Le chèque reste en 2023 le moyen de paiement de proximité, hors espèces, le plus exposé à la fraude en France, loin devant la carte. Découvrez les vrais chiffres et nos conseils pour se prémunir des escrocs.

La fraude aux chèques ne faiblit pas. C'est le constat dressé ce mardi par la Banque de France à l'occasion de la présentation du rapport annuel de l'Observatoire de la sécurité des moyens de paiement (OSMP) pour l'année 2023.

Certes, le montant total des opérations frauduleuses par chèque est en baisse : 364 millions d'euros, en baisse de 8% sur un an. Mais, rapporté à son usage, qui s'est contracté de 13,4% en un an, son taux de fraude augmente de 7% : 0,078%, soit 78 euros dérobés pour 100 000 euros. Cela en fait le moyen de paiement de proximité le plus fraudé, très loin devant la carte bancaire : il représente 1,4% des montants totaux échangés, mais 31% de la fraude.

Le paiement par chèque : règles d'usages et risques de fraude

Pourquoi la fraude sur le chèque explose-t-elle ?

Bien qu'en déclin, le chèque reste plus utilisé en France que dans aucun autre pays en Europe et sans doute dans le monde. Simple d'usage, gratuit, universel, il reste utile pour régler des montants élevés, qui dépassent votre plafond de carte bancaire. Pour les ménages modestes, il fait office de facilité de crédit à court-terme, permettant de payer en plusieurs fois certains montants élevés ou d'obtenir un délai d'encaissement.

Le chèque paye toutefois ses insuffisances de sécurité. Il est en effet, de loin, le moyen de paiement le plus facile à détourner. Plus, notamment, que la carte bancaire, dont les progrès dans le domaine vont croissant grâce à l'usage de dispositifs d'authentification forte. Il constitue donc une aubaine pour les fraudeurs, qui se reportent de plus en plus sur lui.

Les banques doivent en faire plus !

Les banques ont évidemment une part de responsabilité dans le maintien de la fraude à ce niveau. Certes, elles ont amélioré leur capacité à repérer les remises atypiques, potentiellement frauduleuses, et donc à éviter la fuite des fonds. Des efforts qui ont permis d'éviter, selon la Banque de France, 222 millions d'euros de fraude, ce qui aurait porté le taux de fraude du chèque à 125 euros par tranche de 100 000 euros échangés. Mais les mesures prises pour éviter le vol des chéquiers, et donc leur utilisation frauduleuse, restent insuffisantes.

La Banque de France demande ainsi aux banques de continuer à changer leurs pratiques :

  • autoriser les clients qui le souhaitent à retirer leur nouveau chéquier en agence, et gratuitement ;
  • alerter les clients de l'envoi d'un nouveau chéquier et leur permettre de suivre l'envoi ;
  • ne pas facturer la mise en opposition d'un chéquier lorsque celui-ci n'est jamais arrivé au client ;
  • facturer de manière proportionnée les autres cas de mise en opposition ;
  • les facturer une seule fois, et pas par année ou par semestre, comme le font certaines banques ;
  • rendre l'opposition sur chèque aussi simple qu'une opposition sur carte bancaire.

Les frais d'opposition au paiement d'un chèque

Quelle forme prend la fraude sur le chèque ?

La forme de loin la plus fréquente (89% des cas de fraude en 2023) est l'usage de chèques perdus ou volés. Le fraudeur utilise alors le chéquier pour régler des achats, ou encaisser des chèques, sur un compte ouvert sous une fausse identité ou sur celui d'un tiers. Les fraudeurs utilisent parfois des « mules », des personnes recrutées sur les réseaux sociaux et chargées, contre la promesse d'une rémunération, d'encaisser les chèques frauduleux sur leurs propres comptes bancaires, puis de leur reverser les fonds. Une forme de complicité qui constitue un délit passible de poursuites judiciaires.

Dans 7% des cas, la fraude est liée à la falsification ou au détournement d'un chèque régulièrement émis : le fraudeur modifie par exemple le montant ou le bénéficiaire d'un chèque valide.

Enfin, la contrefaçon de chèques, c'est‐à‐dire l'encaissement de chèques fabriqués de toutes pièces par le fraudeur, représente 2% des cas.

Comment sécuriser vos chèques ?

Attention aux envois de chéquiers par courrier ! - Il arrive que les chéquiers soient volés avant même d'arriver entre vos mains. À La Poste, par exemple, ou dans votre boîte à lettres. Si vous avez choisi de les recevoir par courrier - c'est nécessairement le cas si vous êtes clients d'une banque en ligne -, soyez vigilants. A partir du moment où votre banque vous avertit de l'envoi, surveillez votre boîte à lettres. Et si le chéquier n'arrive pas dans un délai raisonnable (2 ou 3 jours), n'hésitez pas à prévenir le service clients. Enfin, si vous n'avez pas confiance dans votre facteur, n'hésitez pas à opter pour un envoi en recommandé, généralement payant, mais rassurant.

Emportez vos chéquiers lorsque vous partez en vacances - Attention à ne pas laisser vos chéquiers en évidence à votre domicile : cela pourrait vous coûter cher en cas de cambriolage. Mieux vaut les emmener avec vous, ou leur trouver une excellente cachette.

Lorsque vous émettez un chèque : attention à la manière de le remplir ! - La meilleure façon d'éviter de voir un de vos chèques falsifié est d'être rigoureux au moment de le remplir :

  • remplissez vos chèques à l'encre noire ;
  • évitez les ratures ;
  • inscrivez le nom du bénéficiaire et les montants en chiffres et en lettres sans laisser d'espace libre et tirez un trait sur l'espace restant non utilisé.
  • ne laissez rien en blanc, pas même la date et le lieu ;
  • ne faites pas déborder la signature sur la ligne de chiffres en bas du chèque ;
  • et bien sûr, ne signez jamais un chèque en blanc !

Il arrive encore que certains commerces remplissent automatiquement les chèques : dans ce cas, vérifiez bien le montant et les autres mentions indiquées avant de le signer.

Lorsque vous recevez un chèque, soyez vigilant ! - Vérifiez bien que toutes les mentions obligatoires y figurent :

  • la signature de l'émetteur du chèque ;
  • le nom de la banque qui doit payer ;
  • l'indication de la date et du lieu où le chèque est établi ;

Idéalement, le chèque doit être également être exempt de ratures ou de surcharges, qui peuvent vous indiquer une origine frauduleuse.

Enfin, si vous recevez un chèque de banque, une pratique encore fréquente pour les achats entre particuliers, n'hésitez pas à contacter la banque émettrice en recherchant par vous‐même ses coordonnées (sans vous fier aux mentions présentes sur le chèque) pour en confirmer la validité avant de finaliser la transaction.