Sitôt nommé, aussitôt pressé: le nouveau gouvernement de Michel Barnier, et notamment ses ministres de l'Economie Antoine Armand et du Budget Laurent Saint-Martin, vont devoir s'attaquer sans délai à plusieurs urgences économiques, à la fois sur la scène nationale et au niveau européen.

Boucler le budget 2025

Michel Barnier, qui fera sa déclaration de politique générale « début octobre », envisage de présenter le volumineux projet de loi de finances (PLF) au Parlement le 9 octobre, au lieu du 1er, comme le recommande pourtant la loi organique.

Mais pour pouvoir discuter du budget, encore faut-il que l'Assemblée ou le Sénat se soient déjà prononcés en première lecture sur un autre texte budgétaire, qui donne quitus au gouvernement pour sa gestion des comptes durant l'année précédente. Or ni l'Assemblée nationale issue des dernières élections législatives, ni le Sénat n'ont examiné ce second texte. Pour compliquer encore l'équation, avant d'arriver au Parlement, le projet de budget doit passer sous les fourches caudines du Conseil d'Etat et du Haut Conseil des Finances publiques.

Signe de l'importance de ce dossier explosif, Michel Barnier a souhaité que le ministre du Budget et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, lui soit directement rattaché.

Nouveau gouvernement : qui est Laurent Saint-Martin, le ministre du Budget ?

Rassurer Bruxelles sur le déficit

Visée depuis fin juillet par une procédure européenne pour déficit excessif, comme six autres Etats membres de l'UE, la France doit envoyer d'ici le 20 septembre à Bruxelles son plan de réduction du déficit public.

Selon une récente note du Trésor français, le déficit public pourrait déraper à 5,6% du PIB en 2024 et 6,2% en 2025, après avoir déjà atteint 5,5% du PIB en 2023 (contre 4,9% attendus par le gouvernement de Gabriel Attal). Les Echos ont affirmé vendredi que les dernières prévisions du ministère de l'Economie tablaient même désormais sur un déficit « autour de 6% ». Or l'UE impose à ses membres de contenir leur déficit sous les 3% de PIB.

« Pour être respectée et écoutée en Europe, la France doit remplir ses engagements européens », a insisté mercredi le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau dans un entretien au magazine Le Point. Michel Barnier, qui a été commissaire européen à deux reprises et a négocié le Brexit, devra faire en sorte de rassurer Bruxelles.

S'assurer la confiance des ménages et des entreprises

Investissements des entreprises en berne, épargne des ménages au plus haut... depuis la dissolution de l'Assemblée, l'économie française est pénalisée par un certain attentisme. « La croissance n'aime pas l'incertitude. Les ménages comme les entreprises dépensent plus facilement s'ils y voient clair », rappelait récemment à l'AFP l'économiste de BNP Paribas Hélène Baudchon.

Malgré l'assagissement de l'inflation, repassée en août sous les 2% pour la première fois depuis trois ans, les Français ont épargné près de 18% de leurs revenus au printemps, une proportion historiquement élevée et qui se traduit par une consommation des ménages atone.

Du côté des entreprises, les investissements ont reculé de 0,5% au deuxième trimestre, marqué en juin par l'annonce d'élections législatives anticipées.

La confiance des ménages comme des entreprises pourrait être encore plus mise à mal en cas de hausses d'impôts - alors que la France est déjà un des pays d'Europe et de l'OCDE où leur poids par rapport au PIB est le plus élevé.

Samedi soir, le nouveau ministre de l'Economie Antoine Armand a déjà déclaré que « dans le contexte budgétaire, exclure d'office certains prélèvements exceptionnels et ciblés ne serait pas responsable », tout en soulignant que les classes moyennes seraient « soutenues » et que « si la solution était d'augmenter les impôts, la France serait depuis longtemps la première puissance mondiale ».

Nouveau gouvernement : qui est Antoine Armand, le ministre de l'Economie et des Finances ?