Les sénateurs ont voté dans la nuit de mercredi à jeudi un amendement de la majorité sénatoriale prévoyant en 2013 de "réfléchir" à "une réforme systémique", autrement dit une retraite par points. L'amendement a été taxé de "manœuvre" par la gauche, dans une ambiance surchauffée.

Après l'intervention de l'ancien Premier ministre socialiste Pierre Mauroy, conseillant au gouvernement de ne pas utiliser « la force » comme « sortie » du conflit sur les retraites, c'est un autre ancien Premier Ministre, Jean-Pierre Raffarin qui est monté au créneau. « La bataille de l'opinion vous ne l'avez pas gagnée! La seule bataille de l'opinion qui compte, c'est celle des élections et aujourd'hui cette majorité elle est légitime! », s'est emporté le sénateur.

Après ces passes d'armes, les sénateurs ont voté le 33e et dernier article du projet de loi puis sont passés à l'examen d'articles additionnels. Ils ont ainsi voté trois amendements identiques, du rapporteur Dominique Leclerc (UMP), de l'Union centriste et du groupe UMP instaurant le principe d'une réflexion sur « une réforme systémique ».

Régime universel par points

Cette réflexion portera notamment sur « une plus grande équité » des régimes de retraites, sur « les conditions de mise en place d'une régime universel par points » et sur « les moyens de faciliter le libre choix du moment et des conditions de leur cessation d'activité ».

Le rapporteur UMP a souligné que la retraite par points a « fait ses preuves ». Les centristes la demandent depuis plusieurs années. Ils se sont d'ailleurs félicités dans la nuit dans un communiqué de l'adoption d'un amendement « emblématique pour l'avenir des retraites ». Il s'agit également d'un souhait de la CFDT.

Le ministre du Travail, Eric Woerth, s'est dit favorable à cette réflexion notamment dans le but le but de « renforcer la lisibilité » du système, une fois que la présente réforme « garantit l'équilibre de notre système de retraites ». « On considère qu'il faut réfléchir au-delà de 2018 », a assuré le président du groupe UMP dans les couloirs du Sénat, pour une nouvelle réforme qui pourrait intervenir en 2020 selon lui.

« Du pipeau »

« Nous ne pouvons pas marcher dans une manœuvre! », a lancé de son côté le sénateur PS David Assouline. « On disait que la réforme réglait le problème. Vous faisiez comme si c'était LA réforme », a-t-il critiqué, promettant d'aller re-visionner les spots publicitaires du gouvernement dès le lendemain.

« Pourquoi ce soir? », a dit Christiane Demontés (PS), étonné par le fait que ces amendements aient été appelés en priorité à l'examen. « Nous aurions dû commencer par là, enfin on s'aperçoit qu'il faut une grande réforme des retraites! », a ironisé Martial Bourquin (PS). Le PS qui avait déposé un amendement similaire a d'ailleurs décidé de le retirer et a voté contre. « Cela veut dire que tout ce que vous nous proposez là c'est du pipeau? », a renchéri le sénateur Pierre-Yves Colombat.