Le Livret A est sans aucun doute le placement préféré des Français, avec 57 millions de livrets ouverts, selon les derniers chiffres de la Banque de France. Un succès qui s'explique par son plafond de 22 950 euros pour les particuliers, sa facilité d'accès (ouverture avec un premier versement de 10 euros ou 1,50 euro à La Banque Postale) et la gratuité des opérations (retraits et dépôt).
Ces opérations sont normalement limitées pour tous les livrets d'épargne réglementée. Les virements entrants ou sortants ne peuvent provenir que d'un compte de dépôt (un « compte courant » ou un « compte chèque »).
Certains virements et prélèvements précis possibles
Mais le Livret A fait figure d'exception. Le Code monétaire et financier prévoit, via un arrêté publié en 2008, une liste d'autres opérations possibles. À savoir le virement « des prestations sociales versées par les collectivités publiques et les organismes de Sécurité sociale » et « des pensions des agents publics ». Ainsi que le prélèvement « de l'impôt sur le revenu, de la taxe d'habitation et des taxes foncières », « des quittances d'eau, de gaz ou d'électricité », « des loyers dus aux organismes d'habitation à loyer modéré (HLM) et aux sociétés d'économie mixte gérant des logements sociaux » et « des factures dues aux opérateurs de communication électronique disposant d'un identifiant auprès de l'Arcep » (Free, Bouygues Telecom, Canal plus...).
« Puis-je faire virer ma retraite sur mon Livret A ? »
En clair, le Livret A peut être un substitut au compte courant pour des personnes éloignées du secteur bancaire (Français aux revenus modestes, sans domicile fixe, étrangers...). Ce que nous confirme La Banque Postale, qui est obligée d'autoriser l'ensemble des opérations mentionnées, étant dépositaire d'une mission publique d'accessibilité bancaire.
Des positions différentes selon les établissements
Les autres banques ont le choix d'accepter ou non une ou plusieurs opérations et doivent le préciser dans leurs conditions générales.
« Les opérations enregistrées sur le Livret A sont uniquement des virements initiés par le titulaire de ou vers son compte. Aucun virement permanent ne peut être mis en place. »
SG, le Crédit Mutuel et la Caisse d'Epargne ne mentionnent pas, par exemple, le prélèvement des factures de téléphone ou d'internet. Tout le reste est accepté, avec une précision pour la banque du groupe BPCE : « Lorsque des pensions ou toutes autres prestations sociales sont domiciliées sur le Livret A, le Client autorise expressément la Banque à communiquer à l'organisme payeur les données personnelles le concernant (nom, prénom, adresse...). » Attention, les opérations débitrices ou créditrices autorisées doivent être d'un montant supérieur à 10 euros (ou 1,50 euro à La Banque Postale).
De son côté, BoursoBank précise que « les opérations enregistrées sur le Livret A sont uniquement des virements initiés par le titulaire de ou vers son compte. Aucun virement permanent ne peut être mis en place ».
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Une utilisation qui reste rare
Combien de Français utilisent leur Livret A comme compte courant ? Dans quelles banques ? Difficile de répondre précisément à ces questions, car les établissements sont soumis au secret bancaire. Ils ne peuvent pas divulguer à des tiers des données sur leurs clients, comme le solde des comptes bancaire, leur nombre ou leur utilisation.
Selon le rapport de l'Observatoire de l'épargne réglementée, publié en juillet 2024, les livrets A « au milieu de la distribution connaissent plus de mouvements que les livrets au plafond ou que les livrets pour lesquels l'encours est inférieur à 150 euros ». Concrètement, cela concerne particulièrement les livrets dont l'encours se situe entre 150 et 1 500 euros (32% de l'ensemble des livrets A). En moyenne, entre 7 et 8 versements et près de 9 retraits ont été effectués en 2023.
« Puiser dans son livret A est plus souvent utilisée par les bénéficiaires de minima sociaux (7%) et les personnes pauvres (8%), très peu par la population générale (2%). »
Si la Banque de France ne fait pas de parallèle sur son utilisation comme compte courant, elle a déjà fait le rapprochement dans d'anciens rapports. En 2015, les Livrets A actifs de moins de 150 euros affichaient un taux de rotation (« nombre de fois où le solde se renouvelle dans l'année ») de 31,9% contre 2,1% pour ceux dépassant 1 500 euros. Cette rotation « nettement plus élevée [pour ces livrets], en partie mécanique, souligne aussi un mode d'utilisation qui se rapproche dans une certaine mesure de celui des comptes courants », commentait l'Observatoire de l'épargne réglementée.
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Plus récemment, le Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) a fait état des Français qui se servent du Livret A pour payer des factures. Cette possibilité de puiser dans ce livret, plutôt que dans un compte de dépôt, « est plus souvent utilisée par les bénéficiaires de minima sociaux (7%) et les personnes pauvres (8%), très peu par la population générale (2%) » en 2020. Le Livret A est surtout utilisé pour le loyer, les petits achats chez les commerçants et le règlement des factures d'eau, de gaz et d'électricité.
En résumé, si le Livret A se substitut au compte courant dans certains cas, cette utilisation reste rare. Il vient fréquemment en complément d'un compte-chèque.