A 33 ans, le député Renaissance de Haute-Savoie Antoine Armand a été nommé samedi ministre de l'Économie et de l'Industrie et a immédiatement imprimé sa marque en ouvrant la porte à des hausses d'impôts ciblées.  

« Dans le contexte budgétaire, exclure d'office certains prélèvements exceptionnels et ciblés ne serait pas responsable », a affirmé dans une interview au JDD publiée quelques minutes après sa nomination le successeur à Bercy du quasi-inamovible Bruno Le Maire, resté sept ans au ministère.

S'il a aussi souligné que les classes moyennes seraient « soutenues » et la dépense publique optimisée pour dégager les milliards d'euros nécessaires au rétablissement des comptes publics, ses déclarations pourraient marquer une inflexion au sein du camp présidentiel, qui a fait de l'allègement de la pression fiscale un de ses marqueurs politiques.

« Je ne serai pas le ministre de la confiscation fiscale ni celui du sous-investissement dans notre avenir économique et écologique », a tenté de rassurer samedi Antoine Armand.

Pour le jeune énarque qui a commencé sa carrière à Bercy, en tant qu'inspecteur des finances, l'annonce du casting gouvernemental a tout du retour aux sources.

Mais il n'aura pas les mains aussi libres que son prédécesseur Bruno Le Maire, dont le portefeuille s'est régulièrement étendu au fil des remaniements.

Signe d'une certaine perte d'influence de Bercy, le ministre délégué au Budget et aux Comptes publics Laurent Saint-Martin a été placé auprès de Matignon.

Antoine Armand est né le 10 septembre 1991 à Paris. Passé par l'École normale supérieure puis par l'École nationale d'administration, il intègre l'Inspection générale des finances en 2019. Spécialiste des questions énergétiques, le député savoyard avait été élu président de la Commission des affaires économiques à l'Assemblée nationale en juillet dernier.

Politique de l'offre

Son engagement en politique remonte à 2017, quand il s'engage aux côtés d'Emmanuel Macron. En 2021, il devient responsable départemental d'En Marche en Haute-Savoie, d'où est originaire son grand-père, le résistant et haut-fonctionnaire Louis Armand. Le député a fondé une association en mémoire de son aïeul, « admiratif du courage des résistants et extrêmement attaché à (son) histoire familiale », affirme le nouveau ministre sur son site internet.

C'est dans la 2e circonscription de Haute-Savoie qu'Antoine Armand est élu pour la première fois, lors des élections législatives de 2022, sous la bannière de la majorité présidentielle. En 2024, il conserve son siège en s'imposant largement face au candidat du Rassemblement national Anis Bouvard.

Le jeune ministre est également spécialiste des questions énergétiques et défenseur revendiqué du nucléaire. Lors de la précédente mandature, il était rapporteur de la commission d'enquête parlementaire sur la souveraineté énergétique, et a par la suite consacré un ouvrage à la question, intitulé « Le mur énergétique ».

Dans son interview au JDD, Antoine Armand déclare qu'il se battra à Bercy « pour que nos politiques d'investissement d'avenir, de soutien aux usines qui se créent, soient poursuivies et amplifiées. » Une forme d'engagement à poursuivre la politique de l'offre prônée par Emmanuel Macron depuis son élection.

« La compétition internationale implique que l'État soit derrière les entreprises sans faiblir ni alourdir, car les normes n'ont jamais fait une fiche de paie », déclare-t-il.

« Je crois profondément qu'il n'y aura pas d'industrie française forte sans transition écologique aboutie », avance-t-il également.

« Je portais aussi en tant que président de la commission des affaires économiques l'amorce d'un travail parlementaire sur le +salaire décent+, une idée mise en œuvre par le groupe Michelin, que j'emporte avec moi à Bercy ».

Selon La Lettre, le député macroniste est « largement sollicité pour mener la reconquête de la mairie d'Annecy » lors des élections municipales de 2026. La ville des Alpes, où il habite, est tombée aux mains de l'écologiste François Astorg en 2020. Interrogé par Le Dauphiné sur ses ambitions municipales, Antoine Armand reconnaît que « la question se posera ».