L'essentiel
- Le cours de l'or a grimpé de plus de 50% en douze mois, atteignant désormais les 3 300 dollars l'once.
- Des experts recommandent l'investissement en or sous diverses formes, mais mettent en garde contre la complexité du marché et les risques associés.
- Les méthodes d'achat d'or varient : directement via les banques, dans des comptoirs spécialisés, en ligne, ou via des titres boursiers.
L'or, roi de la finance ? Depuis douze mois, le cours du métal précieux a gagné plus de 50%, franchissant en avril le seuil symbolique des 3500 dollars l'once (l'unité de référence mondiale, 31,1 grammes). La fusée brillante connaît, certes, un ralentissement depuis quelques semaines. Mais elle se maintient dans des étoiles historiques, autour de 3 300 dollars l'once.
De quoi justifier un afflux de capitaux : au premier trimestre 2025, les acheteurs particuliers ont acquis au niveau mondial 551,9 tonnes d'or d'investissement (lingots, pièces, titres...), représentant plus de 52 milliards de dollars. En volume, c'est le double de janvier-mars 2024 ! Vous avez l'impression d'être passé à côté ? Il vous reste peut-être une chance : selon certains experts, la courbe pourrait bientôt tutoyer les 4 000 dollars.
Le cours de l'or explose tous les records, faut-il parier sur la monnaie des rois ?
Mais comment achète-t-on de l'or ? Les Français préfèrent les ETC, titres indiciels répliquant le cours du métal jaune. Cependant, certains préfèrent avoir leur « pépite » en main. En version physique, le matériau se décline sous diverses formes : lingots, lingotins, pièces... Mais attention : le marché est complexe, et comporte certains risques. Car on n'achète pas seulement un poids : on mise également sur un objet. Dont la valeur dépend, entre autres, de son état.
Quel que soit le produit, tout accroc dégradera le prix de vente par rapport à la valeur faciale. Mieux vaut donc privilégier les produits de grande qualité. Et qu'il s'agisse de « bars » ou « coins » (leur nom anglais) il est indispensable de demander une facture au vendeur. Cela permet de sécuriser son investissement, mais aussi de bénéficier d'une fiscalité plus avantageuse à la revente... Y compris pour votre acheteur. Fournir les documents d'authenticité et traçabilité est en effet un élément important pour négocier le meilleur prix.
Lingots : les références, sinon rien !
Lorsqu'elles produisent un lingot, les fonderies respectent, en théorie, un cahier des charges précis. Chaque barre est numérotée, et comporte plusieurs indications. La plus importante, c'est sa qualité. On dit qu'un lingot est « pur » quand il contient plus de 99,5% (ou 995 millièmes) du matériau précieux. Les fabricants vont en général plus loin, en offrant un pourcentage de 99,99%.
Un autre « tampon » identifie le producteur. Et là, inutile de réfléchir : il faut en rester aux grandes fonderies. Parmi les principales, les experts mentionnent 7 Suisses (Metalor, Valcambi, Crédit Suisse, PAMP, Degussa, Argor Heraeus, UBS), une Australienne (Perth Mint), une Autrichienne (Münze Österreich), une Belge (Umicore)...
Par la suite, la production passe presque toujours sous la lunette des « essayeurs fondeurs », qui déposent leur label de certification. Celle-ci est également mentionnée sur un certificat, le « bulletin d'essai ». De leur côté, les petits lingotins sont livrés sous blister officiel, faisant office de garantie. Tout cela permet des échanges encadrés par les cours officiels.
Il arrive malheureusement que des particuliers se rendent compte, après coup, qu'ils ont été dupés sur la marchandise. Cela se produit notamment quand le circuit d'achat n'est pas garanti (de gré à gré, par exemple). S'il manque une mention, si le prix est très en dessous du cours, si le fondeur n'est pas connu, si la pureté affichée est en dessous de 995 millièmes... Il faut fuir !
