Investir en direct en Bourse n'est pas à la portée de tous les particuliers. Beaucoup n'ont pas le temps, ni les compétences nécessaires pour le faire.
Pour mettre toutes les chances de leur côté, certains d'entre eux se tournent vers les fonds d'investissement proposés par les professionnels de la gestion, afin de bénéficier de leur expertise en achetant des parts d'OPCVM (Organisme de Placement Collectif en Valeurs Mobilières) dont le portefeuille contient des actions et des obligations d'entreprises.
Dans les OPCVM, il existe deux produits similaires : les Sicav (Sociétés d'Investissement à Capital Variable) et les FCP (Fonds Commun de Placement). ceux-ci peuvent être logés dans un compte-titres, une assurance vie, voire un plan d'épargne retraite.
Actions, obligations, OPCVM, FCP, SICAV, ETF... Tout savoir sur les valeurs mobilières
A fin 2024, les épargnants français détenaient près de 1 000 milliards d'euros investis dans ces deux types de fonds d'après l'Association Française de la Gestion Financière (AFG).
Pourtant, depuis quelques années, ces produits doivent faire face à la montée en puissance de la gestion dite passive, face à l'engouement des investisseurs pour les ETF (« Exchanged traded Funds »), aussi appelés trackers.
Pour preuve, d'après Guillaume Dambrine, responsable distribution ETF France/Benelux/Monaco, chez Franklin Templeton « le marché européen des ETF a atteint un volume record de 2 250 milliards de dollars américains à fin 2024 et ambitionne d'atteindre 4 500 milliards de dollars américains d'ici 2030 ».
La concurrence des ETF
Il faut dire que ces fonds cotés en bourse, répliquant passivement la performance d'un indice boursier comme le CAC 40, séduisent de plus en plus les investisseurs, notamment grâce à leurs frais de gestion réduits par rapport à OPCVM classique comme les FCP ou les Sicav.
De plus, il est possible de les acheter et les vendre en temps réel en Bourse à tout moment. Très faciles à utiliser et peu onéreux, ces produits financiers permettent ainsi d'investir en Bourse à moindre coût, tout en diversifiant le risque.
Mais, l'engouement des investisseurs pour les ETF est aussi la conséquence d'un constat simple et sans appel : sur le long terme, la plupart des gérants actifs, c'est-à-dire les gérants de Sicav et de FCP, ne parviennent pas à afficher des performances supérieures à leur indice de référence.
La sous-performance des gérants actifs
Comme le souligne le récent rapport Spiva (Standard & Poor's), l'immense majorité des gérants de fonds sous-performent leur indice de référence, année après année. Et, même parmi ceux qui parviennent à enregistrer une surperformance sur le court terme, très peu arrivent à le faire plusieurs années d'affilée.
Sur ce point, Monika Calay, directrice de la recherche sur les gestionnaires chez Morningstar, précise que « cette sous-performance des fonds actifs résulte souvent de la combinaison d'une mauvaise sélection d'actions ou d'obligations et de l'effet cumulatif de frais plus élevés par rapport aux alternatives passives plus abordables ».
C'est pourquoi, de plus en plus d'investisseurs se demandent désormais quel est leur intérêt se tourner vers ce type de fonds. En effet, dans le même temps, les ETF parviennent à atteindre cet objectif, sans avoir à réaliser le moindre travail de sélection de valeurs au sein de leur portefeuille, se contentant simplement de répliquer la composition de leur indice de référence.
L'importance du poids des frais
Pour expliquer cet écart de performance, les professionnels que nous avons interrogés pointent notamment du doigt le poids important des frais de gestion sur les OPCVM traditionnels qui atteignent bien souvent 1% à 2% par an, parfois plus, sans parler d'éventuels frais d'entrée (ou de souscription), et de sortie (ou de rachat) ou encore de performance en cas de dépassement d'un objectif de rendement.
Autant dire que, même si un gérant actif est capable de faire mieux que son indice de référence, il a beaucoup moins de chances de parvenir à atteindre cet objectif, une fois tous ces frais déduits. D'autant plus que les indices boursiers, comme le CAC 40 en France, le S&P 500 aux Etats-Unis ou encore le MSCI World n'en supportent aucun de leur côté.
D'autres facteurs impactant la performance
Mais d'autres facteurs peuvent grever la performance des OPCVM traditionnels, en l'occurrence, le poids de leur poche de liquidité. En effet, généralement, les gérants de ces fonds conservent en permanence, des disponibilités, notamment pour faire face à d'éventuels rachats de la part de leurs porteurs de parts, ce qui ne leur permet pas de bénéficier pleinement d'une tendance haussière sur les marchés boursiers.
De plus, il n'est pas toujours évident, même pour un professionnel de faire des choix les plus payants en matière de sélection de titres. Ainsi, « le gestionnaire d'un fonds d'actions américaines, qui n'aurait pas investi en 2024, dans l'une des 7 Magnifiques, présentes dans l'indice S&P 500 (Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Nvidia, Meta et Tesla), aurait bien du mal à surperformer cet indice l'an dernier », indique Hamish Chamberlayne, responsable des actions durables internationales chez Janus Henderson.
Toutefois, selon lui, les gérants actifs n'ont pas forcément dit leur dernier mot. En effet, dans le cas de marchés boursiers volatils et sans tendance claire, comme nous le vivons depuis plusieurs mois, ces gérants peuvent décider de réduire leur exposition, à la différence d'un ETF, investi en permanence à 100% sur le marché et profiter ainsi de périodes de correction pour investir à bon compte sur certaines valeurs injustement sanctionnées par le marché.
De plus, pour certains gérants spécialisés sur les petites et moyennes capitalisations boursières par exemple, les opportunités sont également plus nombreuses car ces valeurs sont moins suivies par les investisseurs, ce qui offre parfois la possibilité d'investir à bon compte sur certains titres. Mais, rappelons-le, encore une fois, dans tous les cas, seuls les meilleurs gérants arriveront à tirer leur épingle du jeu.