Les marchés : Paris garde le cap

La Bourse de Paris termine la séance parfaitement à l'équilibre. Le CAC 40 clôture à 8 226 points et signe une petite progression hebdomadaire de 0,63%, après un bond de plus de 3% la semaine dernière. Accor s'est distingué ce vendredi grâce à une série d'annonces positives, tandis que les valeurs d'infrastructures ont souffert de craintes autour d'un durcissement fiscal.

Sur le plan macroéconomique, les investisseurs ont salué la publication des indices d'activité économique en zone euro, meilleurs qu'attendu. L'indice européen ressort sur son plus haut niveau depuis 17 mois, traduisant une expansion de l'activité du secteur privé. Un signal rassurant, alors que les marchés manquent toujours de repères économiques avec le shutdown américain.

Les investisseurs attendent désormais les réunions de la Fed et de la BCE la semaine prochaine, dans un contexte où le flux d'actualités reste assez limité. Outre-Atlantique, Wall Street salue une inflation américaine un peu plus clémente que prévu. Les prix à la consommation n'ont progressé que de 3% sur un an, contre 3,1% anticipé. Une décélération qui a aussitôt fait reculer les rendements obligataires et renforcé les anticipations de baisse de taux de la Fed.

Le Nasdaq gagne pour le moment 1,3%, porté par cette perspective et par les espoirs d'un apaisement commercial avant la rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping dans les prochains jours.

Les valeurs : Accor, le secteur des infrastructure et Maisons du Monde

Accor Accor se hisse en tête du CAC ce soir (+7,04% à 45,18€) après avoir publié de bonnes nouvelles. Le groupe hôtelier a rassuré les investisseurs avec des résultats trimestriels solides, des prévisions revues à la hausse et plusieurs annonces bien reçues. Le revenu par chambre et la croissance du réseau d'hôtels sont conformes aux attentes, signe d'une activité stable malgré un léger ralentissement en Europe. Accor prévoit désormais une hausse de son bénéfice d'exploitation de 11 à 12% cette année, contre 9 à 10% auparavant, grâce à des économies supplémentaires et une meilleure maîtrise des coûts. L'entreprise va aussi racheter pour 100 millions d'euros de ses propres actions et poursuit la vente de sa participation de 30% dans Essendi, société qui détient les murs de ses hôtels. Cette opération s'inscrit dans la stratégie d'Accor de devenir un groupe plus léger en actifs immobiliers, comme ses concurrents internationaux. Enfin, le groupe envisage une introduction en Bourse partielle de sa filiale Ennismore, qui regroupe ses marques « lifestyle » comme Mama Shelter ou The Hoxton. Cette division, en forte croissance, pourrait être valorisée entre 2,5 et 5 milliards d'euros. L'action Accor limite désormais ses pertes à 4% cette année.

Le secteur des infrastructures Vinci (-1,99%), Eiffage (-1,73%) et ADP (-1,86%) perdent du terrain après la proposition de rehausser une taxe sur les grands groupes d'infrastructures. Cet amendement, déposé par le Parti socialiste dans le cadre du budget 2026, vise à porter de 4,6% à 10% la taxe sur les recettes issues de l'exploitation des autoroutes et des aéroports, au-delà de 120 millions d'euros de chiffre d'affaires. Les auteurs du texte estiment que les profits importants réalisés par les sociétés d'autoroutes, évalués à 4 milliards d'euros en 2024, justifient une contribution plus élevée pour financer la transition écologique. Cette perspective inquiète les marchés. Le projet de loi dans son ensemble a été rejeté en commission, mais l'amendement pourrait être redéposé lors du débat parlementaire. Déjà fortement impactés par cette taxe en 2024 (respectivement à hauteur de 284 millions d'euros pour Vinci, 123 millions pour Eiffage et 131 millions pour ADP), les groupes avaient contesté la mesure devant la justice, sans succès auprès du Conseil constitutionnel. Le contentieux se poursuit toutefois devant les juridictions administratives. Affaire à suivre...

Maisons du Monde Après plusieurs années de forte baisse, l'action Maisons du Monde retrouve enfin quelques couleurs en Bourse ! Le rebond journalier de son action paraît toutefois très fragile, le titre affiche une baisse de près de 50% depuis janvier. L'enseigne d'ameublement a vu ses ventes progresser de 2,4% en France et de 5,9% à l'échelle mondiale au troisième trimestre, une première depuis 2021. Cette reprise, soutenue par la décoration (+7,4%) et un trafic en magasin en hausse (+8,9%), témoigne des premiers effets du plan de transformation et d'une meilleure disponibilité des produits. En Bourse, la réaction ne s'est pas fait attendre, le titre éligible au PEA-PME bondit de 7,25% à 2,15€. Un sursaut bienvenu pour une action qui valait encore plus de 20€ il y a quatre ans. Les bureaux d'études saluent un signal positif mais restent prudents, rappelant que la restauration des marges et la pérennité de cette reprise demeurent incertaines dans un contexte de consommation toujours fragile.

