Le nouveau diagnostic de performance énergétique inquiète les acteurs du marché de l'immobilier et ce n'est que le début. Selon une enquête de 60 millions de consommateurs publié ce mardi, 5 diagnostiqueurs ont rendu des rapports différents à propos d'un même bien. Entre le calendrier des sanctions prévues par la loi et la possibilité de se retourner en justice contre une mauvaise évaluation, la pression est énorme sur les particuliers.

Le nouveau DPE - diagnostic de performance énergétique - et ses résultats sont dans la tourmente. Dans son numéro de juin, 60 millions de consommateurs pointe de nombreuses erreurs et incohérences. « Pour une même maison, les cinq diagnostiqueurs n'aboutissent pas au même résultat ! Il y a toujours au moins deux lettres différentes, et parfois trois pour les étiquettes énergie qui vont de A à G », écrivent-ils avant de lister ce qui justifie ces différences.

« Erreur de superficie, portes ou fenêtres oubliées, isolation mal prise en compte, chauffage et production d'eau chaude mal évalués... Le bilan n'est pas flatteur pour la profession. Il laisse envisager un important contentieux devant les tribunaux », poursuivent les auteurs qui demandent une meilleure formation des professionnels du secteur. « Oui, nous avons à mieux normer, à mieux encadrer, d'abord pour qu'il y ait moins de fraude », a répondu la ministre Amélie de Montchalin interrogée à ce sujet sur France Inter. « On a fait un gros travail de normalisation et de contrôle. Et donc sur ce sujet, il faut effectivement qu'il y ait des pratiques beaucoup plus homogènes », a-t-elle ajouté.

En effet, le nouveau DPE, dont le prix est fortement variable selon le professionnel qui le réalise, est opposable, c'est-à-dire qu'on peut le contester en justice et obtenir une éventuelle réparation qui couvrira, a minima, le montant estimé des travaux. La moindre incertitude sera au désavantage du propriétaire et abaissera le prix de vente.

Les passoires énergétiques pénalisées à la vente

Les biens classés F ou G seront sanctionnés à partir du 25 août d'une interdiction d'augmenter les loyers lors de la signature d'un nouveau bail. A partir du 1er janvier 2023, les plus mauvais logements ne pourront plus être loués. Selon le niveau énergétique, cette menace s'étale jusqu'à 2034.

Néanmoins, les effets se font déjà ressentir. Selon une étude de SeLoger.com, face à la hausse du nombre de mises en vente de passoires énergétiques, une décote apparaît. Dans les grandes villes, un appartement classé F ou G se vend, en moyenne, 2,1% moins cher que s'il était classé C, D ou E mais c'est à Nice que la décote (- 8,1%) est la plus importante sur les appartements. Viennent ensuite les villes de Lille (- 4,2%), Rennes (- 3,3%), Marseille (- 3,1%), Nantes (- 3%), Strasbourg (- 2,8%).

Propriétaire, votre logement est une passoire thermique : qu'allez-vous faire ?