Un secteur opaque, des discours trompeurs, une forte dépendance aux investissements carbonés : voici, en résumé, l'image du secteur financier présentée par la nouvelle enquête du magazine « Sur le front », consacré aux grands enjeux écologiques et sociétaux.

Le documentaire est diffusé ce lundi 26 mai sur France 5 à 21h05, et est déjà disponible sur la plateforme web de France TV. Voici quelques-unes des révélations de cet épisode.

Un LDDS ni durable, ni solidaire (ou à la marge)

« Livret de développement durable et solidaire ». C'est le nom complet du LDDS, le plus proche cousin du Livret A, avec qui il partage notamment son taux de rémunération. Cet intitulé, pourtant, porte à confusion, estime Hugo Clément, le présentateur de « Sur le front », expliquant que la dimension durable et solidaire du produit ne saute pas aux yeux.

Selon les calculs présentés dans l'émission, sur 100 euros placés, seuls 4 euros servent à financer le développement durable et 2 euros la solidarité. 32 euros servent à financer des PME sans fléchage particuliers et 28 euros sont investis en obligations de grandes entreprises, dont certaines ont des activités polluantes.

Livret d'épargne : le LDDS fait-il dans le greenwashing ?

Certains investissements de la Caisse des Dépôts, le bras financier de l'Etat qui gère environ 60% de l'encours de l'épargne réglementée, interrogent également. L'émission présente le cas d'une forêt privée détenue en Bretagne par la CDC, interdite d'accès aux promeneurs, mais où sont organisés des chasses à courre...

Ce faisant, l'émission pointe l'opacité de la Caisse des dépôts concernant ses investissements financiers, qui représentent près de 200 milliards d'euros, soit plus que l'argent consacré au logement social. « L'argent public, c'est le nôtre, on devrait avoir un droit de regard sur son utilisation », estime un des témoins interrogés par l'émission.

Livret A, LEP... Où l'État et votre banque placent votre épargne sans risque ?

Des fonds de l'assurance vie opaques... même pour les assureurs

Opacité, encore, du côté des assurances vie, autre placement plébiscité par les Français. L'émission présente le cas d'un usager qui a placé de l'argent sur un fonds labellisé ISR (pour investissement socialement responsable), après avoir clairement exprimé à son banquier son refus de voir son argent servir à financer l'exploitation de sources d'énergie fossiles.

« Je sens floué, j'ai l'impression qu'on m'a menti »

Il découvre pourtant que ce fonds finance des entreprises du secteur pétrolier et que le gestionnaire a préféré abandonner son label ISR (sans prévenir les investisseurs) plutôt que de répondre à de nouvelles exigences plus strictes. « Je sens floué, j'ai l'impression qu'on m'a menti », conclut le témoin.

Assurance vie, PER, épargne salariale... Ce qui va changer pour les fonds ISR avec le nouveau référentiel

Décarboner une assurance vie n'a rien de simple, même pour un assureur. Le documentaire présente ainsi le cas de la MAIF, qui a entrepris de déréférencer tous les fonds finançant les énergies fossiles. Problème : même les experts de l'entreprise mutualiste peinent à savoir avec précision ce que les gestionnaires avec lesquels ils travaillent font précisément de l'argent.

FBF : « Les banques poursuivront leurs efforts dans la durée »

Opportunément, la Fédération bancaire française, organisation professionnelle représentant le secteur, publie aujourd'hui, lundi 26 mai, les résultats d'une étude sur « les banques françaises et la lutte contre le changement climatique ».

Selon les chiffres présentés par la FBF, les banques françaises ont investi 96 milliards d'euros dans le financement des énergies renouvelables en 2024, un chiffre en hausse de 28% : « Pour 1 euro de financement de la production d'énergies fossiles, 2,6 euros financent les énergies renouvelables et 12 euros des crédits verts et durables », résume la FBF. « La dynamique est fermement enclenchée et leur stratégie demeure inchangée : les banques poursuivront leurs efforts dans la durée pour accompagner l'économie et leurs clients dans la nécessaire décarbonation de leurs activités. »