Le résultat du vendredi : Une hausse trop rapide ?

Après une envolée spectaculaire de 120% depuis avril, l'action Kering marque une pause bien méritée ce vendredi (-3,86% à 331,65€). La banque HSBC, qui conseillait jusque-là d'acheter le titre, recommande simplement de le conserver désormais. Elle estime que, malgré la reprise du groupe et le dynamisme du nouveau directeur général Luca de Meo, aucun nouvel élément ne devrait soutenir le cours avant sa prochaine prise de parole prévue en février. Depuis son arrivée, Luca de Meo a séduit les marchés en annonçant plusieurs décisions fortes : report du rachat de Valentino, vente de la division beauté à L'Oréal pour 4 milliards d'euros afin de réduire la dette, et nominations de dirigeants clés issus de Renault. Ces initiatives, combinées à de bons résultats trimestriels, ont porté l'action à des niveaux record.

Mais pour HSBC, la hausse est allée trop vite. Le titre a progressé de plus de 50% depuis août, bien plus que le CAC 40 (+8%). La banque pense que le marché doit maintenant souffler avant de découvrir le plan stratégique complet du nouveau patron, attendu au printemps. De son côté, la banque Berenberg s'est montrée plus pessimiste encore, conseillant de vendre l'action. Elle estime que Kering reste trop dépendant d'une clientèle jeune et chinoise, plus fragile face au ralentissement économique, ce qui pourrait freiner la croissance des ventes dans les prochains mois. Hier soir, nous vous parlions de la hausse de près de 9% du titre après la publication de ventes supérieures aux attentes au troisième trimestre. Désormais, De Meo doit transformer l'essai, les marchés attendent de voir les effets concrets du redressement de Gucci, la marque phare du groupe Kering.

Le monde d'après : Le Japon se réarme

Le Japon tourne une page historique. À peine arrivée au pouvoir, la Première ministre Sanae Takaichi a décidé d'accélérer drastiquement le réarmement du pays. Tokyo portera ses dépenses militaires à 2% du PIB dès cette année, soit deux ans plus tôt que prévu. Un objectif ambitieux qui marque un tournant pour une nation longtemps freinée par sa Constitution pacifiste d'après-guerre. Cette décision, saluée par Washington, intervient à la veille d'une rencontre entre Takaichi et Trump, sur fond de tensions croissantes en Asie face à la Chine et à la Corée du Nord.

Première femme à diriger le Japon, Sanae Takaichi s'inscrit dans la lignée de Shinzo Abe, son mentor, et prône un renforcement de la posture militaire du pays. Son gouvernement prévoit un budget supplémentaire pour financer la modernisation des forces d'autodéfense, la cybersécurité et les nouvelles technologies de guerre. Trois documents clés encadrant la doctrine militaire nippone seront également révisés d'ici 2026 afin de mieux répondre aux nouvelles formes de conflit.

Parallèlement, la cheffe du gouvernement veut rassurer l'opinion sur le front économique, promettant de combattre l'inflation tout en soutenant les secteurs d'avenir comme les semi-conducteurs et l'intelligence artificielle. Une ligne d'équilibre entre fermeté militaire et prudence budgétaire qui semble séduire : son taux de popularité atteint déjà 71%, du jamais-vu depuis des années !

Le lexique : Les plus gros budgets militaires

Les États-Unis sont de loin le premier pays au monde en matière de dépenses militaires, avec environ 997 milliards de dollars consacrés à la défense. Ils sont suivis par la Chine, dont le budget militaire atteint près de 314 milliards de dollars, et par la Russie avec environ 149 milliards. L'Allemagne arrive ensuite avec 88,5 milliards, juste devant l'Inde (86,1 milliards) et le Royaume-Uni (81,8 milliards). L'Arabie saoudite consacre environ 80,3 milliards à son armée, tandis que l'Ukraine et la France se situent à un niveau comparable, autour de 64,7 milliards chacun. Enfin, le Japon complète ce top 10 avec environ 55,3 milliards de dollars investis dans sa défense.