Retrouvez l'analyse de la séance bourse du lundi 10 juin avec les experts de Meilleurtaux Placement.

Les marchés : Rouge vif

Le CAC 40 signe l'une de ses plus fortes baisses de l'année, au lendemain de la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron : -1,35% à 7 894 points. Quelques rares actions ont réussi à sauver les meubles au sein du CAC, mais globalement les baisses sont marquées.

En particulier dans le compartiment bancaire, sensible à l'évolution des taux et au contexte (géo)politique : Société Générale signe la plus forte chute du CAC ce soir (-7,5%), suivie par BNP (-4,8%). L'incertitude politique jette un froid sur l'indice français qui sous-performe nettement ses pairs européens, Francfort et Milan ne perdent que 0,4% ce soir. Quant à Wall Street, les principaux indices américains évoluent globalement à l'équilibre pour le moment. Les prises de bénéfices et la hausse des taux pèsent, dans ce contexte, sur les actions tricolores.

Ce soir, le 10 ans français s'envole de plus de 12 points, à 3,24%, au plus haut depuis novembre. L'écart avec l'Allemagne se creuse sensiblement aujourd'hui (2,67% pour le Bund 10 ans). Pour rappel, en plus du contexte politique actuel, Standard & Poor's a dégradé en début de mois la note souveraine de la France. Le contexte boursier est donc morose ce lundi. Toutefois, Air Liquide annonce une excellente nouvelle pour ses actionnaires.

Les valeurs : Société Générale, Vinci et Medincell

Société Générale Les actions de la banque française au logo rouge et noir chutent de 7,46% ce soir, à 24,08€, principalement en raison de la dissolution de l'Assemblée. Cette décision stimule l'incertitude politique, impactant particulièrement le secteur bancaire. Les banques, en général, réagissent fortement à de telles nouvelles en raison de leur nature cyclique et de leur exposition à la conjoncture économique. Bien que les taux des CDS montrent que le risque perçu reste faible, l'incertitude quant au futur programme économique du RN et ses impacts potentiels sur les finances publiques contribuent à la nervosité des investisseurs. Du moins, à court terme. À ce jour, le titre est neutre depuis le début de l'année.

Vinci Les actions de Vinci et Eiffage chutent également de manière significative, perdant respectivement 5,37% et 5,48%. Ces baisses sont principalement dues aux craintes de nationalisation des autoroutes, une proposition du Rassemblement national lors des présidentielles de 2022. Ces actifs sont cruciaux pour les deux groupes, avec des marges d'Ebitda extrêmement élevées, représentant une part substantielle de leur génération de cash. Le marché redoute en effet que Vinci et Eiffage puissent être expropriés de leurs actifs lucratifs, bien que toute renationalisation impliquerait une indemnisation significative, estimée entre 40 et 50 milliards d'euros.

Medincell La pharmaceutique éligible au PEA-PME cède 1,59% à 14,88€ malgré l'annonce de résultats annuels 2023 encourageants, marqués par l'approbation aux États-Unis d'un traitement contre la schizophrénie, développé avec le laboratoire israélien Teva. Medincell progresse également dans le développement d'un autre antipsychotique. La baisse du jour pourrait s'expliquer par des prises de bénéfices après que l'action ait doublé depuis le début de l'année, sur fond d'inquiétudes sur la pérennité de sa trésorerie, malgré une réduction de 43% de sa consommation sur un an.

L'agenda du lundi : les derniers chiffres d'inflation

Les tensions politiques devraient encore se faire ressentir à la Bourse de Paris dans les prochaines séances. Sur le front économique, plusieurs temps forts sont attendus. À commencer par l'inflation américaine (IPC) et la réunion de la Fed mercredi. Pas de suspens, la Fed n'abaissera pas ses taux à cette occasion, mais le fera au mieux à l'automne, voire à l'hiver.

