L'essentiel
- En France, 368 heures à prix négatifs ont été enregistrées au premier semestre 2025, un record, en raison d'une production énergétique conséquente.
- Malgré les prix négatifs, les consommateurs ne voient pas leur facture réduite, du fait des prix souvent garantis par l'État et d'autres mécanismes.
- Des offres ajustées à des plages horaires spécifiques sont en cours de déploiement, favorisant l'utilisation de l'énergie solaire lorsque celle-ci est abondante.
C'est un nouveau record. Au premier semestre 2025, 368 heures à prix négatifs avaient été recensées en France, sur le marché SPOT (marché de gros où l'électricité est achetée le jour pour le lendemain et dont les prix varient toutes les heures). Cela signifie que l'électricité est alors vendue à des prix en dessous de zéro. Sur toute l'année 2024, il n'y en avait eu que 361 heures.
Cette situation arrive la plupart du temps en été, à la faveur d'une offre importante, « grâce à une production solaire massive qui s'additionne à celle du parc de production nucléaire, face à une demande peu élevée. L'objectif est donc de favoriser le stockage et l'utilisation de l'énergie », explique Nicolas Leclerc, cofondateur du cabinet de conseil en énergie Omnegy.
Pas de baisse de prix automatique pour les particuliers
De quoi réduire la facture des particuliers pendant ces heures ? Pas vraiment. « S'agissant des consommateurs, les prix négatifs représentent en théorie un gain, mais celui-ci est susceptible d'être compensé par d'autres mécanismes si la rentabilité des installations de production n'est plus suffisante (augmentation des prix sur le mécanisme de capacité par ex., répercutés in fine au consommateur) », détaillait la Commission de régulation de l'énergie (CRE) dans un rapport en novembre 2024.
Par ailleurs, « les prix sont souvent garantis par l'État. Moins les producteurs d'électricité vendent cher sur le marché SPOT, plus l'État doit compenser, au détriment donc des contribuables » précise Nicolas Leclerc.
« Les consommateurs sont très peu concernés par les prix à court terme. Par exemple, dans le tarif réglementé, il n'y a aucune composante du prix SPOT »
De toute façon, « les consommateurs sont très peu concernés par les prix à court terme. Par exemple, dans le tarif réglementé, il n'y a aucune composante du prix SPOT », note-t-il. Pour les offres dites fixes, l'électricité est achetée par le fournisseur à plus long terme. Même les offres dont les prix suivent ceux du marché de gros évoluent tous les mois la plupart du temps.
Actuellement, en France, aucune offre à tarification dynamique n'est proposée. « Ces offres reposent sur un tarif du kilowattheure (kWh) qui évolue toutes les heures, en fonction des marchés de gros. (...) En 2021, le fournisseur Barry en a proposé une temporairement. Leclerc Énergie avait annoncé un projet similaire, finalement abandonné », détaille le Médiateur de l'énergie.
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Toutefois, selon Nicolas Leclerc, « nous sommes dans une période de transition, petit à petit la consommation sera ajustée, on consommera davantage pendant les heures avec une production solaire abondante ».
Un décalage des consommations qui devrait être favorisé par l'arrivée progressive de nouvelles plages horaires pour les heures creuses du tarif réglementé de vente, déployées à partir de novembre prochain et jusqu'en 2027. Bientôt, « la majorité des clients aura des heures creuses en après-midi toute l'année ou au moins l'été », a indiqué la Commission de régulation de l'énergie.
Bientôt, « la majorité des clients aura des heures creuses en après-midi toute l'année ou au moins l'été »
Quelques offres saisonnières déjà existantes
Certaines offres de marché proposent déjà des heures creuses plus nombreuses l'été et / ou moins chères entre le 1er avril et le 31 octobre. Exemple, l'offre Modulo d'Ohm énergie, qui prévoit des heures creuses classiques, mais aussi des heures creuses solaires l'été, dont le tarif est 3% et 3,43% plus bas que celui des heures creuses du TRVE. Le prix du kWh en heures pleines est cependant légèrement plus élevé.
Même concept pour l'offre deux saisons d'Enercoop. Elle comprend des heures creuses et des heures pleines moins chères l'été, mais avec un prix beaucoup plus élevé l'hiver (jusqu'à 50% plus chères que celles du tarif réglementé).
Avec SolarPlus, Octopus Energy propose depuis avril une offre dédiée aux propriétaires (ou aux futurs propriétaires) d'installations photovoltaïques avec batteries. Des heures creuses sont ajoutées l'été et elle inclut aussi un pilotage de la batterie et du ballon d'eau chaude pour bénéficier des pics de production solaire.
Le fournisseur a aussi lancé en juin les heures bonus, opération « qui vise à récompenser financièrement les clients qui déplacent leur consommation d'énergie lorsqu'elle est produite en abondance et moins chère sur le réseau ».
« Les inscrits reçoivent la veille (...) une alerte mail leur indiquant les créneaux favorables à la consommation, généralement 2 ou 3 heures pendant l'après-midi. En contrepartie, le surplus de consommation sur ces plages (par rapport à un jour habituel) est récompensé financièrement, 10 centimes par kWh », détaille le fournisseur. Premier bilan au 7 août, 8 sessions d'heures bonus, 80 000 participants et une consommation de plus de 350 000 kWh d'électricité déplacée (1).
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(1) La consommation moyenne de près de 160 personnes, puisque la consommation individuelle moyenne par an est d'un peu plus de 2 200 kWh en France.