Impôts locaux : voici les 100 villes et villages où la taxe foncière baisse réellement en 2024

Devinette. Quels sont les trois points communs entre Fréchède, une cinquantaine d'habitants, dans les Hautes-Pyrénées, Marigny, une centaine d'habitants, dans la Marne, et La Houssière, environ 600 résidents, dans les Vosges ?

Premier point commun : ces villages font partie des municipalités qui ont opéré les baisses les plus franches sur leur taux communal de taxe foncière en 2024. Deuxième point commun : ces diminutions sont si importantes que les concitoyens de ces mairies voient réellement le montant à payer sur leur avis de taxe foncière diminuer en cet automne 2024. Troisième point commun : il s'agit, comme pour l'immense majorité des 100 communes listées ici par MoneyVox, de petites villes, voire très petites villes. Mécaniquement, ces petites entités ont beaucoup moins de charges fixes que des métropoles voire des villes moyennes. Le budget évolue en fonction de projets ponctuels, ce qui explique souvent de si fortes évolutions.

D'autres points communs ? Avouons-le : la rédaction n'a pas visité ces trois communes. Mais MoneyVox a mouliné les données de la Direction générale des finances publiques pour pointer, comme l'an passé, les rares villes où l'équipe municipale a suffisamment réduit son taux pour adoucir la facture de ses administrés. Car, non, quand votre commune diminue son taux d'imposition, ce n'est pas toujours suffisant pour baisser votre impôt local.

Hausse de la taxe foncière : « Le problème, c'est que c'est le seul levier des communes »

Pourquoi baisser le taux communal ne suffit pas à baisser votre impôt local !

Ainsi, à Feignies, dans le Nord, le conseil municipal a voté une baisse de 4% du taux communal. Cette décision hautement symbolique permet certes de « compenser la hausse de 3,9% des bases locatives », explique le maire Patrick Leduc, mais ce n'est pas suffisant pour empêcher la hausse sur la feuille d'impôt. Car la commune n'est pas seule à tirer les manettes de la taxe foncière. Le taux de l'intercommunalité et celui des ordures ménagères n'ont pas bougé. Résultat : « Le contribuable, qui regarde souvent le dernier chiffre sans se préoccuper des détails... devra payer davantage. » Combien ? « En moyenne 5 euros en plus entre 2023 et 2024 », estime le maire. Et ce malgré une baisse de 4% du taux communal à Feignies !

Mais comment est-ce possible ? Rappel rapide du si complexe calcul de la taxe foncière.

Ce casse-tête explique que lorsqu'une municipalité veut baisser cet impôt local, elle doit sabrer très franchement son taux communal, surtout quand la base de calcul augmente partout de 3,9%... De combien une mairie devait-elle baisser son taux pour compenser les hausses cette année ? De 6%, selon les témoignages recueillis par MoneyVox auprès des municipalités ayant visé la stabilité ou la baisse de la facture pour leurs contribuables.

« Un taux en baisse de 6% ? On a calculé pour que ce soit stable sur la feuille d'impôt »

Exemple : à Sougères-en-Puisaye, commune de plus de 300 habitants de l'Yonne, le taux est passé de 45,67% à 42,67% en 2024 après une nette augmentation l'année précédente. Le taux communal baisse ici de 6,57%. La maire de la commune Mireille Lhote prend un exemple concret : pour un impôt de 2 986 euros sur l'avis 2023, la note à régler cette semaine n'est « plus » que de 2 929 euros, « soit une baisse de 57 euros », souligne Mireille Lhote.

À Cahuzac, une trentaine d'habitants, dans l'Aude, le taux communal s'est réduit d'à peine plus de 6%, passant de 35% à 32,89%, « ça permet uniquement de maintenir stable » l'impôt payé par les propriétaires de la commune, explique le maire Didier Mattia : « On a calculé pour que ce soit stable sur la feuille d'impôt. La baisse, on la fait depuis 6 ans, on voulait stabiliser. »

Avis de taxe foncière 2024 : comment savoir pourquoi votre impôt local augmente

C'est en se basant ce chiffre clé de -6% que MoneyVox a pu établir une liste d'une centaine de communes où l'impôt local baisse réellement sur la feuille d'impôt. Une exception : 100 communes sur près de 35 000 municipalités en France !

Le top 10 des baisses de taxe foncière en 2024

LISTE COMPLÈTE. Habitez-vous à côté d'une commune où la taxe foncière baisse (vraiment) ?

Comment et pourquoi ces communes parviennent à baisser cet impôt local ?

« Notre budget est excédentaire. Nous voulions en faire profiter les habitants », explique à Ouest-France Pascale Abadie, la maire de Fréchède, commune championne toutes catégories de la faiblesse de la taxe foncière. Dans le détail : à Fréchède, commune pyrénéenne de seulement 43 habitants, les travaux sont « à jour », les ressources au beau fixe grâce à une redevance pour cause de « passage d'une ligne 400 000 volts ». Dans cette commune où le taux communal tombe à 1%, il reste tout de même la part intercommunale, la Gemapi et les ordures ménagères. Résultat : la maire annonce une note passant de 376 à 188 euros pour une maison de 80 m2 et du terrain.

« On n'a pas de gros projets, ni d'investissements. On n'a pas de problème d'école, de cantine, de piscine... »

Le cas de Fréchède est évidemment extrême. Toutes les communes ne peuvent pas sabrer d'un coup leur taux communal en le faisant tomber à 1% ! Mais la situation budgétaire des petites communes facilite cette démarche comme l'explique Didier Mattia, le maire de Cahuzac : « On n'a pas de gros projets, ni d'investissements. On n'a pas de problème d'école, de cantine, de piscine... Nous avons trois élèves sur la commune : nous payons une taxe [pour qu'ils suivent leur scolarité dans une autre ville, NDLR]. On s'entraide dans le voisinage sans avoir besoin d'appeler un agent communal. » Didier Mattia ne veut pas jouer au donner de leçons en insistant sur le « privilège » d'avoir un budget communal « plus simple » que dans une ville d'une autre échelle.

À Sougères-en-Puisaye, la baisse de l'année 2024 est un retour d'ascenseur : « Nous devions augmenter [l'impôt local] l'an passé pour alimenter notre budget afin de réaliser des travaux sur la commune », raconte Mireille Lhote. « Cependant, nous ne voulions pas faire payer une taxe onéreuse à nos administrés sachant que la conjoncture actuelle est déjà compliquée. » D'où la baisse 2024 après la hausse 2023.

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