Il ne représente plus que 2%, environ, des paiements (hors cash), et son usage ne cesse de diminuer. Néanmoins, en 2024, ce sont encore 784 millions de chèques qui ont été signés par les Français, et 392 milliards d'euros qui ont été échangés par son intermédiaire.
Et pour cause : concurrencé de toutes parts par les moyens de paiement électroniques (la carte et le virement instantané en particulier), dénoncé en raison de sa perméabilité à la fraude, le chèque survit parce qu'il lui reste quelques cas d'usage. Parmi eux, le paiement des créances dues à des acteurs publics (collectivités locales, hôpitaux, établissements publics, etc.) : la facture de la crèche ou de la cantine, par exemple, ou certaines taxes locales...
Cela devrait toutefois bientôt changer. Au printemps 2026, la Direction Générale des Finances Publiques (DGFIP) va ajouter un nouveau moyen de paiement à PayFiP.gouv.fr, sa plateforme de paiement en ligne. Son nom : l'initiation de virement, ou « virement simplifié ». Et il a les atouts pour accélérer le déclin du chèque.
C'est quoi, le virement simplifié ?
Le virement, surtout depuis qu'il est devenu instantané, a de nombreux avantages, mais aussi un gros inconvénient : initier un paiement vers un nouveau bénéficiaire reste fastidieux, puisqu'il faut renseigner les 27 caractères de son numéro de compte IBAN. Sans compter que certaines banques continuent de sécuriser ces ajouts en prévoyant un délai de temporisation (de 24 à 72 heures selon les cas) avant le premier virement.
Virements : cette mesure d'un autre temps à laquelle certaines banques ne veulent pas renoncer
Le virement simplifié permet d'éviter ces frictions. Il « consiste à permettre au payeur de se connecter à son espace bancaire personnel, pour valider un virement qui est préparé automatiquement : il n'a pas de RIB/IBAN à saisir (...) » explique la DGFiP, sollicitée par MoneyVox.
Voici la démarche de paiement, en détails :
- Après avoir opté pour le virement simplifié comme moyen de paiement, vous choisissez, dans une liste, la banque qui détient votre compte. Les principales seront présentées sous la forme d'icônes, mais un moteur de recherche permettra d'en sélectionner une autre, parmi les « 2 300 banques européennes » qui pourront être utilisées, explique la DGFiP. Voici à quoi ressemble cette page :
- Une fois votre banque désignée, vous êtes orienté vers la page d'authentification de votre banque, la même que vous utilisez pour vous connecter à votre espace bancaire en ligne.
- Vous choisissez alors le compte que vous souhaitez voir débiter, puis vous validez d'un clic : le paiement est alors terminé.
Quels sont les avantages du virement simplifié ?
Côté usager, le virement simplifié sera la manière la plus simple d'effectuer un paiement unique via PayFiP. Plus simple encore que la carte bancaire, qui nécessite de renseigner un numéro unique à 16 chiffres, une date de validité et un cryptogramme à 3 chiffres. D'après la DGFiP, il sera également possible d'étaler le paiement. « Nous permettons également aux usagers de payer leurs factures en plusieurs fois (en respectant bien entendu la date limite de paiement) », explique-t-elle.
Mais c'est surtout pour le Trésor Public que le virement simplifié va avoir de gros avantages. « Il permet de réussir des paiements que la carte a plus de difficultés à faire, notamment au-delà de 500 euros », résume Faysal Oudmine, CEO de Fintecture, la fintech française choisie par la DGFiP pour opérer ces virements simplifiés. En clair, il pourra être un second choix en cas d'échec d'un paiement par carte, voire un premier choix proposé lorsque le montant à régler est élevé.
Le virement simplifié, surtout, permet de faire baisser le coût de traitement des transactions. « La carte coûte cher, surtout pour les gros montants », détaille Faysal Oudmine. Un paiement par carte, en effet, fait intervenir 3 ou 4 intermédiaires (la banque du payeur, le réseau de paiement, le prestataire...) qui chacun prélèvent une commission proportionnelle au montant de la transaction.
Le chèque, de son côté, pose d'autres problèmes. Son traitement, notamment la réconciliation entre le paiement et la créance, est coûteux, en temps et en argent, pour les services du Trésor public, car en partie effectué à la main. Ce n'est pas le cas du virement simplifié, « qui permet d'automatiser le traitement comptable des paiements », promet Faysal Oudmine. A la clé, donc, des économies bienvenues pour le fisc.
Le virement simplifié va-t-il remplacer le chèque ?
Dans l'immédiat, non. Le Trésor Public a toutefois annoncé qu'une « réflexion [était] engagée » sur le sujet. De source syndicale, il envisage de fermer son dernier centre de traitement des chèques, situé à Rennes, en 2027. Depuis 2019 déjà, le chèque n'est plus autorisé lorsque les impôts à payer dépassent 300 euros.
Dans l'hypothèse d'un refus du chèque, le virement simplifié pourrait en tout cas constituer une bonne alternative en termes d'inclusivité, puisqu'il est gratuit et accessible à toute personne détenant un compte bancaire. Il est, en revanche, plus difficile d'accès aux personnes peu à l'aise avec les moyens de paiement électroniques.
« Une réflexion est engagée » : les chèques bientôt refusés par les impôts ?
Quand le virement simplifié sera-t-il mis en place ?
Selon la DGFiP, Les travaux de raccordement de PayFiP aux infrastructures de Fintecture ont déjà démarré. La mise en service, elle, est prévue pour le printemps 2026.