Depuis 1990, La Banque Postale est dépositaire d'une mission de service public d'accessibilité bancaire, qui permet à toute personne de bénéficier gratuitement d'un Livret A pour y déposer son argent et payer ses factures. Une mission que le Rassemblement national compte remettre en cause, en cas de victoire aux législatives, en supprimant la compensation financière versée par l'Etat.

C'est un des piliers des politiques publiques françaises en matière d'inclusion financière. Depuis 1990, La Banque Postale est dépositaire d'une mission de service public d'accessibilité bancaire. Dans ce cadre, elle a l'obligation d'ouvrir gratuitement un Livret A à toute personne, physique ou morale (associations, offices HLM, syndicats de copropriétaire, etc.) qui en a fait la demande. Un Livret A un peu particulier, car destiné à être utilisé comme un compte courant. Il permet donc de domicilier son salaire ou ses prestations sociales, de payer ses factures par prélèvement, de bénéficier d'une carte de retrait ou de chèques de banque...

Près d'un million et demi de personnes en bénéficient. Parmi elles, certaines sont en situation de grande précarité économique. D'autres souffrent d'illettrisme ou d'illectronisme et ont donc besoin d'un accompagnement pour gérer leur argent.

Une compensation versée chaque année

Cette mission de service public est en danger. Comme le pointe Les Echos, le Rassemblement national a annoncé son intention de s'y attaquer en cas de victoire aux futures élections législatives. « Interrogé cette semaine par le média Contexte, le député sortant de la Somme, Jean-Philippe Tanguy (...) a indiqué vouloir mettre un terme à la subvention publique accordée à la filiale de La Poste (...) », indique le quotidien économique. Le spécialiste des questions économiques au RN estime que « ce financement ne devrait pas être assumé par l'Etat mais par les autres banques ».

En échange de cette mission, La Banque Postale touche, chaque année, non pas une subvention, mais une compensation : 287 millions d'euros, par exemple, en 2024. Accomplir cette mission, en effet, a un coût pour la banque publique, qui doit déployer et maintenir d'importants moyens humains et matériels. Ses bénéficiaires ont « besoin d'un accompagnement humain, en bureau de poste, dont ils font un usage intensif : ce million et demi de clients concentre 71% des consultations de solde au bureau de poste, et près de 40% de l'ensemble des opérations bancaires réalisées au guichet », expliquait en 2020 Delphine de Chaisemartin, à l'époque directrice des affaires publiques de La Banque Postale.

La Banque Postale : les dessous du Livret A universel