Pièces : une histoire de primes
La notion d'« objet » prend d'autant plus de sens du côté des pièces. Qu'elles soient anciennes ou actuelles, ce sont en effet, au-delà de leur poids, des éléments qui se collectionnent, se transmettent de génération en génération... Paradoxalement, si elles contiennent en général 90 ou 91% de métal précieux, leur prix ne suit pas uniquement le simple poids.
La valorisation va ainsi dépendre de plusieurs facteurs. Le premier, c'est le caractère rare et historique, prisé par numismates. Les Français adorent ainsi les Napoléons, notamment la pièce de 20 francs, curieusement surnommée Louis d'or. Évidemment, ces monnaies ne sont plus neuves. Mais meilleure est leur préservation, plus élevé sera leur prix.
Un exemple : le Louis d'or pèse 6,45 grammes et comporte 900 millièmes, soit 5,805 grammes d'or. Au poids, il vaudrait actuellement autour de 550 euros. Pourtant, il est souvent proposé à 20, 50 ou même 100 euros de plus. Cet écart s'appelle la « prime ».
Là encore, la certification semble indispensable. Dans l'idéal, elles doivent passer entre les mains de bureaux spécialisés, qui vont garantir l'authenticité et le poids. Parmi les maisons les plus respectées, on peut citer PCGS, NGC, ANACS et ICG. Elles attribuent une référence au bien. Pour l'acheteur, c'est un bon outil de contrôle.
La meilleure solution est d'opter pour les monnaies protégées dans un étui scellé intégrant facture et certificats. Elles sont alors plus appréciées et faciles à revendre, car elles n'ont plus besoin d'être expertisées à nouveau.
Quid des pièces d'or étrangères, ou des produits plus récents ? En France, elles ont la réputation d'être un peu moins liquides. Leur valeur aura donc tendance à se rapprocher du prix au poids, et non pas d'un prix avec « prime ».
Où acheter ?
Il ne reste plus qu'à passer commande ? Ce n'est pas si simple. Entre les banques, les officines dédiées et les sites internet, les conditions varient beaucoup. Voici quelques éléments pour vous aider à choisir.
En banque : le plus sûr... et le plus cher ! On le sait peu, mais votre banquier peut (souvent) vous vendre des lingots et des pièces. Souvent... mais pas tout le temps : nous avons eu la surprise de découvrir que BNP Paribas, la Caisse d'Épargne ou la Banque Populaire, entre autres, ne proposent plus ce service, y compris aux clients « banque privée ». La raison évoquée : la très faible « demande de clients pour l'achat d'or ».
Néanmoins, l'achat en agence est l'approche historique, toujours apprécié par les plus anciens. Cela semble logique : on imagine difficilement une transaction non sécurisée chez un établissement financier. En plus, il n'est même pas nécessaire de sortir dans la rue avec son morceau d'or : on pourra le déposer directement dans un coffre, sur place !
SG, la banque du groupe Société Générale propose, par exemple, cet achat dans 200 agences. Les banquiers ne détiennent pas de stock : la demande est transmise à Loomis FXGS (auparavant CPoR), le leader des transactions dorées. A réception, la banque remet le produit et complète les registres officiels. Mais la sécurité a un prix, sous la forme de divers frais, facturés à l'achat ou pour la « garde ».
Du côté de « Sogé », une transaction est facturée 4% du montant investi, avec un minimum de 50 euros, et des frais supplémentaires sont comptabilisés pour la mise en sachet sécurisé des pièces. Si on laisse ensuite son or en agence, il faut compter autour de 150 à 300 euros annuels pour louer un coffre, et 1% de droits de garde (30 euros minimum).
Un dernier élément non négligeable, c'est que les conseillers accompagnent également leurs clients dans la revente de leurs pièces et lingots. Là encore, cela passe par Loomis, qui rachète l'or selon les cours de marché. Les frais à la vente sont également de 4% du montant de la transaction.
