Les marchés : Jour J pour la Fed

La Bourse de Paris cale encore un peu. Après avoir perdu 1% hier, le CAC 40 recule de 0,4% ce soir à 7 786 points. Rien de dramatique, mais le marché tourne clairement au ralenti. Les investisseurs ne veulent pas prendre de risque avant l'événement que tout le monde attend, la décision de la Réserve fédérale américaine ce soir à 20h. Car le grand jour est arrivé.

Sauf surprise majeure, la Fed devrait annoncer ce soir une première baisse de taux en 2025, de 25 points de base. Le marché s'y prépare depuis des semaines, mais l'enjeu dépasse l'annonce elle-même. La véritable interrogation concerne le rythme, l'ampleur et le nombre de baisses qui suivront d'ici la fin de l'année. C'est sur ce point que les propos de Jerome Powell seront scrutés. La banque centrale doit en effet maintenir un équilibre délicat entre deux priorités, contenir l'inflation et préserver le plein emploi.

Chaque mot de son communiqué sera analysé dans le détail par les investisseurs. En attendant, l'Europe fait de la figuration. L'inflation en zone euro reste stable à 2% en août, proche dans l'objectif de la BCE, mais sans déclencher d'enthousiasme particulier. Les marchés sont clairement suspendus à Washington, et tant que Powell n'aura pas parlé, le CAC restera sans véritable direction.

Les valeurs : GTT, Valneva et MaaT Pharma

GTT GTT recule de 3,12% à 152€, malgré une progression de 18% depuis janvier. Cette correction intervient après la décision d'Oddo BHF d'abaisser son objectif de cours de 200 à 185€, tout en réaffirmant sa recommandation positive sur la valeur. Le bureau d'études reste confiant dans les perspectives du spécialiste des technologies pour le transport de gaz naturel liquéfié, mais souligne un ralentissement des commandes en 2025 après quatre années exceptionnelles. Le groupe a déjà sécurisé plus de 600 millions d'euros de revenus pour 2026 et attend encore de nouvelles commandes d'ici l'an prochain. Oddo table désormais sur un chiffre d'affaires de 758 millions d'euros et un résultat opérationnel de 500 millions, légèrement en retrait par rapport aux prévisions précédentes.

Valneva Valneva retrouve des couleurs en Bourse. Le titre bondit de 11,11% à 4,2€, soutenu par les espoirs autour de son vaccin expérimental contre la maladie de Lyme, développé avec Pfizer. Un programme jugé décisif pour l'avenir du laboratoire franco-autrichien, après l'échec commercial du vaccin Covid et les déboires récents de son vaccin contre le chikungunya.Les investisseurs saluent la publication de résultats cliniques encourageants, l'essai de phase 2 a montré une forte réponse immunitaire chez les enfants comme chez les adultes, sans problème de sécurité détecté. Si les essais de phase 3, attendus fin 2025, confirment ces résultats, Valneva et Pfizer pourraient viser une commercialisation dès 2026, avec des ventes annuelles potentielles supérieures au milliard de dollars selon les estimations. Pour Valneva, l'enjeu est majeur. Le vaccin contre la maladie de Lyme pourrait lui permettre de retrouver la rentabilité d'ici 2027, et de tourner la page de plusieurs années de revers. Mais la prudence reste de mise, un échec repousserait encore la perspective d'un vrai redressement. Depuis le début de l'année, le titre progresse de 94%.

MaaT Pharma La biotech lyonnaise spécialisée dans les thérapies, cède 3,49% ce soir à 4,15€ après avoir confirmé disposer de suffisamment de trésorerie pour financer ses activités jusqu'à fin février 2026. Son traitement principal, destiné à soigner une grave complication après une greffe, progresse bien : les tests cliniques sont encourageants et une demande d'autorisation a été déposée en Europe. Mais côté finances, les pertes augmentent car l'entreprise investit beaucoup dans ses recherches. Des accords récents avec un partenaire et un prêt de la Banque Européenne d'Investissement apportent un peu d'air, mais MaaT Pharma devra encore trouver des financements pour aller plus loin. Pour l'instant, le titre éligible au PEA-PME recule de 47% depuis le début de l'année.

L'événement du mercredi : La Chine dit stop

Nouveau coup de théâtre dans la guerre des semi-conducteurs. Selon le Financial Times, l'administration chinoise du cyberespace a ordonné à des entreprises comme Alibaba de stopper immédiatement leurs tests et commandes de la puce spécialement conçue par Nvidia pour la Chine. L'interdiction va plus loin que les restrictions sur la H20 et marque une rupture nette. Pékin pousse désormais ses champions technologiques à couper tout lien avec le fournisseur américain pour bâtir une filière locale. Les autorités veulent montrer que l'ère de la dépendance à Nvidia est révolue. Des groupes comme Huawei, Cambricon ou Baidu ont été convoqués pour comparer leurs puces aux modèles encore disponibles, et les régulateurs estiment que les performances locales sont désormais au niveau. Ce tour de vis confirme la stratégie de souveraineté technologique de la Chine dans l'IA. Nvidia cède 2% dans le sillage de la nouvelle.

Le monde d'après : 3 Milliards sur la table

Le spécialiste des systèmes d'alarme Verisure prépare une introduction en Bourse historique. Le groupe espère lever 3,1 milliards d'euros, ce qui constituerait la plus grosse IPO européenne depuis Porsche en 2022. Avec plus de 5 millions de clients en Europe et en Amérique latine, Verisure mise sur son modèle fondé sur des abonnements récurrents, qui lui assure des revenus prévisibles et une marge opérationnelle de plus de 40%. L'opération doit permettre à l'entreprise de refinancer sa dette, de financer l'acquisition d'ADT Mexico et de renforcer son bilan. Ses actionnaires actuels, Alba Investments et Securholds Spain, ont déjà prévu de participer à hauteur de 235 millions d'euros. Selon les analystes, le groupe coche toutes les cases d'un “candidat solide” à l'IPO, forte visibilité des revenus, croissance régulière et exposition défensive. Si l'introduction est confirmée, elle pourrait redonner un coup de fouet à un marché européen des IPO atone depuis des mois, contrastant avec la vitalité retrouvée de Wall Street où Klarna et Gemini ont récemment réussi leurs débuts. Un signal que la fenêtre des grandes cotations s'ouvre peut-être aussi de ce côté-ci de l'Atlantique.

Demain à la Une : Statu quo pour l'Angleterre

Demain, la journée s'annonce chargée pour les banques centrales. À 9h, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, prendra la parole. Les investisseurs écouteront attentivement ses propos pour tenter de déceler des indices sur la suite de la politique monétaire en zone euro, alors que les taux ont déjà été fortement relevés ces derniers mois. Puis, direction le Royaume-Uni à 13h, avec la décision de la Banque d'Angleterre sur ses taux d'intérêt. Un statu quo est largement anticipé par les marchés, compte tenu de la persistance de l'inflation. Même sans surprise attendue, ces prises de parole donneront le ton de la journée sur les marchés financiers européens.

Le lexique : IPO

Initial Public Offering, en français introduction en Bourse. C'est le processus par lequel une entreprise privée décide de vendre pour la première fois ses actions au public sur un marché boursier. Une IPO permet à l'entreprise de lever des capitaux pour financer sa croissance, réduire sa dette ou donner une liquidité à ses actionnaires historiques. En échange, elle accepte une transparence accrue et des obligations réglementaires.