Les marchés : Le CAC40 imperturbable
La Bourse de Paris commence la semaine du bon pied. Le CAC 40 progresse de 0,92% ce lundi, après avoir grimpé de plus de 1,4% en séance, poursuivant sa belle dynamique après une semaine déjà gagnante de près de 2%. La décision de Fitch d'abaisser la note de la dette française de AA- à A+ vendredi soir n'a finalement eu qu'un impact limité. Largement anticipée, elle était déjà intégrée par les investisseurs. Une fois encore, les agences de notation apparaissent comme des indicateurs retardés, sanctionnant des déséquilibres que le marché avait déjà intégrés. Après Fitch, Moody's et S&P Global donneront à leur tour leur verdict en octobre et novembre. Une nouvelle dégradation est probable, mais elle ne devrait pas déclencher davantage de remous que celle de vendredi. Ce qui change en revanche, c'est la perception du risque français. Selon Goldman Sachs, certaines entreprises comme L'Oréal, Airbus ou encore Axa empruntent désormais à des taux plus faibles que l'État français lui-même. Pour l'heure, les investisseurs préfèrent se tourner vers les grandes échéances macroéconomiques. La Fed est au centre de l'attention cette semaine. Sa réunion de deux jours s'ouvre mardi et devrait déboucher mercredi sur une première baisse de taux depuis le début de l'année. Le refroidissement du marché du travail plaide en ce sens, et le consensus table sur un assouplissement de 25 points de base. Mais la véritable question est désormais de savoir combien d'assouplissements supplémentaires suivront. Les marchés semblent convaincus que le cycle est bel et bien enclenché.
Les valeurs : Airbus, Rubis et Eutelsat
Airbus - Edenred trébuche de nouveau en Bourse. Le spécialiste des titres-restaurant perd 3,65% à 22,94€ ce soir, portant son recul à plus de 28% depuis janvier, plombé par une nouvelle enquête lancée par l'autorité turque de la concurrence. Celle-ci soupçonne Edenred, Pluxee, Multinet et Setcard d'avoir adopté des pratiques anticoncurrentielles, comme la répartition de clients ou l'échange d'informations sensibles. Ce nouveau risque réglementaire s'ajoute à une série de dossiers déjà lourds pour le groupe comme le plafonnement des commissions imposé en Italie, des incertitudes au Brésil et, en France, la perspective d'une réforme du titre-restaurant qui pourrait être retardée par la crise politique. Un contexte tendu qui entretient la méfiance des investisseurs malgré les fondamentaux solides d'Edenred.
Rubis - Rubis attire de nouveau les regards des investisseurs. L'action s'envole de 7% ce soir à 31,2€, ce qui porte sa progression à 32% depuis le début de l'année. À l'origine de ce bond, un article de presse évoquant un intérêt potentiel du fonds d'investissement CVC et du géant suisse du négoce pétrolier Trafigura pour un éventuel rachat du groupe. Spécialisé dans la distribution et le stockage de produits énergétiques liquides, Rubis avait déjà regagné du terrain en Bourse en 2025 grâce à de solides résultats et au soutien de plusieurs actionnaires influents. L'idée qu'un acteur majeur puisse mettre la main sur la société renforce l'attrait du titre, même si rien n'est encore confirmé. Pour les investisseurs, ce regain d'intérêt traduit à la fois la valeur stratégique de Rubis et la possibilité d'une revalorisation significative à moyen terme.
Eutelsat - Le titre éligible au PEA-PME bondit de 8,78% ce soir à 3,22€ affichant une progression de 43% depuis le début de l'année. L'opérateur de satellites profite de l'annonce du renouvellement d'un contrat stratégique avec Multimedios Televisión, un grand groupe mexicain de médias avec lequel il collabore depuis plus de 25 ans. Cet accord permettra à la chaîne hispanophone de continuer à diffuser ses programmes au Mexique, en Amérique latine et au Costa Rica grâce aux capacités satellites d'Eutelsat. Pour le groupe français, ce partenariat assure des revenus récurrents et renforce sa position dans une zone stratégique, tout en confortant la confiance des investisseurs.
Le monde d'après : Le come-back des IPO
Après un printemps paralysé par les droits de douane imposés par Donald Trump, le marché des introductions en Bourse à New York redémarre sur les chapeaux de roues. Klarna a enfin sauté le pas, levant 1,37 milliard de dollars, plus qu'attendu et a vu son titre bondir de 14% dès la première séance. Dans la foulée, Gemini Space Station a enflammé le marché, son action a grimpé de plus de 60% après une offre sursouscrite vingt fois, confirmant l'appétit intact des investisseurs pour les valeurs technologiques et crypto. Cette dynamique profite aussi à d'autres nouveaux entrants comme Figure Technology, Coffee Bar ou Via Transportation. Plusieurs bureaux d'analyse parlent même de la semaine la plus active depuis 2021 pour les IPO de plus de 100 millions de dollars. Un signal fort, la fenêtre de marché semble de nouveau ouverte, malgré les tensions commerciales et la volatilité ambiante. Reste à voir si cette vague se transformera en cycle durable. Les prochains dossiers serviront de test grandeur nature. Mais une chose est claire, Wall Street veut croire au retour des IPO, et l'automne s'annonce décisif pour le marché primaire américain.
L'agenda du lundi : La semaine des banques centrales
Cette semaine, les projecteurs sont braqués sur les banques centrales, avec un calendrier chargé de décisions sur les taux d'intérêt. La Réserve fédérale américaine ouvrira le bal mercredi. Une baisse de 0,25 point est attendue, mais l'enjeu sera surtout de décoder les intentions futures des membres du comité via leur « dot plot », un graphique clé (voir lexique). Le même jour, la Banque du Canada pourrait suivre la Fed avec une baisse de taux. En revanche, la Banque d'Angleterre (jeudi) et la Banque du Japon (vendredi) devraient maintenir le statu quo, confrontées à des équilibres économiques fragiles. Dans ce ballet des taux, les investisseurs scruteront chaque mot des banquiers centraux.
Demain à la Une : Ventes sous surveillance
Demain à 14h30, les investisseurs auront les yeux rivés sur les chiffres des ventes au détail pour le mois d'août aux États-Unis. Cet indicateur mesure la consommation des ménages, un pilier de l'économie américaine. Une baisse est attendue par rapport au mois précédent, ce qui pourrait signaler un ralentissement de la demande face à une inflation toujours présente ou à un marché du travail qui montre des signes d'essoufflement. Ce chiffre influencera directement les anticipations sur la croissance et les décisions futures de la Banque centrale.
Le lexique : Dot plots
Les « dot plots » de la Fed sont des graphiques publiés quatre fois par an. Ils indiquent les prévisions de ses membres concernant les taux d'intérêt futurs. Chaque point représente la prévision d'un membre pour les mois à venir. Ces graphiques offrent ainsi une perspective sur les anticipations de la politique monétaire de la Fed, bien qu'ils ne soient pas des engagements fermes. Ils aident les investisseurs à comprendre les orientations possibles des taux d'intérêt et reflètent le consensus, ou l'incertitude, parmi les membres de la Banque centrale américaine.