Le financement participatif est en crise, en France. 830 millions d'euros ont été collectés au premier semestre 2024, soit 25% de moins que le premier semestre de l'année précédente, selon une étude. Mais le secteur pourrait retrouver des couleurs, en 2025.

Le financement participatif est en net recul, selon le dernier baromètre du crowdfunding en France, publié mardi 17 septembre par Forvis Mazars et France FinTech. Au premier semestre 2024, 830 millions d'euros ont été collectés, contre 1,106 milliard d'euros au premier semestre de l'année précédente, soit un repli de 24,9%.

« Le crowdfunding n'échappe pas aux réalités économiques », confirme auprès de MoneyVox Bertrand Desportes, associé chez Forvis Mazars. « Il y a une crise immobilière d'une ampleur inédite, qui affecte donc logiquement le crowdfunding immobilier. »

Sous la barre des 2 milliards d'euros en 2024

Cette crise pèse sur le financement participatif de manière générale, car l'immobilier représente la majeure partie des investissements (55% en 2024, avec 459 millions d'euros de fonds collectés). Les investissements en énergies renouvelables ou dans l'innovation ne compensent pas cette baisse. Et l'ensemble de la collecte sur l'année 2024 ne dépassera pas les 2 milliards d'euros, « un seuil symbolique franchi au cours des deux dernières années ».

Le crowdfunding immobilier, lui, « ne passera pas la barre du milliard de collecte en 2024 », alors qu'il a généré 1,2 milliard d'investissement en 2023 et 1,6 milliard en 2022. Ces derniers temps, il y a moins d'opérations de promotion immobilière et les plateformes sont plus sélectives.

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Des investisseurs prudents face aux risques

En bout de chaîne, les investisseurs sont aussi plus vigilants. « Ils regardent davantage les paramètres financiers et extra financiers de chaque projet (ratios financiers, garanties contractées, taux de pré-commercialisation, emplacement géographique...) », nous détaille Bertrand Desportes. De manière générale, « la communauté des investisseurs est progressivement montée en compétence sur le sujet du crowdfunding avec le recul de quelques années déjà ».

« Si le secteur traverse en ce moment de sérieuses turbulences, on reste optimiste à moyen terme »

Car le risque a augmenté, avec « des retards qui ne se résorbent pas encore et des procédures collectives en augmentation ». Certes, les projets en retard de plus de six mois ont baissé : ils sont passés de la tranche 20%-25% fin 2023, à la tranche 15%-20%, fin juin 2024. Mais certains d'entre eux ont basculé dans les catégories « procédures collectives » ou « pertes définitives ».

Avec, pour conséquence, une perte d'argent pour les investisseurs. Le plus souvent, le porteur de projet « rembourse partiellement et, avec la mise en œuvre des garanties, il y a un taux de recouvrement qui peut atteindre des niveaux élevés (60%, 70%, 80% par exemple) », tempère le spécialiste.

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Une dynamique positive en 2025 ?

Bonne nouvelle, « les projets mis en ligne en 2023 ou 2024 ont été analysés avec des paramètres plus exigeants (contexte de crise intégré dans les modèles...) ». À terme, « une fois le stock ancien (mis en ligne entre 2020 et 2022) apuré, le secteur devrait sortir de l'ornière ». Le taux de rendement interne (TRI) a également atteint 10,9% en 2024, alors qu'il culminait à 10,3% l'année dernière.

Avec ces indicateurs, Bertrand Desportes reste optimiste : « Si le secteur traverse en ce moment de sérieuses turbulences, on reste optimiste à moyen terme et nous projetons plutôt une dynamique à la hausse, à compter de 2025. »

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