L'essentiel

  • Un rapport parlementaire propose de fusionner le Livret A et le Livret d'Épargne populaire (LEP) pour simplifier les produits d'épargne réglementée.
  • Cette fusion permettrait un accès élargi à la protection contre l'érosion monétaire, garanti jusqu'à 10 000 €, actuellement réservée aux détenteurs de LEP.
  • Cette union résoudrait le problème du non-recours au LEP et offrirait une meilleure rémunération pour des dizaines de millions d'épargnants.

C'est une des propositions phares d'un récent rapport parlementaire consacré à la rémunération de l'épargne populaire et des classes moyennes (1) : les deux rapporteurs, Jean-Philippe Tanguy (RN) et François Jolivet (Horizons), y suggèrent de fusionner le Livret A et le Livret d'épargne populaire (LEP). Le principe de rémunération de ce nouveau produit serait le suivant : « Les 10 000 premiers euros (...) seraient garantis d'une rémunération égale à l'inflation, les sommes supérieures se voyant pour leur part appliquer un taux correspondant à la formule actuelle du Livret A ».

Pourquoi cette proposition ? Les deux députés y voient d'abord l'avantage de simplifier le paysage. « Les rapporteurs déplorent que les produits d'épargne réglementée soient trop nombreux, illisibles, sans qu'il n'existe plus aucun lien entre les avantages consentis et l'objet du financement », peut-on lire dans le rapport.

Pour tout le monde, 10 000 euros à l'abri de l'inflation

Second atout : une telle réforme permettrait un accès élargi au principal atout du LEP, la protection contre l'érosion monétaire, c'est-à-dire contre la perte de pouvoir d'achat consécutive à la hausse des prix.

La formule de calcul du Livret d'épargne populaire intègre, en effet, un « plancher inflation » : son taux ne peut jamais être inférieur à l'inflation moyenne du semestre précédent. Ce n'est plus le cas, en revanche, pour le Livret A, depuis une réforme du mode de calcul de son taux entrée en vigueur en 2020.

Cela changerait en cas de fusion des deux livrets. Tel qu'envisagé, le nouveau produit issu de la fusion ne serait plus réservé aux contribuables peu ou pas fiscalisés, comme c'est le cas actuellement pour le LEP. Ce faisant, le nombre de bénéficiaires potentiels de cet avantage passerait de 11,8 millions (le nombre de détenteurs d'un LEP à la fin 2024) à plus de 56 millions (le nombre de titulaires de Livrets A à la même date).

Cette fusion réglerait également un autre problème pointé par les rapporteurs : le non-recours au LEP. Selon des chiffres de la Banque de France, il y avait, fin 2024, 19,5 millions de Français éligibles au LEP. En clair, plus de 7 millions d'épargnants ne possèdent pas de LEP alors qu'ils y ont droit. Une situation consécutive, selon les rapporteurs, à l'existence d'un contrôle d'éligibilité annuel, qui dissuade les banques de proposer plus largement le produit.

De nombreux gagnants

Résumons : dans l'hypothèse d'une telle fusion, ce sont des dizaines de millions d'épargnants qui profiteraient automatiquement d'une meilleure rémunération de leur épargne de précaution. Ce sera votre cas, si vous possédez un Livret A, mais n'êtes pas éligibles au LEP. Ou si vous êtes éligibles au LEP sans le savoir.

Quel serait le gain en espèces sonnantes et trébuchantes ? Dans l'hypothèse d'un maintien des formules de calcul actuellement appliquées au LEP et au Livret A (et des plafonds de versement en vigueur), ce nouveau livret rapporterait actuellement 3,5% net sur les 10 000 premiers euros, puis 2,4% sur les 22 950 euros suivants.

Faisons le calcul. Au taux actuel de 2,4%, un Livret A moyen, avec un encours de 7 000 euros, rapportera entre le 1er février et le 1er août, 84 euros. Dans l'hypothèse de la fusion, il aurait rapporté 122,50 euros, soit 38,5 euros de plus sur 6 mois. Un Livret A nanti de 22 950 euros, actuel plafond de versement, rapportera, lui, 275,40 euros lors de la même période. Avec le nouveau livret fusionné, cela aurait été 330,40 euros, soit 55 euros de plus.

(1) « Rapport d'information (...) en conclusion des travaux d'une mission d'information sur la rémunération de l'épargne populaire et des classes moyennes », enregistré le 14 mai 2025