Après la flambée des dernières années, la folle hausse des prix s'est tassée en 2024 et restera modérée en 2025. « Depuis 2023, le glissement annuel des prix à la consommation en France a nettement reflué, passant de 6,3% en janvier 2023, à 1,1% en septembre 2024 », écrit l'Insee dans la note de conjoncture publiée ce mardi 18 mars.

« C'est la première fois depuis février 2021 qu'elle est inférieure à 1% »

Et la tendance se confirme : « En février 2025, l'inflation a chuté à 0,8% : c'est la première fois depuis février 2021 qu'elle est inférieure à 1%. (...) À l'horizon de la prévision, l'inflation se redresserait un peu à +1,1% en juin 2025 sur un an. »

Inflation en baisse... mais incertitude pour les taux des banques centrales

Cette bonne nouvelle, la modération de la hausse des prix, entraîne mécaniquement une mauvaise surprise pour votre épargne. C'est mathématique : l'inflation est l'un des deux indices utilisés pour les réévaluations du taux du Livret A. Mi-juillet, c'est sur la base de la « moyenne semestrielle » des indices mensuels d'inflation de l'Insee que la Banque de France calculera un taux... qui sera confirmé ou non par le ministre de l'Economie. L'Insee a livré ses prévisions d'inflation jusqu'en juin, ce qui permet d'anticiper cette moyenne semestrielle, très probablement autour de 1%.

Reste l'autre élément : « la moyenne semestrielle des taux à court terme en euros (€STR) », comme inscrit dans l'arrêté du 27 janvier 2021 relatif aux taux d'intérêt des produits d'épargne réglementée. À ce jour, cette moyenne est encore au-dessus des 3% mais l'€STR suit très fidèlement les évolutions du taux de la Banque centrale européenne, chutant nettement les 5 février et 12 mars, suite aux décisions de la BCE. Les prochaines réunions de la BCE sont prévues mi-avril et début juin. Un nouveau décrochage de 0,25 point des taux de la BCE est très probable. Résultat : la moyenne semestrielle de l'€STR a de grandes chances de se situer autour de 2,5% à l'heure des comptes en juillet prochain.

Mathématiquement, si ces deux prévisions se confirment, le taux du Livret A devrait se situer autour de 1,75%, c'est-à-dire à 1,70% ou 1,80% en suivant la nouvelle règle de l'arrondi au dixième de point. Voilà pour la théorie. Et voici les trois scénarios envisageables pour les livrets réglementés.

Scénario 1 : une baisse stricte et prononcée

Si jamais les prévisions de l'Insee se confirment concernant le fort ralentissement de l'inflation, et si jamais la BCE enchaîne deux nouvelles baisses de taux directeurs, alors la formule de calcul du taux du Livret A aboutira probablement à 1,70%.

Pour le Livret d'épargne populaire (LEP), la formule est claire : soit l'inflation, soit la rémunération du Livret A bonifiée de 0,5 point. Si la moyenne de l'inflation végète à 1%, alors c'est la seconde option qui s'applique pour le LEP : 1,70% + 0,50 point = 2,20% dans ce scénario purement théorique.

Taux possibles à l'été 2025 (scénario pessimiste) :

  • Livret A : 1,70%
  • LDDS : 1,70%
  • CEL : 1,25%
  • LEP : 2,20%
© MoneyVox

Scénario 2 : coups de pouce généralisés

Si jamais la Banque de France ainsi que le ministre de l'Economie, Eric Lombard, choisissent de déroger à la formule de calcul du taux du Livret A, ils pourraient choisir un chiffre rond, 2%, afin d'amoindrir la baisse de rendement. Cette décision apparaît toutefois improbable à la vue de la dernière révision, qui avait amené Bercy à opter justement pour la stricte application de la formule de calcul, à 2,40%.

Toujours dans cette idée de coup de pouce et d'arrondi à des chiffres ronds, le LEP pourrait dans ce cas voir sa chute être freinée à 3%, contre 3,5% aujourd'hui. Ce scénario est toutefois clairement très optimiste à la vue du niveau de l'inflation en 2025.

Taux possibles (scénario optimiste) :

  • Livret A : 2%
  • LDDS : 2%
  • CEL : 1,25%
  • LEP : 3%
© MoneyVox

Scénario 3 : le (probable) compromis

Prenons maintenant un scénario plus plausible : celui du compromis. Et inspirons-nous de la dernière décision de révision des taux de l'épargne réglementée, mi-janvier, ayant amené à 2,4% le Livret A et à 3,5% le LEP à compter du 1er février 2025. En bref, Bercy et la Banque de France ont choisi la formule mathématique pour le Livret A et ont décidé d'un coup de pouce pour le LEP dans un souci de compromis.

Dans ce cas de figure, le Livret A pourrait se fixer à 1,70% ou 1,80%, disons 1,80% dans un scénario un peu moins pessimiste, et le LEP pourrait freiner sa chute à 2,50% voire 3%. Si jamais le LEP ne voyait sa rémunération baisser qu'à 3%, il s'agirait clairement d'un gros bonus, puisque l'écart avec la rémunération Livret A serait de plus d'un point... et celui avec le niveau de l'inflation, anticipée de peu au-dessus de 1% par l'Insee à cet horizon, serait de quasi 2 points.

Taux probables à l'été 2025 (scénario de compromis) :

  • Livret A : 1,80%
  • LDDS : 1,80%
  • CEL : 1,25%
  • LEP : 3%