Les taux moyens sur les crédits immobiliers continuent de baisser et de battre des records. Trois tendances actuellement à l'œuvre pourraient toutefois entraîner un retournement de tendance à court terme.

« En toute logique, les taux devraient légèrement augmenter, de 1% en moyenne aujourd'hui à 1,25% ou 1,30% en janvier ». C'est le pronostic de Maël Bernier, directrice de la communication de Meilleurtaux, qui présentait ce matin son 32e observatoire du crédit immobilier. Avant de préciser : « La prudence est de mise : il y a eu des précédents, durant les dernières années, où la logique voulait que les taux remontent et où ils ont continué à baisser. »

Sur quoi s'appuie la porte-parole du courtier pour en arriver à un tel pronostic ? Sur deux éléments conjoncturels. Le retour des OAT 10 ans en territoire positif d'abord : les titres de dettes de l'Etat français semblent avoir repassé durablement la barre du 0% et s'établissent ces jours-ci à 0,20%. Sur la hausse des prix à la consommation ensuite, qui a passé le cap des 2% sur un an en septembre. S'il n'y a pas eu de lien mécanique entre la hausse de ces indices et celle des taux immobiliers, elles vont généralement de pair, a rappelé Maël Bernier.

L'autre argument en faveur d'une hausse des taux est plus incertain : il s'agit de la perspective d'une réforme de l'assurance emprunteur, permettant, au nom de la concurrence, de changer de contrat à tout moment pendant la vie du prêt. La députée Patricia Lemoine a déposé une proposition de loi en ce sens il y a un mois. Selon Maël Bernier, cette mesure pourrait cette fois être votée, fin novembre ou début décembre, après plusieurs échecs. Tout en appelant de ses vœux la réforme, la porte-parole de Meilleurtaux craint la réaction des banques si elle aboutit : « 9 crédits immobiliers sur 10 restent assurés par les banques qui prêtent l'argent. Or il s'agit pour elles d'un produit à très grosse marge. Si elles perdent des dossiers, elles pourraient être tentées de se rattraper sur les taux. »

Une conjoncture de taux qui reste exceptionnelle

En attendant, la conjoncture des taux des prêts immobiliers reste exceptionnelle. Le taux lambda pour un emprunt de 200 000 euros sur 20 ans est actuellement de 1%, contre 1,35% il y a un an et 2,40% en 2015. En 5 ans, a expliqué Maël Bernier, « le coût du crédit a été divisé par deux. Cela a un vrai effet sur le pouvoir d'achat et explique pourquoi nous avons vu arriver, depuis 2019, beaucoup de primo-accédants modestes ».

Dans de nombreux cas, le coût de l'assurance de prêt a désormais dépassé le coût du crédit lui-même. D'où ce conseil de la porte-parole de Meilleurtaux aux emprunteurs : « Regardez moins ce que vous coûte votre crédit et plus ce que vous coûte votre assurance ».

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