Depuis plusieurs mois, la perspective d'une augmentation automatique du Smic s'annonçait de façon claire et limpide pour l'été ou l'automne 2024. La conséquence d'une formule de calcul basée sur l'inflation. Finalement, les prix progressent moins vite que prévu et la prochaine hausse du Smic sera très probablement pour janvier 2025.
Depuis 3 ans, septembre 2021, l'inflation est chaque mois systématiquement au-dessus des 2%. Avec parfois des pics à plus de 6%. Depuis la crise sanitaire Covid-19, les prix n'ont cessé d'augmenter. Et très très vite. En août 2024, selon les données définitives de l'Insee, l'indice mensuel mesurant l'augmentation des prix à la consommation est retombé sous la très symbolique barre des 2%, à 1,8%. Et l'Insee prévient : l'indice des prix à la consommation (IPC) ne va pas rebondir au-dessus des 2% dans les prochains mois, se stabilisant autour des 1,6% à 1,7% sur la fin d'année.
Cette « désinflation », le fait que les prix ne progressent plus aussi vite qu'en 2022 ou 2023, est évidemment une bonne nouvelle pour le portefeuille des ménages. Mais le ralentissement de l'inflation en 2024 a une conséquence désagréable pour tous les salariés rémunérés au niveau du Smic : le salaire minimum aurait pu grimper automatiquement en 2024... mais ce ne sera très probablement pas le cas. Pour rappel, à chaque fois que la hausse des prix subis par les Français les plus modestes dépasse 2% par rapport à la dernière réévaluation du Smic, alors s'enclenche automatiquement une hausse de 2% ou plus, même en cours d'année, alors que l'échéance classique de revalorisation du Smic est sinon le 1er janvier.
Pourtant l'Insee, qui n'a pas pour habitude de livrer des prévisions hasardeuses, jugeait en mars dernier comme assez probable une hausse automatique du Smic au 1er août 2024, sur la base de l'IPC de juin : « Notre prévision d'inflation conduirait à une évolution des prix proche du seuil de revalorisation automatique du Smic en juin 2024 », expliquait l'Insee à MoneyVox. Cependant, au fil des mois, en 2024, à chaque fois que MoneyVox et d'autres médias ont interrogé l'Insee sur la prochaine hausse automatique du Smic, la prévision de hausse des prix s'estompait la perspective de l'augmentation du salaire minimum était repoussée. En juillet dernier, le pronostic était encore une hausse probable cet automne.
« Une revalorisation automatique du Smic d'ici la fin de l'année apparaît très incertaine »
Finalement... « une revalorisation automatique du Smic d'ici la fin de l'année apparaît très incertaine », écrit l'Insee dans un point de conjoncture publié ce lundi 9 septembre.
Attention, les experts de l'Insee gardent le conditionnel mais leur pronostic est désormais que le Smic n'augmentera pas de façon automatique en 2024. « Nous sommes juste en dessous du seuil de revalorisation [automatique] », explique Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture, qui insiste sur le caractère incertain de son pronostic.
Prochaine hausse du Smic ? Probablement au 1er janvier 2025
Ce vendredi 13 septembre, l'Insee a publié les chiffres définitifs de l'inflation d'août 2024. Et cela confirme l'analyse du début de semaine. D'une part, aucune hausse automatique à court terme : « L'IPC pour l'ensemble hors tabac pour les ménages du premier quintile de la distribution des niveaux de vie [l'indice suivi pour les hausses de Smic, qui représente le coût de la vie des ménages modestes, NDLR] atteint en août 119,64, en hausse de 1,9% par rapport par rapport à l'indice constaté lors de la dernière valorisation du Smic au 1er janvier 2024 », précise l'Insee à MoneyVox. « Cette tendance, inférieure au seuil règlementaire de 2%, ne déclenche pas de revalorisation automatique au 1er octobre 2024. »
Et d'ici la fin 2024 ? Selon Dorian Roucher, « si cela ne passe pas en août [avec pour conséquence une hausse automatique au 1er octobre, NDLR], il nous semble peu probable que ce seuil soit franchi ensuite », l'automne n'étant dans les tables de prévisions de l'Insee pas propice cette année à une envolée des prix.
Dans tous les cas, le Smic augmentera au 1er janvier 2025, échéance classique et réglementaire. Et cette revalorisation sera proche des 2%.
Gagnez-vous plus
ou moins que les autres salariés ? *
(50% gagne plus, 50% gagne moins)
* Source : INSEE - Les salaires dans le secteur privé 2022.
