Les marchés : Le psychodrame du shutdown
Les marchés démarrent la semaine dans le vert. Le CAC 40 gagne 0,13% à 7 881 points et frôle désormais les 7 900, en gain de 7% depuis le début de l'année. Pour le moment, le S&P 500 et le Nasdaq gagnent respectivement 0,3% et 0,6% ce lundi (+13% et +17% en 2025). Les marchés sont une nouvelle fois soutenus par l'espoir d'une baisse des taux. Surtout, ils ne semblent pas trop perturbés par le traditionnel psychodrame américain. Le “fameux” shutdown est de retour, nous y avons droit plusieurs fois par année désormais.
Comme toujours, l'impasse budgétaire au Congrès, avec un désaccord persistant entre républicains et démocrates, pourrait provoquer une fermeture de nombreuses agences fédérales dès mercredi, premier jour de l'exercice fiscal 2026 du gouvernement américain. C'est l'actu du jour, reléguée au second plan avant une semaine chargée en nouvelles données économiques. Faute de catalyseurs majeurs, le secteur du luxe a tiré son épingle du jeu à Paris aujourd'hui. Kering (+4,7%), Hermès (+2,4%) et LVMH (+1,4%) profitent d'un relèvement d'objectifs de cours par UBS, on en reparle dans cette édition. À l'inverse, Interparfums cède 1,8%, pénalisé par une dégradation de recommandation de Bank of America. Bonduelle grimpe de 2,2% après la publication de ses résultats annuels.
Enfin, sur le marché des matières premières, l'or poursuit son ascension fulgurante et franchit pour la première fois le seuil des 3 800$ l'once. Un refuge que les investisseurs continuent de privilégier, à l'approche d'un mois d'octobre placé sous le signe de la nervosité. En parlant d'or, nous vous réservons une surprise pour l'édition de ce week-end...
Les valeurs : Kering, Exosens et Bonduelle
Kering Kering retrouve des couleurs ! Le titre progresse de 4,71% ce lundi à 287,95€, signant un plus haut annuel et portant son gain à plus de 20% depuis janvier. La maison mère de Gucci profite d'un regain d'optimisme d'UBS qui relève son objectif de cours de 215€ à 251€, estimant que la marque italienne montre des signes positifs avant la publication de ses résultats du 3ème trimestre, prévue le 22 octobre. Après plusieurs années de contre-performance, Gucci reste le talon d'Achille du groupe Kering, avec des ventes en recul de 25% au 2ème trimestre. Mais l'arrivée récente de Luca de Meo à la direction générale nourrit l'espoir d'un redressement. Spécialiste de la restructuration, l'ancien patron de Renault est attendu au tournant pour relancer la croissance et réduire les coûts. Pour UBS, les prochains résultats pourraient confirmer une stabilisation progressive des ventes, signe que le pire est peut-être derrière Kering.
Exosens Ce soir, Exosens progresse de 3,29% à 44€, portant son envolée à plus de 125% depuis janvier. Le spécialiste français des technologies de détection et de vision nocturne a annoncé une commande majeure de l'armée espagnole, portant sur 17 000 appareils monoculaires de nouvelle génération, livrables entre 2025 et 2028. Cette opération, estimée à 85 millions d'euros, illustre la place stratégique d'Exosens comme fournisseur clé des pays de l'OTAN. Déjà présent en Allemagne, au Royaume-Uni et en Pologne, le groupe renforce encore sa position grâce à une offre complète qui accroît la valeur de ses contrats. Ce nouveau succès s'inscrit dans un contexte porteur de hausse des budgets de défense en Europe. Les bureaux d'analyse saluent une trajectoire de croissance soutenue, avec Stifel qui vise jusqu'à 47€ par action, et une rentabilité attendue au-dessus des standards du secteur.
Bonduelle Le spécialiste du légume gagne 2,17% ce lundi à 8€ (+22% en 2025). Le groupe éligible au PEA-PME a dévoilé des résultats annuels en nette amélioration, avec une perte nette fortement réduite à 11,5 millions d'euros, contre près de 120 millions un an plus tôt. Le résultat opérationnel ressort à 83,8 millions d'euros, légèrement supérieur aux attentes, tandis que la marge opérationnelle progresse à 3,8%. Ce redressement est soutenu par la bonne dynamique des plats préparés aux États-Unis, qui compense une activité plus difficile en Europe. La société nordiste valide les objectifs de son plan de transformation et vise un rebond de sa rentabilité à 90 millions d'euros d'ici juin 2026. Bonduelle proposera par ailleurs à l'assemblée générale du 4 décembre un dividende de 0,25€ par action, en hausse par rapport à l'an dernier. Malgré un contexte de consommation toujours fragile, les investisseurs saluent les progrès réalisés et le redressement amorcé aux États-Unis.
