Brandi par un député LREM, le « coût » d'une journée de débats à l'Assemblée nationale sur la réforme des retraites, évalué à 1,5 million d'euros, a été contesté vendredi par la gauche, critiquant un « antiparlementarisme ».

« La démocratie n'a pas de prix mais elle a coût. Une journée d'obstruction parlementaire par les députés minoritaires d'extrême gauche, c'est 1 500 000 d'euros d'argent public. Ça paierait quelques professeurs d'éducation civique », avait tweeté jeudi le « marcheur » Florian Bachelier, premier questeur de l'Assemblée, en charge de sa gestion.

Le député PS Boris Vallaud s'est élevé vendredi dans l'hémicycle contre ce qu'il qualifie de « mensonge ». « Le budget de l'Assemblée nationale c'est 578 millions d'euros en 2019, vous divisez par le nombre de jours [365, NDLR], c'est 1,5 million, que nous siégions ou que nous ne siégions pas », a-t-il expliqué. Autrement dit un jour siégé supplémentaire, y compris comme ce week-end, ne coûte pas plus, les personnels par exemple n'étant pas rémunérés davantage. « Je ne recommande à personne de faire le jeu de l'antiparlementarisme », a ajouté l'élu socialiste.

« La démocratie, ça prend du temps »

Plus tôt, c'est l'insoumis Adrien Quatennens qui avait épinglé Florian Bachelier, qui « a l'air de considérer que la démocratie coûte trop cher. Mais nous sommes ici les porte-parole de la solution la moins chère : retrait [de la réforme] ». Le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a ensuite dénoncé devant la presse « un propos absolument irresponsable ». « Si ça coûte cher, il n'y a qu'à supprimer carrément l'Assemblée nationale et la démocratie », a-t-il ironisé.

« La démocratie, ça prend du temps, de débattre, de discuter, surtout sur un projet comme celui-ci aussi controversé et rejeté », a souligné Pierre Dharréville (PCF) devant la presse. Et de balayer le chiffrage du questeur, « des arguments de fond de corbeille ».

Le ministre des Relations avec le Parlement Marc Fesneau (MoDem) a clos la discussion : « le débat parlementaire mérite mieux » qu'« une question de coût », a-t-il déclaré à BFMTV. « Où s'arrête-t-on au fond ? Le Parlement, la démocratie représentative, ce sont des moyens qui sont nécessaires et c'est pas le sujet ».