Mais comme toujours, le discours de Powell, à partir de 20h30 heure française, sera comme toujours suivi de près par les investisseurs en quête d'indices sur le futur de la politique monétaire américaine. Après l'indice américain des prix à la consommation, place à celui de la production jeudi après-midi, on en reparle dans le lexique ci-dessous. Vendredi enfin, ce sera au tour de la France de dévoiler ses derniers chiffres d'inflation, avant le traditionnel indice de confiance des consommateurs américains mesuré par l'université du Michigan.

Reste à savoir si le CAC 40 parviendra à rebondir, et à effacer ses pertes du jour en revenant au-dessus des 8 000 points. D'ailleurs, quels sont les grands niveaux techniques à surveiller sur le CAC ?

Demain à la Une : Les niveaux à surveiller

Aucune actu majeure n'est attendue demain sur le front économique. De ce point de vue, la semaine débutera véritablement mercredi, comme bien souvent. On profite de l'occasion pour vous indiquer les grands niveaux techniques que l'on surveillera sur le CAC 40 dans les prochaines séances, en particulier si la pression baissière se maintient avec les supports des 7 800 et 7 680 points par extension, avant le seuil psychologique (et assez lointain) des 7 500. Côté résistances, les 7 925 et 8 000 points devraient être les principaux objectifs visés par les acheteurs. Et par extension, les 8 100. À suivre !

Le monde d'après : 3 secteurs à surveiller

L'élection de ce week-end a remué le paysage politique européen et agite les marchés financiers. Le bureau d'analyse Oddo BHF, dans une analyse pré-électorale, avait identifié les secteurs clés qui pourraient être influencés par les résultats des Européennes. Outre les banques, les constructeurs automobiles devraient être secoués. Les entreprises de la défense et les fabricants de semi-conducteurs seraient au contraire soutenus par l'UE et le contexte géopolitique.

Au niveau européen, alors que les nationalistes et les partis radicaux ont progressé, la majorité du Parlement demeure entre les mains d'une coalition plus centriste, ce qui suggère une continuité de son action plutôt qu'un changement majeur. Notamment sur le soutien aux semi-conducteurs et à la défense. Cette stabilité est cruciale pour les investisseurs qui observent comment l'Europe positionne ses secteurs clés face aux grands enjeux du moment.

Le rapport d'Oddo indique qu'un des grands gagnants de cette nouvelle configuration politique devrait être le secteur des semi-conducteurs, dont le franco-italien STMicroelectronics, grâce à l'European Chips Act entré en vigueur en septembre 2023. Ce règlement vise à ce que les groupes européens doublent leur part dans la production mondiale de puces, de 10% à 20% d'ici à 2030. A contrario, d'autres secteurs pourraient faire face à des difficultés importantes, en raison de la pression politique pour accélérer la transition énergétique, singulièrement le secteur automobile.

Le lexique : IPC & IPP

Indice des prix à la consommation (IPC).

Indicateur économique majeur qui mesure l'évolution, dans le temps, des prix d'un panier fixe de biens et services couramment achetés par les ménages. L'indice est couramment utilisé pour estimer l'inflation, c'est-à-dire la hausse générale des prix. L'IPC aide à estimer le pouvoir d'achat des consommateurs et est souvent utilisé pour ajuster les salaires, les pensions et les taux. L'indice américain de mai sera publié mercredi à 14h30, c'est la donnée la plus attendue de la semaine par les marchés.

Indice des prix à la production (IPP).

Indice qui mesure l'évolution des prix de vente des biens produits par les entreprises, avant qu'ils atteignent le consommateur. L'indicateur prend en compte les biens intermédiaires (ceux utilisés pour produire d'autres biens) ainsi que les biens finis. L'IPP est un indicateur précoce des tendances inflationnistes puisqu'une hausse des coûts de production peut se répercuter sur les prix à la consommation. C'est cet indicateur, plus secondaire que l'IPC, que le marché surveillera jeudi après-midi.