La recommandation du jour : Le club s'agrandit
Né il y a deux ans, le groupe des Sept Magnifiques de Wall Street (Nvidia, Microsoft, Apple, Amazon, Alphabet, Tesla et Meta) a porté la Bourse américaine à bout de bras. Mais le souffle de l'intelligence artificielle qui les a propulsés gagne désormais d'autres géants. Palantir, champion de l'analyse de données, enchaîne les records avec une capitalisation qui a déjà dépassé les 400 milliards de dollars.
Oracle, longtemps perçu comme un dinosaure de la Silicon Valley, a flambé de 36% en une seule séance début septembre grâce à son carnet de commandes dans le cloud. Broadcom et AMD complètent ce tableau où les frontières de la domination boursière se brouillent. L'unité du club des sept vacille aussi de l'intérieur. Nvidia s'envole (+33% en 2025), quand Apple (+2%) et Tesla (+9%) peinent à suivre. De quoi relancer le débat : faut-il élargir ce groupe de stars boursières ? Bloomberg propose les « Great Eight » ou « Golden Dozen ».
Le CBOE (voir lexique) a même lancé un indice « Magnificent 10 » incluant Palantir, Broadcom et AMD. Mais résumer la vague IA à une poignée de titres reste périlleux. Les investisseurs le savent : les futures stars de la cote pourraient surgir bien au-delà de ce cercle restreint, comme l'illustrent Schneider Electric et Legrand en France, deux entreprises dont les destins boursiers divergent malgré leur exposition commune aux data centers et à l'IA.
Le monde d'après : Fin de partie
Electronic Arts sort de Wall Street ! L'éditeur de jeux vidéo derrière les célèbres franchises FIFA (rebaptisé EA Sports FC) et Battlefield annonce son rachat par un consortium d'investisseurs mené par le fonds souverain saoudien PIF, Silver Lake et Affinity Partners, la société de Jared Kushner, le gendre de Donald Trump. L'opération, valorisée 55 milliards de dollars, valorise le titre à 210 dollars, soit une prime limitée par rapport à son dernier cours de Bourse. Cette transaction marque l'une des plus importantes sorties de cote de l'histoire, dépassant largement le précédent record de 32 milliards de dollars établi en 2007. L'annonce a propulsé l'action Electronic Arts de près de 15% vendredi dernier, après des rumeurs d'offre. Pour les actionnaires, c'est une victoire en demi-teinte, la prime étant modeste. Au-delà du coup financier, cette acquisition intervient dans un moment charnière pour EA, qui reste très dépendant de sa franchise sportive FIFA. Le ralentissement des ventes et les perspectives abaissées ces derniers mois soulignaient la difficulté du groupe à lancer de nouvelles licences majeures. Avec le soutien de ses nouveaux investisseurs, EA va désormais tenter d'écrire un nouveau chapitre... loin des contraintes de la Bourse.
L'agenda du lundi : Le rapport sur l'emploi US
Cette nouvelle semaine boursière sera marquée par plusieurs temps forts. En trame de fond, les développements géopolitiques continueront d'animer le secteur de la défense, Donald Trump promet un accord imminent pour Gaza. D'un point de vue économique, les prochaines séances seront marquées par de nouveaux indicateurs d'inflation, notamment en zone euro, et par une batterie d'indices PMI sur l'activité économique. Mais comme chaque première semaine du mois, c'est le rapport sur l'emploi américain qui attirera le plus l'attention, vendredi après-midi. L'emploi ralentit aux États-Unis et seules 51 000 créations d'emplois sont attendues pour le mois de septembre. Un résultat inférieur pourrait relancer les espoirs de nouvelles baisses de taux à Wall Street. On en reparle vite !
Demain à la Une : L'inflation de septembre
La semaine boursière débutera véritablement demain, après un lundi plutôt calme sur les marchés. Au programme ce mardi, le PIB britannique, un bilan de santé de l'industrie chinoise et les derniers chiffres d'inflation en France et en Allemagne. Wall Street suivra également un indice de confiance des consommateurs américains, dans le courant de l'après-midi. D'un point de vue technique, les acheteurs viseront les 7 925 et 8 000 points sur le CAC dans les prochaines séances. Et les vendeurs, les 7 865 et 7 800.
Le lexique : Le CBOE
Le CBOE (Chicago Board Options Exchange) est la plus grande Bourse américaine spécialisée dans les produits dérivés. Fondée en 1973 à Chicago et historiquement centrée sur les options, elle propose aujourd'hui une large gamme d'instruments financiers : options, contrats à terme, indices boursiers, produits liés aux taux d'intérêt ou encore aux cryptomonnaies. Le CBOE joue un rôle clé dans la gestion du risque et la spéculation sur les marchés financiers, en offrant aux investisseurs, particuliers comme institutionnels, des outils pour se couvrir contre les fluctuations ou tirer parti de la volatilité.