Les députés PS ont annoncé mardi qu'ils ne voteraient pas le texte RN d'abrogation de la réforme des retraites, dénonçant un « mensonge social » et promettant de porter le sujet dans le cadre de l'examen du budget de la Sécu et dans une journée réservée aux textes LFI en novembre.

Le groupe RN a déposé une proposition de loi d'abrogation qu'il inscrira dans sa « niche parlementaire » du 31 octobre, journée annuelle où un groupe dicte l'agenda de l'Assemblée.

Face à l'opposition annoncée de groupes de droite et macronistes, le texte devra mathématiquement obtenir le concours de la gauche, une équation qui taraude tous les groupes du NFP.

Mardi, les députés socialistes ont tranché dans un communiqué. « Nous ne votons ni ne nous associons à aucune initiative du Rassemblement national. En juillet dernier, nous avons été élus dans le cadre du front républicain. Nous restons fidèle à notre ligne de conduite », ont-ils fait savoir.

Le communiqué du groupe PS ne précise pas si ses membres voteront contre ou s'abstiendront, mais leur position rend les chances d'adoption encore plus incertaines.

Les socialistes y dénoncent un « mensonge politique », arguant que la meilleure manière d'engager une abrogation serait de censurer le gouvernement de Michel Barnier dès octobre, une perspective que le RN écarte a priori à ce stade.

Ils pointent aussi un « mensonge social », accusant le RN d'avoir « été totalement absent de la mobilisation et du débat parlementaire contre la retraite à 64 ans ».

Ils arguent également que le RN n'ayant pas de groupe au Sénat, il lui serait impossible d'obtenir l'inscription de son texte à la chambre haute, majoritairement hostile à l'abrogation, alors que la gauche dispose de trois groupes, avec des niches parlementaires pour chacun.

Et les socialistes de promettre des offensives à l'Assemblée par amendements au budget de la Sécu et via un texte dans la « niche » LFI le 28 novembre.

« Ce n'est pas parce que nous ne votons pas ce texte, un coup de com sans lendemain, que nous désertons la bataille bien au contraire. Nos électeurs verront très vite notre pleine mobilisation pour mener vraiment l'abrogation de la réforme », a déclaré Arthur Delaporte, porte-parole du groupe, auprès de l'AFP.

Le texte du RN prévoit de faire revenir l'âge normal de départ à 62 ans « à compter de la génération 1955 », et de fixer la durée de cotisation requise à 42 annuités, « à compter de la génération 1961 ». Une forme d'étape intermédiaire, avant des modifications plus ambitieuses en cas d'arrivée au pouvoir, assure-t-on chez des responsables frontistes.