Voici ce qu'il faut retenir de la journée du lundi 5 août sur les marchés boursiers.

Les marchés : Récession

Le mot est désormais omniprésent dans les médias financiers. Marc Fiorentino vous en parlait : le CAC 40 perd 1,42% ce soir et clôture à 7 149 points, au plus bas depuis novembre. Ce matin, il a même frôlé le seuil symbolique des 7 000 points, autour des 7 030, et abandonne désormais 5,2% depuis le début de l'année. Des deux bords de l'Atlantique, les valeurs technologiques sont fortement pénalisées, après des résultats trimestriels mitigés ces dernières semaines. En France, Teleperformance (-5,4%), Stmicro (-4,1%) et Capgemini (-2,4%) signent certaines des pires performances du CAC.

À Wall Street, le Nasdaq perd près de 4% ce lundi, lesté par les chutes de Tesla (-5,6%) et d'Apple (-3,3%). Autre actif risqué, le Bitcoin perd près de 10% aujourd'hui et teste son support psychologique des 50 000$. Toutes les cryptos sont sous tension avec des baisses dépassant parfois les 20% pour cette seule séance. En plus des craintes de récession économique et de la chute des techs, le risque d'embrasement du Moyen-Orient n'arrange pas les choses...

Dans ce contexte, “l'indice de la peur” Vix qui reflète les inquiétudes et la volatilité du S&P 500 s'envole à 35, au plus haut depuis la pandémie de Covid. Côté monétaire, les attentes autour de la baisse des taux de la Fed en septembre s'envolent aussi, avec une probabilité estimée à 70% par le consensus de marché pour une réduction de 0,50%. Face au risque de récession, ou en tout cas de ralentissement économique, les banques centrales n'ont plus le choix. Elles doivent baisser les taux, comme anticipé ces derniers mois. Reste à savoir si elles seront à la hauteur de l'événement d'ici la fin de l'année.

Les valeurs : Société Générale, Air Liquide, Equasens

Société Générale La banque française perd 1,7% ce soir à 20,18€. SG annonce la vente de deux de ses filiales, l'une au Royaume-Uni et la seconde en Suisse, pour un montant global de 900 millions d'euros, à Union Bancaire Privée (Suisse). Cette transaction, qui transfère également les portefeuilles et collaborateurs, est vue par certains comme une tentative de la troisième banque française par capitalisation de concentrer ses efforts sur des segments plus rentables. Toutefois, l'annonce survient dans un contexte difficile pour la banque qui avait déjà vu son action chuter la semaine dernière (-14%) après des résultats décevants pour le deuxième trimestre, notamment de mauvaises performances de sa banque de détail en France et la révision à la baisse de ses prévisions de marges. Depuis le début de l'année, le titre cède plus de 15%.

Air Liquide Le géant français est l'un des rares à sauver les meubles ce soir, après l'annonce d'une hausse de son résultat net de 3,3% au premier semestre 2024, à 1,68 milliard d'euros. C'est une augmentation impressionnante de 16% hors effet de change. Aujourd'hui, UBS a réitéré son conseil à l'achat avec un objectif de prix de 195 euros, soit un potentiel de hausse de 20%. La banque suisse met en avant une croissance solide des volumes et du bénéfice avant intérêts et impôts. Ses analystes prévoient une croissance organique des ventes de 5% au deuxième semestre, ainsi qu'une hausse des marges. Air Liquide reste confiant dans sa capacité à améliorer encore sa marge opérationnelle et à augmenter son résultat net. Pour plus de détails, consultez analysant les points fondamentaux et techniques de la valeur, notre préférée au sein du portefeuille défensif de long terme. L'action clôture la séance en recul de 0,29% à 163€ (+2% YTD).

Equasens Le spécialiste des solutions logicielles de santé, éligible au PEA-PME, voit son chiffre d'affaires chuter de 4,1% au premier semestre 2024, à 108 millions d'euros, avec une baisse de performance marquée sur un an. Malgré une amélioration au deuxième trimestre, des investissements intensifs et un contexte économique difficile pèsent sur ses résultats. La société prévoit toutefois un retour à la croissance dès le second semestre, grâce à ses innovations et sa croissance externe, tout en anticipant une rentabilité décevante pour 2024. Le titre perd 0,77% ce soir, à 45,1€ et -26% depuis le début de l'année.

L'agenda du mardi : Stop ou encore ?

Au-delà des actus de la semaine, l'attention des investisseurs sera braquée sur le risque de contagion de la panique actuelle. Rebond imminent ou poursuite de la dégringolade ? Les publications de la semaine risquent de passer au second plan. D'autant qu'il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. On attend tout de même la balance commerciale chinoise mercredi et l'inflation allemande vendredi. Du côté des entreprises, les mastodontes les plus attendus ont déjà dévoilé leurs résultats trimestriels, on touche à la fin de la saison de publication.

Demain à la Une : Les niveaux à surveiller

Outre le risque de contagion, les investisseurs surveilleront demain la balance commerciale américaine et les commandes à l'industrie en Allemagne. Là aussi, deux publications de second ordre par rapport à la panique boursière. D'un point de vue technique, plusieurs niveaux sont à suivre sur le CAC 40. Les supports des 7 090 et 7 000 points par extension, en cas de poursuite de la baisse. Et les résistances des 7 170 et 7 250 en cas de rebond. Affaire à suivre !

Le monde d'après : La chute de Tokyo

Les places boursières asiatiques ont subi des pertes spectaculaires ce lundi, plombées par les craintes d'une récession aux États-Unis et par la chute des valeurs de la tech. Un vent de panique souffle sur les marchés avec le risque de turbulences économiques, cristallisées par les dernières données sur l'économie américaine... Cette nuit, le Nikkei japonais a perdu 12,4%, à 31 458 points. Exprimée en points, c'est sa plus forte baisse historique. Un plongeon rappelant les heures sombres du lundi noir de 1987. Depuis son pic atteint mi-juillet, le Nikkei perd désormais 25%. L'écho de cette chute résonne jusqu'en Europe, où les indices boursiers ont également fortement baissé, actant la contagion et l'incertitude économique au niveau mondial, illustrée par une volatilité accrue sur les marchés des changes et un indice de la peur (VIX) en hausse de plus de 50% aujourd'hui. Mais ce n'est pas tout. La Bourse japonaise souffre aussi du “carry trade”. Ces dernières années, les investisseurs locaux empruntaient à des taux négatifs pour investir leurs capitaux sur des marchés à risque, en particulier en Bourse. Avec une hausse de plus de 10% du yen en moins d'un mois et un retour symbolique des taux positifs opéré par la Banque centrale japonaise (une première depuis 2008), les investisseurs ont massivement vendu leurs titres pour rembourser leurs emprunts. Au sein des banques, les appels de marge (voir lexique) ont été nombreux cette nuit... On attend avec impatience de savoir si la Bourse japonaise va se stabiliser dans les prochaines séances !

Le lexique : Les appels de marge

Les appels de marge sont des demandes émises par un courtier à un investisseur pour déposer des fonds supplémentaires, ou des titres supplémentaires, dans son compte de courtage lorsque sa valeur tombe en dessous d'un certain niveau, appelé marge minimale. Cette pratique vise à couvrir les pertes potentielles et maintenir la position de l'investisseur. S'il ne répond pas à la demande, ses positions sont automatiquement clôturées pour limiter ses pertes. C'est bien sûr un scénario noir pour l'investisseur...