Les perturbations que connait le secteur bancaire américain à la suite de la faillite de Silicon Valley Bank (SVB) devraient avoir un impact limité sur les établissements européens, organisés différemment, ont estimé mardi les agences américaines de notation Moody's et S&P Global Ratings.

« La structure du bilan des banques européennes limite la contagion », explique Moody's, qui a par ailleurs abaissé la perspective du secteur bancaire américain de stable à négative.

Pour justifier sa position, l'agence cite une proportion plus importante de dépôts auprès de la banque centrale de la part des banques européennes. A l'inverse, les titres de créance représentent seulement 12% du bilan des banques de la zone euro, contre 30% pour les banques américaines.

« Nous ne voyons pas » parmi les banques européennes suivies et notées par S&P, d'instituts dont le modèle économique et les sources de fonds « présentent le même profil », selon une note de S&P Global Ratings.

« Le risque de contagion est limité »

« Il est peu probable que les banques européennes notées aient une exposition directe significative à la Silicon Valley Bank et à la Signature Bank » et « le risque de contagion est limité », ajoute l'agence.

« Les dépôts sont probablement plus stables en Europe, leur croissance ayant été moins rapide », souligne également Moody's.

Enfin, la Banque d'Angleterre et la Banque centrale européenne ont mieux développé l'accès à des liquidités en cas de tensions, selon l'agence de notation.

Depuis le début de la semaine, les autorités européennes ont multiplié les prises de parole se voulant rassurantes.

« Il n'y a pas de contagion directe et la possibilité d'un impact indirect est quelque chose que nous devons surveiller mais pour le moment nous ne voyons pas de risque significatif », avait déclaré lundi le commissaire européen à l'Economie, Paolo Gentiloni, à Bruxelles, avant une réunion des ministres des Finances de la zone euro.

Les banques françaises « ne sont pas exposées »

Une porte-parole de la Banque de France avait de son côté indiqué que les banques françaises « ne sont pas exposées » à la banque américaine en faillite, quelques heures après que Bruno Le Maire avait assuré qu'il ne voyait pas de risque de contagion.

Toutefois, « la faillite de SVB a ébranlé la confiance » et le resserrement monétaire en Europe, « quelques mois en retard » sur celui de la Réserve fédérale aux Etats-Unis, « pourrait encore mettre en évidence des fragilités et nécessiter une gestion prudente et pragmatique de la part des autorités », a averti S&P Global.

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