La synthèse de la journée boursière du vendredi 5 juillet avec les experts de Meilleurtaux Placement.

Les marchés : Records à Wall Street et Tokyo

Presque ! Le CAC 40 a frôlé le sans-faute en cette fin de semaine. Après son rebond des derniers jours, il cède finalement 0,26% ce soir, à 7 676 points. Petit point d'étape : l'indice français réduit à 4% ses pertes depuis la dissolution de l'Assemblée, grâce à son rebond de 2,6% cette semaine. L'incertitude persiste quant à l'issue du second tour des législatives, mais l'impact des élections devrait diminuer la semaine prochaine, 60% du chiffre d'affaires des grands groupes cotés à Paris étant réalisé à l'étranger. De quoi minimiser l'effet immédiat des élections sur leurs activités, d'autant qu'aucune majorité claire ne semble émerger selon les sondages.

Mais gare aux sondages... ils se sont déjà trompés un grand nombre de fois ces dernières années. Au Royaume-Uni, ils étaient toutefois bons, compte tenu de l'énorme écart entre Travaillistes et Conservateurs. La victoire attendue des Travaillistes aux élections générales met fin à 14 ans de règne conservateur mais a peu affecté les marchés : le Footsie a été stable l'essentiel de la séance, avant de fléchir après 15h30 pour finalement céder 0,6% en cette fin de journée. Côté américain, les chiffres de l'emploi aux États-Unis pour juin ont été légèrement supérieurs aux attentes, avec 206 000 emplois non agricoles créés, selon le Département du Travail (pour un consensus fixé à 191 000).

La publication est un non événement, beaucoup espéraient des chiffres nettement inférieurs pour relancer les spéculations sur les baisses de taux de la Fed. Le S&P 500 et le Nasdaq s'offrent tout de même de nouveaux records historiques, en gain de 16% et 22% depuis le 1er janvier. Tokyo n'est pas en reste, le Nikkei frôle également son plus haut niveau historique depuis peu, de retour au-dessus des 40 000 points.

Les valeurs : STMicroelectronics et Soitec, Eurofins et Fermentalg

STMicroelectronics et Soitec Les deux spécialistes français des semi-conducteurs gagnent respectivement 2,21% et 5,06% ce soir à la Bourse de Paris, grâce aux bonnes perspectives de Samsung. Soitec signe la meilleure performance du SBF 120. Le mastodonte sud-coréen anticipe une forte progression de son bénéfice d'exploitation (voir lexique) au deuxième trimestre, portée par une demande accrue pour l'intelligence artificielle.

Dans le détail, Samsung prévoit une hausse de 23,3% de ses ventes entre avril et juin, à près de 50 milliards d'euros, soit sa plus forte croissance trimestrielle depuis les sommets atteints en 2021. Les prévisions de Samsung pour son bénéfice d'exploitation sont particulièrement impressionnantes : il devrait atteindre 7 milliards d'euros, soit 15 fois plus que l'année dernière. Ces résultats surpassent nettement les attentes des analystes. Samsung gagne près de 3% ce vendredi et entraîne dans son sillage les entreprises de semi-conducteurs cotées à Paris, dont et Soitec, qui bénéficient également de ces perspectives favorables.

Eurofins Le laboratoire français poursuit sa contre-offensive. Nous vous en parlions ces derniers jours, le vendeur à découvert américain Muddy Waters l'a récemment attaqué. Spécialiste des analyses médicales et alimentaires, Eurofins a rejeté une seconde série d'allégations de Muddy Waters et a mandaté Ernst & Young pour un audit indépendant de sa comptabilité. Depuis la semaine dernière, une bataille fait en effet rage entre Eurofins et Muddy Waters.

Après une première offensive, le groupe français a réfuté 13 points, notamment des critiques sur ses revenus par salarié. Mercredi, Muddy Waters a intensifié ses attaques en questionnant davantage la comptabilité de la société, évoquant une « balkanisation » des entités légales pour générer des recettes fictives. Eurofins a alors vu son action chuter. Deux jours plus tard, le laboratoire riposte à nouveau en contestant dix nouveaux points de Muddy Waters. Et visiblement, le feuilleton est loin d'être terminé... Le titre est en tête du CAC 40 ce soir : +4,38% à 47,93€ (-18,5% en 2024).

Fermentalg Ce nom ne vous dit peut-être rien. Le spécialiste de l'exploitation industrielle des microalgues, éligible au PEA-PME, cède ce soir 9,08% à 0,45€. Particulièrement volatil, le titre réagit à la publication d'un chiffre d'affaires semestriel en ligne avec les attentes. Visiblement, les investisseurs en ont profité pour prendre quelques bénéfices. Le CA s'élève à 6,3 millions d'euros sur les six premiers mois de l'année, pratiquement triplé sur un an. Pour le second semestre, Fermentalg prévoit une activité tout aussi robuste, avec un objectif de chiffre d'affaires annuel de 12 millions d'euros, soit trois fois plus qu'en 2023. En gain de 55% depuis le 1er janvier, l'action se distingue parmi les plus fortes hausses de 2024 à Paris. À suivre !

Le monde d'après : 2 géants misent sur les data centers

Face au ralentissement du secteur de la construction, Schneider Electric et Legrand se tournent vers les data centers comme nouveaux moteurs de croissance. Ce n'est pas intuitif... Les deux entreprises constatent en effet une demande accrue pour les centres de stockage de données, notamment avec la montée en puissance de l'IA générative. Et elles comptent bien en profiter ! Le marché des data centers, en forte expansion, représente désormais une part significative de leurs commandes : 21% pour Schneider et 15% pour Legrand en 2023, contre 5% seulement en 2015. Leurs solutions visent à réduire la consommation énergétique de ces installations, un enjeu crucial alors que les coûts de l'énergie restent élevés.

Clairement, les deux groupes ambitionnent de devenir les leaders incontournables sur ce créneau. Pour y arriver, ils investissent massivement en recherche et développement. En 2023, 40% de la croissance du carnet de commandes de Schneider provenaient de produits et services développés ces trois dernières années. Legrand, en plus de ses efforts en R&D, poursuit une politique dynamique d'acquisitions ciblant des entreprises leaders dans les secteurs des data centers et de l'efficacité énergétique. Bon à savoir pour les actionnaires, depuis l'introduction en Bourse de Legrand en 1970, son dividende n'a jamais baissé. Le retour aux actionnaires est une priorité du groupe. Legrand et Schneider sont en hausse de 5% et de 44% en Bourse sur un an.

Le lexique : Le bénéfice d'exploitation

Le bénéfice d'exploitation, également connu sous le nom de résultat d'exploitation ou résultat opérationnel, est une mesure financière clé qui représente le profit réalisé par une entreprise grâce à ses activités principales, avant la prise en compte des charges financières, des impôts, des revenus et dépenses exceptionnels. Il est calculé en déduisant les charges d'exploitation (comme les coûts de production, les salaires et les frais généraux) du chiffre d'affaires. Ce bénéfice est essentiel pour évaluer la rentabilité opérationnelle et la performance économique de l'entreprise par rapport à ses concurrentes.