Wero : la marque, encore peu connue, a toutes les chances de rapidement rentrer dans votre quotidien. Il s'agit en effet du nom du nouveau moyen de paiement européen lancé aujourd'hui en France, en remplacement de Paylib. A quoi ça va vous servir ? Comment ça fonctionne ? Voici les réponses à vos questions.

Jour J pour Wero ! C'est aujourd'hui, lundi 30 septembre, que la nouvelle solution de paiement instantané européenne est officiellement lancée en France, après l'Allemagne début juillet.

Voilà 4 ans qu'elle était en préparation au sein de l'European Payments Initiative (EPI), une société créée par une quinzaine de banques du continent. Objectif : développer une solution capable d'assurer la souveraineté de l'UE en matière de paiements, un secteur sous très forte emprise d'acteurs extra-européens. Le projet initial était de créer un réseau européen de paiement par carte, concurrent de Visa et Mastercard. EPI a dû y renoncer, faute du soutien suffisant des banques de l'Union. Le plan B est une application mobile de paiement - ce qu'on appelle un wallet -, sorte de PayPal à l'européenne.

Evidemment, ce lancement suscite pas mal de questions. A quoi exactement va servir Wero ? Comment va-t-il fonctionner ? Voici nos réponses.

Pour quels types de paiements pourrez-vous utiliser Wero ?

Dans l'immédiat, Wero ne sert qu'à une seule chose : envoyer de l'argent, instantanément et gratuitement, vers un autre compte bancaire. C'est qu'on appelle un paiement « PtoP », de particulier à particulier. La valeur ajoutée est faible par rapport à Paylib entre amis, que Wero va remplacer.

Pourtant, le nouveau moyen de paiement a l'ambition d'aller plus loin, jusqu'à couvrir tous les cas d'usage de la carte bancaire. « D'ici 3 à 4 ans, Wero sera un portefeuille de paiement européen unique offrant à chacun la possibilité de renforcer le contrôle de ses finances, de manière simple et sécurisée, dans le respect de ses besoins en matière de confidentialité des données et de conformité avec la réglementation européenne », explique EPI.

Dès 2025, selon la feuille de route communiquée, il s'ouvrira aux paiements chez les petits commerçants depuis le portefeuille mobile, puis aux paiements en ligne sur les sites marchands, y compris les abonnements en ligne.

En 2026 débuteront les tests pour les paiements de proximité chez les grands commerçants. A terme, Wero permettra aussi d'intégrer les programmes de fidélité de ces commerçants ou d'effectuer des paiements en plusieurs fois.

Comment le paiement se passera-t-il ?

Regardons un peu sous le capot... Les paiements Wero s'effectuent directement de compte bancaire à compte bancaire. Pas besoin, donc, d'ajouter une carte bancaire ou de signer un mandat de prélèvement. Le wallet européen s'appuie en effet sur l'architecture déployée depuis 2017 pour les virements SEPA instantanés, qui permettent d'envoyer de l'argent vers un autre compte bancaire, en moins de 10 secondes, 7 jours sur 7 et 365 jours par an.

Pour les paiements entre particuliers, l'expérience est proche de celle proposée aujourd'hui par Paylib entre amis : le payeur désigne le bénéficiaire grâce à son numéro de mobile, en se rendant dans les contacts enregistrés dans son mobile ou le saisissant directement. Wero va toutefois enrichir cette expérience en proposant, dans un second temps, deux autres modes d'identification : l'adresse e-mail et le QR Code. L'expérience devrait alors être assez proche de celle de PayPal. Le wallet n°1 permet à chaque usager de générer un QR Code personnel qui, une fois scanné, permet de le désigner comme bénéficiaire du paiement.

Le QR Code sera d'ailleurs la technologie de paiement privilégié par Wero. Il sera également utilisé pour les paiements en ligne. Sur la page de paiement du site marchand, il suffira de choisir l'option Wero et de scanner le code QR affiché à l'écran avec son mobile pour finaliser la transaction. Une procédure plus simple, donc, que le paiement par carte bancaire, qui nécessite souvent de compléter nom, prénom, numéro de carte, date d'expiration...

L'expérience sera semblable pour les paiements de proximité, si ce n'est que les professionnels et les commerçants qui accepteront Wero afficheront le QR Code sur l'écran de leur mobile, de leur terminal de paiement ou de leur caisse enregistreuse. Voire sur un simple bout de papier. Bien différent, donc, d'un Apple Pay, qui permet de payer en approchant simplement son mobile du terminal de paiement. Mais EPI y croit : « Le QR code connaît un essor rapide en Europe, et son utilisation s'est largement répandue, notamment auprès de la jeune génération, qui a un pouvoir de prescription important. »

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Comment se passe l'enrôlement pour utiliser Wero ?

Il sera assez simple. Pour ceux qui utiliseront Wero via l'application de leur banque, il suffira d'accepter les conditions générales d'utilisation (CGU) du nouveau service au moment du premier paiement. Une étape qui ne sera nécessaire que pour envoyer de l'argent, pas pour en recevoir.

Sur l'application Wero, l'enrôlement consistera à accepter les CGU et à lier son compte bancaire au wallet. Une validation par authentification forte sera alors nécessaire.

Quelles sont les banques qui proposeront Wero, et quand ?

Dans l'immédiat, 14 banques européennes et 2 fournisseurs de services de paiement font partie du consortium EPI. On y retrouve les principaux groupes bancaires français.

