Les obligations subordonnées sont des obligations généralement émises par des banques. Mais, à la différence d'obligations classiques, en cas de faillite par exemple, les titulaires de ces titres disposent d'un moindre rang de priorité dans le cadre d'un plan de restructuration éventuel, ce qui les exposent potentiellement à un risque de perte supérieur.

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Des risques à prendre en compte

En contrepartie de ce risque supplémentaire, le rendement est plus élevé que celui servi aux autres créanciers. En effet, plus une obligation est considérée comme risquée par les investisseurs, plus son rendement est élevé. Et le compartiment des titres subordonnés n'échappe pas à cette logique. Autre inconvénient : les paiements des intérêts de ces titres, aussi appelés « coupons » par les spécialistes, ne sont pas garantis et peuvent être suspendus à la discrétion de l'émetteur, notamment s'il rencontre des difficultés financières.

« Près de 4,5 % de rémunération annuelle additionnelle par rapport à un emprunt d'Etat français »

Toutefois, pour être en mesure de séduire les investisseurs, ces obligations offrent généralement « un rendement attractif, actuellement proche de 7% par an », précise Benoît Robaux, gérant d'un fonds spécialisé au sein de la banque J. Safra Sarasin. En clair, actuellement, cela correspond « à près de 4,5 % de rémunération annuelle additionnelle par rapport à un emprunt d'Etat français », ajoute-t-il. Si les entreprises non financières peuvent émettre de la dette subordonnée, les principaux émetteurs sont généralement les compagnies d'assurance mais surtout les banques.

En l'occurrence, il s'agit principalement des banques européennes car elles sont soumises à de plus fortes exigences réglementaires en matière de solidité financière que leurs consœurs américaines par exemple. En la matière, elles doivent notamment être en mesure de respecter une réglementation qui s'est considérablement renforcée depuis la crise financière de 2008. C'est d'ailleurs, à la suite de cette crise financière que les obligations subordonnées ont vu le jour, afin de permettre aux établissements financiers de disposer d'une source de capital facilement disponible en temps de crise.

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Les fonds disponibles pour investir

Toutefois, il faut garder à l'esprit que les banques européennes ont affiché des résultats solides au cours de l'année 2023, de nombreux établissements financiers ayant enregistré d'excellents résultats, avec des bénéfices souvent au plus haut depuis 2007, notamment grâce à la remontée des taux d'intérêt observée sur les marchés financiers. En effet, d'après une note de recherche publiée par Morningstar, au cours de la décennie écoulée, « les taux d'intérêt négatifs ou nuls avaient déprimé leurs marges », les empêchant notamment de gagner de l'argent sur les dépôts de leurs clients, ce qui a pesé sur leur capacité bénéficiaire.

Dans ce contexte, l'an dernier, le marché de la dette subordonnée a affiché de solides performances, avec des progressions à deux chiffres, après une année 2023 plus difficile, marquée par les difficultés financières rencontrées par Credit Suisse, rachetée par sa rivale UBS. D'ailleurs, compte tenu de l'engouement actuel des investisseurs pour les titres de dette subordonnée, certains professionnels se montrent plus prudents pour l'année à venir, sans toutefois remettre en question la qualité de cette classe d'actifs, à l'image d'Erick Muller, directeur et responsable de la stratégie Produits et Investissements au sein de la société de gestion Muzinich & Co.

Cependant, dans une logique d'investissement à long terme, il peut être toujours pertinent de se positionner sur ces titres d'après les spécialistes que nous avons interrogés. Toutefois, compte tenu de leur complexité, les obligations subordonnées sont généralement réservées aux investisseurs professionnels. Néanmoins, depuis quelques années, certaines sociétés de gestion, comme Lazard Frères Gestion, Robeco ou encore La Française, proposent désormais aux épargnants de se positionner sur cette thématique à travers une Sicav ou bien un fonds commun de placement (FCP), investis sur ces titres.