Sur le marché obligataire, le rendement de la dette française à échéance 30 ans a dépassé les 4,50%, une première depuis 2011, sur fond d'incertitudes croissantes quant à la situation politique et budgétaire en France. Vers 12H20 GMT, il frôlait 4,52% contre 4,45% en clôture lundi.

Plus une obligation est recherchée par les investisseurs, plus son taux va baisser. En revanche, les investisseurs cherchent à être mieux rémunérés lorsqu'ils jugent la dette d'un État plus risquée.

Le taux d'emprunt britannique à 30 ans évoluait lui à des niveaux autour des plus hauts depuis 1998, à 5,69%.

D'autant que la tendance générale est déjà à la hausse des rendements de la dette à long terme, explique Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, à l'AFP.

« Nous observons un lent cercle vicieux : les inquiétudes sur la dette font grimper les rendements, ce qui dégrade les dynamiques de dette, ce qui fait encore grimper les rendements », souligne Jim Reid, économiste à la Deutsche Bank.

« Le catalyseur immédiat est le vote de confiance » à l'Assemblée nationale française, « prévu pour le lundi 8 septembre », qui devrait sceller le sort du gouvernement du Premier ministre François Bayrou, note M. Reid.

« Les investisseurs craignent qu'une nouvelle paralysie politique ne rende le resserrement budgétaire plus difficile, ce qui est inquiétant compte tenu du niveau actuel du déficit français », explique l'économiste.

Sur les marchés d'actions, l'humeur des investisseurs est à la vente et l'aversion pour le risque. En Europe, la Bourse de Paris perdait 0,44%, Francfort cédait 1,79%, Londres 0,68% et Milan 1,28% vers 12H20 GMT.

A Wall Street, les contrats à terme des trois principaux indices laissaient également présager d'une ouverture en nette baisse.

« Une liquidation sur le marché obligataire et un afflux vers le dollar et l'or montrent que les investisseurs se tournent vers les valeurs refuges et les actifs liquides en ce début de semaine », explique Kathleen Brooks, directrice de la recherche chez XTB.

Record de l'or

L'or a en effet grimpé en flèche dans les premiers échanges en Asie mardi, pour atteindre un nouveau sommet historique à plus de 3.508 dollars l'once, surpassant son dernier record d'avril de 3.500,10 dollars, profitant de la ruée vers les valeurs refuges.

« Les retombées de la politique commerciale radicale du président Trump continuent de déstabiliser les investisseurs, les poussant vers les valeurs refuges », explique Susannah Streeter, responsable des marchés chez Hargreaves Lansdown.

« Les investisseurs semblent aussi troublés par les tentatives de Trump d'interférer avec le fonctionnement de la Fed » et craignent pour son indépendance, poursuit-elle. Vers 12H20 GMT, l'or levait le pied, s'établissant à 3.485,75 dollars l'once.

Le dollar retrouve également son rôle de valeur refuge mardi, « les investisseurs se ruant vers l'actif le plus liquide au monde », explique Mme Brooks. Le dollar prenait 0,64% face à l'euro, à 1,1636 dollar pour un euro vers 12H20 GMT.

Le pétrole en hausse

Les cours du pétrole montent mardi, portés par le risque géopolitique, alors que « la Russie demeure inflexible face aux tentatives de cessez-le-feu en Ukraine », souligne Mme Streeter.

Vers 12H20 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord prenait 1,52% à 69,19 dollars et celui de son équivalent américain, le WTI, gagnait 2,64% à 65,70 dollars.

Nestlé change de tête

L'action du géant suisse de l'alimentation Nestlé (-1,01% vers 12H20 GMT) chute mardi à la Bourse suisse après le licenciement de son directeur général à l'issue d'une enquête interne sur une relation amoureuse avec une subordonnée, marquant un nouveau changement abrupt à la tête de l'entreprise.

Klarna entre en Bourse

Le spécialiste suédois du paiement différé a annoncé mardi qu'il allait entrer en Bourse à New York avec l'objectif de lever jusqu'à 1,27 milliard de dollars, sans donner de date. L'action sera vendue entre 35 et 37 dollars, a précisé le groupe.