3,99 euros par mois) mais il s’agit d’un forfait qui offre la gratuité sur les retraits et les paiements hors zone euro. Une formule qui aurait pu intéresser les grands voyageurs si ces opérations n'étaient pas limitées en nombre : 20 paiements en devises par an, et 10 retraits.
Les autres ne présentent de réel intérêt que pour les clients qui ne respectent pas les conditions de revenus de ces acteurs 100% en ligne - une population que vise tout particulièrement le Compte Nickel et PCS MasterCard - ou ceux qui souhaitent des services innovants associés à la carte bancaire.
Fonctionnalité : du gadget et de l’utile
Les fonctionnalités avancées, c’est en effet l’autre grand argument des néobanques. Toutes ont un point commun : leurs cartes bancaires sont des modèles à autorisation systématique. Inconvénient : elles ne passent pas dans certains automates, aux péages des autoroutes ou aux stations essence par exemple. Avantage : elles permettent de répercuter immédiatement les paiements et retraits sur le solde du compte, et de recevoir des alertes en temps réel. Et bien sûr, elles excluent les découverts.
La promesse d’une meilleure gestion budgétaire grâce au temps réel et à l’absence de découvert est ainsi la principale promesse faite par Compte Nickel. D’autres marques, toutefois, vont un peu plus loin en matière de fonctionnalités, comme le montre le tableau ci-dessous :
Fonctionnalités | Anytime | Compte Nickel | Lydia | N26 | PCS Mastercard |
---|---|---|---|---|---|
RIB | Oui | Oui | Fin 2016 | Iban allemand | Oui |
Appli mobile | Oui | Oui | Oui | Oui | Oui |
Opérations en temps réel | Oui | Oui | Oui | Oui | Oui |
Changement de code secret | Non | Non | Oui | Oui | Non |
Désactivation carte | Oui | Non | Oui | Oui | Oui |
Désactivation paiement internet | Oui | Non | Oui | Oui | Non |
Désactivation retraits | Oui | Non | Oui | Oui | Non |
Gestion des plafonds | Non | Oui | Oui | Oui | Non |
On le voit, les néobanques revendiquées, N26, Lydia et Anytime, s’appuient sur des applications mobiles dernier cri qui permettent de paramétrer, très précisément et en temps réel, l’usage de la carte bancaire. Certaines fonctions tiennent du gadget - le changement du code secret -, mais d’autres apparaissent comme de vrais plus en termes de sécurité : la possibilité par exemple de désactiver la carte oubliée ou égarée, ou les paiements sur internet lorsque que vous ne les utilisez pas.
Ces sophistications suffiront-elles, à elles seules, à convaincre les usagers de migrer vers ces nouveaux acteurs pour la gestion quotidienne de leur argent ? Les plus technophiles sans doute. Pour les autres, il faudra sans doute attendre quelques années.
Mise à jour (14 février 2017) - Toutes les références à Morning ont été supprimées du texte et des tableaux, la société ayant renoncé, suite à des difficultés financières, à lancer sa carte bancaire.
Mise à jour (14 février 2017) - Mise à jour des tarifs de N26.