Depuis la dissolution de l'Assemblée nationale, en juin 2024, par le président Emmanuel Macron, la France traverse une période d'instabilité politique sans précédent sous la Vème République. En effet, deux premiers ministres ont déjà quitté Matignon.
Cette situation pèse lourdement sur la confiance et le moral des investisseurs et se reflète dans les performances du CAC 40, qui accuse un sérieux retard par rapport aux principales places boursières européennes.
Depuis le début de l'année, l'indice parisien accuse un retard significatif par rapport à ses homologues européens. Dans le détail, d'après les calculs de l'agence Bloomberg, au début du mois de septembre 2025, le CAC 40 affiche une progression annuelle de près de 5%, contre plus de 20% pour les indices boursiers allemand, italien et espagnol.
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La dette publique focalise les regards
Pour ne rien arranger, à cette crise politique s'ajoute une dégradation de la perception de la dette française auprès des investisseurs. Le taux d'endettement dépasse désormais 120% du PIB, et « les créanciers réclament des primes de risque plus élevées pour financer l'État français, perçu comme plus fragile que l'Allemagne par exemple », indique Christopher Dembik, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.
Résultat : les conditions d'emprunt se durcissent, ajoutant une incertitude supplémentaire au climat économique actuel.
Dans ce contexte volatil, les professionnels des marchés appellent à la prudence. La remontée des taux d'intérêt sur le marché obligataire alourdit le coût de la dette pour les entreprises, ce qui est de nature à freiner leurs investissements et à réduire leur potentiel de croissance.
Pour les épargnants, l'erreur serait de céder à la panique et de vendre dans la précipitation. L'histoire des marchés financiers a montré à maintes reprises que les investisseurs particuliers ont souvent tendance à agir à contre-courant : ils achètent en période d'euphorie, lorsque les cours de Bourse sont élevés, et désinvestissent lors des périodes de correction.
Cette approche est rarement la bonne d'après les professionnels que nous avons interrogés. Selon eux, il est important de faire preuve de sang-froid et de conserver une vision d'investissement à long terme.
Des fondamentaux toujours solides
En effet, les perspectives pour la Bourse de Paris ne sont pas aussi sombres qu'il n'y paraît. Le consensus FactSet prévoit toujours une hausse des bénéfices des entreprises du CAC 40 en 2025. Loin de paniquer, les gérants ajustent d'ailleurs leurs portefeuilles pour tenir compte de cette nouvelle donne.
Face à l'incertitude, ils se tournent notamment vers des groupes fortement internationalisés, disposant d'un puissant « pricing power », c'est-à-dire d'une capacité à augmenter leurs prix sans perdre leurs clients.
Des valeurs industrielles, à l'image d'Air Liquide ou de Schneider Electric, sont également plébiscitées par les professionnels pour la solidité de leurs fondamentaux, tout comme les entreprises affichant un rendement attractif.
Des titres comme Engie ou encore Orange séduisent également les investisseurs en quête de dividendes élevés et réguliers. C'est également le cas pour les valeurs du secteur bancaire (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole) qui « offrent des valorisations toujours attractives malgré leur forte performance affichée depuis le début de l'année », précise Thomas Brenier, associé-gérant et directeur de la gestion Actions chez Lazard Frères Gestion.
Les banques Société Générale, BNP Paribas et Crédit Agricole creusent l'écart avec le CAC 40
Conserver des liquidités pour saisir les opportunités
Enfin, les experts recommandent de conserver une poche de liquidités, afin de pouvoir saisir des opportunités d'achat à bon compte en cas de correction boursière. Mais ils rappellent également un principe fondamental : tout investissement en actions comporte un risque de perte en capital car la volatilité est inhérente aux marchés boursiers.
En conséquence, tout placement en Bourse doit être envisagée sur le long terme, avec une stratégie adaptée à la tolérance au risque de chacun.