Un coût mensuel attractif peut donner envie de souscrire à un contrat de gaz ou d'électricité. Attention, car certains fournisseurs ont tendance à sous évaluer la consommation pour proposer ces offres alléchantes. Résultat, certains clients se retrouvent avec des factures de régularisation qui dépassent le millier d'euros.

La sous-évaluation des mensualités de gaz ou d'électricité, est un des litiges qui revient le plus souvent, selon le Médiateur de l'énergie. « Le prix au kwh ou de l'abonnement ne sont alors pas évoqués lorsque l'offre est présentée, c'est la mensualisation qui est mise en avant », détaille Caroline Keller, cheffe du service information et communication du médiateur de l'énergie.

Pour définir ce tarif mensuel, le fournisseur doit estimer la consommation annuelle des clients. Problème, certains ont tendance à la sous-évaluer délibérément pour attirer les clients avec à la clef des prévisions mensuelles de coût très basses. « Les litiges n'arrivent pas tout de suite. Forcément, dans un premier temps, le consommateur signe et croit y gagner, mais lorsque la facture de régularisation arrive un an plus tard, les montants à régler sont parfois énormes », explique Caroline keller.

Les clients qui choisissent de mensualiser leurs factures de gaz ou d'électricité paient le plus souvent le même montant tous les mois. Le 12e mois, en fonction de leur consommation réelle sur l'année, le fournisseur leur adresse une facture de régularisation présentant la somme à verser en supplément (si leur consommation a été plus importante que celle estimée et donc, que ce qui a été payé chaque mois n'est pas suffisant) ou un remboursement (si les montants réglés chaque mois ont été plus importants que la consommation réelle).

Dans son dernier rapport d'activité, le médiateur décrit des litiges « d'autant plus choquants qu'ils ont parfois touché un public vulnérable disposant de faibles revenus, qui a dû faire face à des factures de régularisation d'un montant particulièrement élevé ! »

1 500 euros sur la facture de régularisation

Quels fournisseurs sont coutumiers du fait ? En particulier Eni, Ohm énergie ou encore Engie. Le rapport du médiateur prend plus particulièrement l'exemple de Eni, qui « a vendu par démarchage ou par télévente fin 2021 et début 2022 des contrats avec des prix du kWh élevés (2 fois supérieurs aux tarifs réglementés de vente d'électricité) mais qui avaient été présentés avec des mensualités très faibles, calculées à partir de consommations significativement sous évaluées par rapport à la consommation réelle ».

Il présente le cas de consommateurs l'ayant saisi pour ce type de litige. Ils résident dans une maison de 90 m2 et utilisent l'électricité pour le chauffage, la cuisson et l'eau chaude. La consommation annuelle a été estimée par le commercial d'Eni à 1 450 kwh, alors qu'une consommation annuelle moyenne dans ce cas de figure grimpe plutôt à 7 000 kwh.

Les mensualités ont donc été fixées à 58 euros par Eni. « Un montant 4 fois inférieur à ce qu'il aurait dû être sur la base d'une consommation plus normale. Le solde de la facture de régularisation a atteint pour ce dossier 1 500 euros TTC, un montant auquel ne s'attendait pas le consommateur dont les mensualités n'avaient pas été réévaluées en dépit de la présence d'un compteur Linky », déplore le médiateur.

Faire son propre calcul

Comment éviter de se faire avoir ? Le comparateur du Médiateur de l'énergie propose systématiquement le tarif annuel. Autre option, vérifier les propositions de mensualisation directement données par un fournisseur lors d'un démarchage, par exemple. Surtout celles qui peuvent sembler alléchantes. Pour cela, est possible de faire son propre calcul.

Facture d'électricité : comment éviter les pièges de la mensualisation (et de la régularisation)

« Il faut multiplier le prix au kwh indiqué dans l'offre par sa consommation annuelle et y ajouter le prix de l'abonnement indiqué dans l'offre. Pour le gaz, on la retrouve sous le sigle CAR (consommation annuelle de référence) », indique Caroline Keller.

L'opération donnera une estimation du tarif annuel qui sera à régler. Il suffira de diviser le montant par 12 pour regarder si les mensualités calculées par le fournisseur correspondent ou si elles ont été sous-évaluées, faisant risquer une grosse régularisation.

Il est aussi possible d'être facturé sur la base de la consommation réelle. C'est automatique pour les consommateurs ayant un compteur communicant comme Linky ou Gaspar. Ceux qui n'en ont pas peuvent transmettre des auto-relevés de leurs compteurs. Un inconvénient avec ces modes de facturation décrits plus précisément sur le site du Médiateur de l'énergie : les paiements ne sont pas lissés toute l'année et les factures plus importantes les mois d'hiver.