Le dénouement est proche. Ce matin, l'INSEE a officialisé l'indice des prix à la consommation du mois de mai : il se fixe, sur un an, à 0,6% hors tabac. Ce chiffre permet du même coup d'affiner la prévision d'inflation pour le 1er semestre 2025 : la hausse des prix devrait être, en moyenne, proche de 0,9%. C'est plus de deux fois moins qu'au 2e semestre 2024 (1,95%).
Cette inflation semestrielle va être décisive pour l'actualisation, à compter du 1er août, du taux du Livret A. Il s'agit, en effet, d'une des deux variables entrant dans la formule de calcul utilisée par la Banque de France. L'autre ? La moyenne semestrielle de l'€ster, le taux auquel les banques s'échangent de l'argent à court-terme. Celle-ci est attendue autour de 2,40%, également en forte baisse par rapport au 2e semestre 2024 (3,44%).
Résultat ? Il n'y a guère de suspense : le taux du Livret A va probablement chuter dès le 1er août. Brutalement : actuellement fixé à 2,40%, il pourrait passer à 1,70% si les pouvoirs publics décidaient d'appliquer la formule de calcul, ce qui est plutôt le cas ces derniers temps. Un choc, sans doute, pour les épargnants qui comptent sur lui pour mettre leurs économies à l'abri des secousses économiques et de l'érosion monétaire.
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La mauvaise nouvelle ne s'arrête pas là. Le taux du Livret A, en effet, est une référence pour d'autres placements. A commencer par les autres produits d'épargne réglementée. Il va ainsi entraîner dans sa chute le LDDS, le LEP, le CEL et les Livrets Jeunes.
L'épargne réglementée entraînée dans la chute
La règle de fixation du taux est simple pour le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) : sa rémunération est strictement alignée sur celle du Livret A. Elle est donc attendue en baisse de 0,70 point, à 1,70%.
Elle est un peu plus complexe pour le Livret d'épargne populaire (LEP). Il existe deux possibilités, la plus favorable pour l'épargnant étant retenue : soit son taux s'aligne sur l'inflation du semestre précédent, soit il est fixé sur la base du taux « technique » (issu de la formule de calcul) du Livret A augmenté d'un demi-point.
C'est cette seconde possibilité, de loin la plus avantageuse, qui devrait être retenue. La chute, toutefois, s'annonce brutale : -1,30 point, à 2,20% contre 3,5% actuellement. La Banque de France, en concertation avec le ministère de l'Economie, pourrait cependant choisir, comme elle en a le droit et comme elle l'a régulièrement fait ces derniers temps, de freiner cette baisse en fixant le taux du LEP à 2,50%.
Le taux du Livret Jeune, lui, est fixé librement par les banques qui distribuent le produit. Avec une contrainte tout de même : il ne peut pas être inférieur à celui du Livret A. Actuellement, elles sont nombreuses à avoir choisi de se caler sur les 2,40% du Livret A. Il est donc à parier que les mêmes profiteront de la baisse à venir pour couper dans le rendement de leur Livret Jeune.
Le taux du Compte épargne logement (CEL), enfin, est directement indexé sur celui du Livret A. Si ce dernier tombe à 1,70%, le CEL le suivra dans sa chute, passant de 1,50% à 1,25%. Quant au PEL, son taux ne bougera pas. Il n'est, en effet, mis à jour qu'une fois par an, en fin d'année.
Les taux probables de l'épargne réglementée au 1er août 2025
- Livret A : 1,70% (-0,70 pt)
- LDDS : 1,70% (-0,70 pt)
- LEP : 2,20% (-1,30 pt) ou 2,50% (-1 pt)
- Livrets Jeunes : au moins 1,70%
- CEL : 1,25% (-0,25 pt)
Ces taux sont nets de fiscalité.
Baisse plus lissée pour les livrets bancaires et les comptes à terme
Qu'en sera-t-il des livrets bancaires et des comptes à terme soumis à l'impôt ? Leur courbe de taux est généralement comparable à celle du Livret A. C'est logique : pour fixer les rémunérations de ces produits maison, les banques regardent, comme la Banque de France avec le Livret A, l'évolution des taux interbancaires et des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE)
Les taux moyens des livrets ordinaires et des comptes à terme de 2 ans et moins ont ainsi commencé à baisser depuis la mi-2024, dans la foulée du changement de la politique monétaire de la BCE, qui a commencé à décider de baisser ses taux pour contenir l'inflation. Cette tendance a toutes les chances de se poursuivre : la BCE vient encore d'annoncer une nouvelle baisse, qui a déjà eu un impact sur certains comptes rémunérés proposés par les néobanques.
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Le delta entre la rémunération des livrets réglementés et celle des autres livrets du marché devrait toutefois se réduire dans les mois à venir. Les taux des livrets ordinaires, en effet, baissent de manière moins brutale que le Livret A. Ils partent de plus bas aussi : ce delta est actuellement de 1,64 point (0,84% en moyenne pour les livrets ordinaires en mai, 2,48% pour les livrets réglementés).
Par ailleurs, les taux des livrets ordinaires dépendent également des politique commerciale des établissements. Certains d'entre eux, plus activement en quête de liquidités, n'hésitent pas à proposer des taux largement supérieurs à la moyenne, notamment dans le cadre de campagnes promotionnelles. Voire des taux nets qui dépassent, sur quelques mois, celui du Livret A.