Report de l'indexation des retraites, fusion de certains services publics, baisse du nombre de fonctionnaires, contribution des plus fortunés à l'effort budgétaire... Le gouvernement égraine les mesures qu'il compte présenter le 10 octobre, avec l'ambition de réduire sensiblement le déficit public, attendu à 6,1% du produit intérieur brut (PIB) en 2024. 

60 milliards à trouver en 2025

Objectif : ramener à 5% le déficit public en 2025, puis à 3% d'ici 2029 soit dans les clous de Bruxelles, qui a lancé une procédure en déficit excessif contre la France. « Ce freinage (des dépenses publiques, NDLR), il est indispensable, sinon on va droit vers une crise financière », a averti vendredi Michel Barnier.

L'exécutif prévoit un effort de 60 milliards d'euros - soit 2% du PIB - pour la seule année 2025. À titre de comparaison, le plan de rigueur annoncé en 2011 par le gouvernement de François Fillon prévoyait une réduction du déficit de 65 milliards d'euros sur cinq ans.

Quelque 40 milliards d'euros, soit plus des deux tiers du montant à trouver, proviendraient de la réduction des dépenses publiques, tandis qu'un tiers, 20 milliards d'euros, seraient générés par des hausses d'impôts. Cet effort considérable s'ajoute à des économies de 10 milliards d'euros, déjà actées par le gouvernement précédent.

Ce que l'on sait

Côté recettes, le gouvernement met en avant une mise à contribution des plus fortunés et des plus grosses entreprises. Les 65 000 foyers fiscaux les plus riches seront imposés à hauteur de « 2 milliards d'euros » supplémentaires, a indiqué Michel Barnier jeudi sur France 2.

Quelque « 300 entreprises » seront également davantage prélevées, pendant « un an et peut-être deux ans », a affirmé le chef du gouvernement, sans indiquer combien escompte l'Etat d'une telle mesure. D'après plusieurs journaux, dont Le Monde et Les Echos, ces prélèvements rapporteraient 8 milliards d'euros.

Mais c'est côté dépenses que l'effort sera le plus massif. Le gouvernement compte avant tout tailler dans les dépenses de l'Etat, pour un peu plus de 20 milliards d'euros : le gel de crédits de ministères induira une diminution des dépenses d'environ 15 milliards d'euros, tandis que des économies supplémentaires de 5 milliards leur seront demandées, avec des baisses d'effectifs à la clé.

« On va fusionner des services publics. On va sans doute ne pas remplacer tous les fonctionnaires quand ils ne sont pas en contact direct avec les citoyens, tous les fonctionnaires qui partent en retraite », a prévenu Michel Barnier sur France 2.

Un tiers des économies concernera la Sécurité sociale, avec comme mesure phare le report de six mois, au 1er juillet, de l'indexation des retraites, qui doit permettre de dégager « environ 4 milliards d'économies », a précisé à l'AFP le ministère du Travail.

Les collectivités locales porteront le reste des économies. Le président d'Intercommunalités de France, Sébastien Martin, a estimé « entre 5 et 7 milliards d'euros » les économies demandées en 2025 aux collectivités (communes, départements, régions), dans une réaction à l'AFP.

Ce qu'il reste à éclaircir

Si l'essentiel des économies de dépense publique est donc fléché, la partie recette est encore parcellaire, tous les arbitrages n'ayant pas encore été tranchés, selon Bercy. En plus de mesures de verdissement de l'économie prévues pour rapporter 1,5 milliard d'euros et qui viseraient les transports très polluants, le secteur aérien s'attend à être taxé d'un milliard supplémentaire.

Le gouvernement « envisage » aussi de relever l'an prochain « au-delà » de 32,44 euros par mégawattheure la taxe sur l'électricité dite TICFE, qui avait été drastiquement abaissée pendant la crise inflationniste au nom du bouclier énergétique. Le relèvement à 32,44 euros par MWh était censé apporter 5 milliards d'euros, le montant de recettes escompté au-delà de ce seuil n'a pas été précisé.

Concernant la Sécurité sociale, le gouvernement envisagerait, selon Les Echos, un système unique de réduction générale dégressive des cotisations patronales jusqu'à trois fois le Smic - en lieu et place des multiples barèmes d'allègement actuels. Cela rapporterait 5 milliards d'euros aux caisses de l'Etat dès 2025 et près de 10 milliards d'euros de plus en 2026 et 2027, selon Les Echos. Une information que Bercy, contacté par l'AFP, n'a pas souhaité confirmer.

Michel Barnier entend aussi se pencher sur « le coût des arrêts de travail » ou encore les « effets d'aubaine » de l'apprentissage. Sans objectif chiffré d'économies à ce stade. Les jeux d'argent sont également dans le viseur de l'exécutif, selon Les Echos, avec une augmentation prévue des prélèvements sociaux du secteur.

Certaines mesures du PLF seront introduites par amendements du gouvernement lors du débat parlementaire. Le calendrier devenait trop serré pour faire autrement car le Parlement doit disposer de 70 jours pour débattre du budget en vue d'une promulgation de la loi avant le 1er janvier 2025.