Dans un comptoir spécialisé : le plus rapide. Un petit lingot pendant ses courses ? Depuis plus de 10 ans, les boutiques proposant en grosses lettres l'« achat d'or » se sont multipliées en France. Elles sont venues se positionner sur un marché jusque-là tenu par des comptoirs historiques, souvent implantés dans les beaux quartiers : Godot & Fils, Comptoir national de l'or...
Qu'il s'agisse de grandes maisons ou de petites échoppes, le principe est le même. Il est possible de revendre son métal jaune, et obtenir instantanément de l'argent. Dans les comptoirs spécialisés, on trouvera souvent ce que l'on souhaite : pièces, « barres ». Dans les petits commerces, il faut le plus souvent passer commande. Votre interlocuteur s'occupera en tout cas des formalités, car la loi l'y oblige.
Mais attention : selon les lieux, la valorisation peut différer. Comme les bureaux de change, chaque vendeur peut appliquer une majoration du cours à l'achat et une minoration à la vente. Mieux vaut alors comparer. Y compris entre les villes : il semble que les frais et valorisations soient meilleurs dans les grandes villes, notamment à Paris.
Un élément important : les boutiques les plus récentes n'offrent pas forcément les plus grandes garanties de sécurité. Difficile, quand on est client, d'identifier une certification crédible, ou d'expertiser soi-même une pièce ou un lingot ! Sans oublier qu'il peut sembler inconfortable de procéder à des transactions importantes dans de petits magasins, installés dans les artères principales. Mieux vaut ne pas se faire voler son sac en route...
Il subsiste tout de même deux grands avantages. Tout d'abord, les frais compétitifs. Ceux-ci s'établissent en général entre 1 et 2% du prix. Ce qui est tout de même mieux que les banques. L'autre intérêt, c'est l'immédiateté. Que l'on apporte un lingotin ou des pièces, le comptoir pourra l'estimer et l'acheter sur le moment. Chez les acteurs les plus sérieux, un ordre officiel sera même passé sur les marchés officiels. Mais il n'est pas rare que des certains vendeurs proposent directement un tarif, et proposent un virement instantané pour pousser à la décision !
Sur internet : le grand frisson ! Un petit lingot dans votre boîte aux lettres ? L'idée peut sembler saugrenue, quand on connaît la valeur actuelle de l'or. Pour autant, sur la toile, on trouve de très nombreux vendeurs de métal jaune « livré à domicile ». Il est sûr que l'or se prête bien à l'envoi postal, vu sa densité : un petit cube d'un centimètre vaut des milliers d'euros !
Sur les sites, les arguments se répètent : « achat sécurisé », « livraison en mains propres », « envoi discret », « produits garantis »... Ce sont des discours classiques dans l'e-commerce... Sauf que là, on parle tout de même de métal précieux !
Un conseil conseil : éviter les plateformes étrangères. Acheter de l'or est déjà contraignant, d'un point de vue administratif. Autant ne pas ajouter une surcouche de complexité, en incluant une déclaration en douane... Et des frais afférents !
Parmi les acteurs français, on privilégiera les entreprises historiques, correspondant souvent à une version « online » de comptoirs physiques. Les frais sont un peu plus bas : autour de 1%.
On trouve aussi des offres pour le moins singulières : vous payez en ligne, et le trésor est conservé dans le coffre-fort du vendeur. Sur le papier, cela semble intéressant. Mais ce système a quelque chose de contre-intuitif. À partir du moment où l'on fait le choix d'acheter en physique, c'est peut-être pour avoir la garantie du « sonnant et trébuchant ». Si l'on veut avoir de l'or « à distance »... Autant miser sur un titre boursier !
Et l'or papier ?
Certificats, ETC, valeurs d'entreprises aurifères... Les titres boursiers concernant l'or pullulent. Dans ce cas, tout est bien plus simple. Il suffit de choisir un actif au sein de l'offre de son courtier (ou son banquier), ou d'ouvrir un compte chez un distributeur proposant celui que vous préférez. Puis de passer un ordre, qui sera exécuté dans les conditions que vous imposez (au prix de marché, à un cours limité...). A noter : l'offre est bien plus vaste du côté des acteurs du web.