Voici les dates de déploiement annoncées par EPI :

  • Groupe BPCE (Banque Populaire, Caisse d'Epargne, Banque Palatine, Banque BCP, Banque de Savoie, Crédit Coopératif) : entre le 2 septembre et le 2 octobre
  • BNP Paribas + Hello Bank : à partir du 24 octobre
  • Crédit Agricole : le 26 septembre
  • Crédit Mutuel Alliance Fédérale (Crédit Mutuel, CIC) : entre le 25 septembre et le 6 novembre
  • La Banque Postale : le 28 octobre
  • Société Générale : à partir du 24 octobre
  • Crédit Mutuel de Bretagne et du Sud-Ouest : janvier 2025

LCL devrait également proposer prochainement Wero, à une date inconnue pour l'instant. C'est également le cas de Fortuneo, la banque en ligne du Crédit Mutuel de Bretagne, qui annonce une disponibilité « courant 2025 ». Et dans les autres banques ? Mystère. Une chose est sûre : il faudra faire preuve de patience.

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Tous les commerçants accepteront-ils Wero ?

C'est tout l'enjeu pour éviter de faire pschitt : EPI va devoir convaincre les commerçants d'ajouter Wero à la liste déjà longue des moyens de paiements acceptés. La société dispose pour cela de quelques arguments.

Le premier : la tarification. Accepter un paiement Wero ne sera pas gratuit pour les commerçants, qui devront s'acquitter de frais d'accès au système de paiement déployé par EPI et d'une commission versée à la banque du payeur, sur le modèle de la commission d'interchange pour les paiements par carte bancaire. « EPI recrée ici un modèle à l'ancienne, dans lequel la banque qui est à l'origine du versement des fonds, celle qui prend les risques, touche une partie de l'argent facturé au commerçant », note Guillaume Yribarren, directeur d'activité adjoint conseil chez Galitt. « Wero est donc une opportunité pour les banques de générer des revenus, notamment pour financer leurs infrastructures. » Cette tarification, toutefois, est promise « plus transparente et attractive que la plupart des autres solutions » par EPI.

Le second : le temps réel. Lorsqu'un commerçant accepte un paiement par carte, il ne reçoit pas immédiatement l'argent, qui n'arrive sur son compte que le lendemain ou le surlendemain. Avec Wero, ce crédit sera immédiat.

Dans quels pays pourrez-vous payer avec Wero ?

L'objectif est clair : « Wero vise à devenir la référence des consommateurs et des commerçants à travers l'Europe en matière de paiement mobile », a expliqué EPI à MoneyVox. En clair, créer un wallet paneuropéen, utilisable dans le plus de pays possibles.

Reste à concrétiser cette ambition. Tous les pays, dans l'immédiat, n'affichent pas la même appétence pour le projet. Les banques espagnoles présentes à l'origine du projet s'en sont par exemple retirées. Il faut dire que l'Espagne dispose déjà d'un wallet local, Bizum, qui a trouvé son public.

Il est d'ores et déjà possible d'effectuer des paiements vers des comptes détenus en Allemagne par les banques participantes. Wero sera ensuite déployé en Belgique à la fin de l'année 2024. Les Pays-Bas et le Luxembourg suivront, à une date encore à préciser. Et les autres ? Mystère.

Est-ce qu'il faudra télécharger une nouvelle application ?

Pas nécessairement. Comme Paylib entre amis, Wero sera disponible dans l'application mobile des banques participantes. En tout cas dans la majorité d'entre elles. « La plupart des banques préfèrent que le client reste dans son application bancaire mobile, où il voit son solde et ses écritures », explique Guillaume Yribarren. Il y aura au moins une exception : La Banque Postale, qui a choisi d'orienter ses usagers vers l'application proposée par EPI.

En effet, contrairement à ce qui se passe avec Paylib, l'usager aura une alternative : la possibilité de télécharger une application dédiée à Wero dans les stores iPhone et Android. Cette application sera disponible « dès la 2e quinzaine d'octobre 2024 », annonce EPI.

Wero va-t-il remplacer Paylib ?

Oui, Paylib entre amis, le service de paiement entre particuliers des banques françaises qui compte une trentaine de millions d'inscrits, va disparaître début 2025, à la fin de la transition avec Wero.

Qu'en sera-t-il de l'autre fonctionnalité de Paylib, le paiement mobile sans contact en magasin, qui ne fait pas partie des projets de Wero ? Elle ne va pas disparaître, mais sera proposée « sous marque des banques partenaires » d'ici le début de l'année prochaine, explique Paylib à MoneyVox. En clair, les consommateurs qui payent avec Paylib en magasin pourront continuer à le faire, mais plus sous la marque Paylib, appelée à disparaître début 2025.

Wero va-t-il remplacer la carte bancaire ?

Cela paraît très improbable. Wero va venir s'ajouter au large éventail de moyens de paiement électroniques dont disposent déjà les consommateurs pour leurs achats du quotidien, dont le plus populaire, de loin, est aujourd'hui la carte bancaire. Tout l'enjeu sera d'y trouver sa place. Cela passera par un effort de communication, afin de faire connaître la marque, mais aussi par des expériences de paiement plus simples et efficaces que ses concurrents.

Une chose est certaine : l'histoire montre que les usages de paiement évoluent très lentement. Le paiement sans contact par carte bancaire ou par mobile, par exemple, a mis plus de 10 ans avant de convaincre le grand public. Wero devra donc faire preuve de patience.