Les déclarations des participants cette semaine permettent d'en percevoir les grandes lignes, à défaut d'en connaître les détails.

- Pour les mères -

C'est le chapitre sur lesquels les partenaires sociaux sont les plus proches d'un accord. Les femmes ayant eu des enfants pourraient voir leur retraite calculée de manière plus favorable. Pour les femmes ayant eu un enfant, la retraite serait calculée sur les 24 meilleures années. Pour elles en ayant eu deux, elle serait calculée sur les 23 meilleures années.

La surcote de 10% pour les pensions des parents de trois enfants et plus, et la surcote parentale Borne allant jusqu'à 5% sont maintenues. La surcote parentale Borne concerne les parents qui continuent à travailler alors même qu'ils ont obtenu le nombre de trimestres nécessaires pour ouvrir les droits à retraite.

- 64 ans, totem et tabou -

Le texte de compromis proposé par M. Marette ne changera rien sur l'âge légal de 64 ans, farouchement défendu par le Medef. Mais il doit comporter, à la demande des syndicats, des mesures qui permettrait de rogner l'âge de la retraite pour certaines catégories de personnes, en particulier celles exerçant des travaux physiquement pénibles.

- La guerre à l'usure -

Selon les participants, Jean-Jacques Marette doit ainsi mettre dans le texte final une proposition sur la pénibilité inspirée de celle de la CFDT.

Il s'agirait d'un mécanisme qui donnerait des points aux travailleurs exposés à des conditions pénibles (ports de charges, postures pénibles, vibrations mécaniques). Ces points pourraient être utilisés pour obtenir de la prévention, de la reconversion, et au final, un départ anticipé, en s'inspirant d'un modèle déjà existant, le C2P (compte professionnel de prévention).

Mardi, lors de la dernière réunion, le Medef refusait encore que le dispositif puisse donner des possibilités de départ anticipé.

- Partir plus tôt sans décote -

Le texte Marette doit proposer un avancement à 66,5 ans de l'âge de départ sans décote, contre 67 ans actuellement. La décote est cette pénalité qui minore la retraite versée lorsque l'on part après l'âge légal, mais sans avoir cotisé un nombre suffisant de trimestres (172 exigés par la réforme Borne, soit 43 ans).

L'avancement de l'âge de la décote était défendu en particulier par la CFTC, mais celle-ci est furieuse de ne se voir concéder qu'un âge de 66,5 ans, alors qu'elle réclamait au moins 66 ans. Mardi, les organisations patronales refusaient encore la mesure, en raison notamment de son coût.

- Les carrières longues rabotées ? -

Pour éviter d'alourdir trop la facture des mesures pénibilité et femmes, les syndicats ont accepté le principe d'un coup de rabot sur le dispositif carrières longues, qui permet à des gens ayant commencé à travailler avant 21 ans de partir même s'ils n'ont pas atteint l'âge légal.

Ce système est accusé de ratisser un peu trop large, en permettant des départs anticipés à des personnes qui ont en réalité une très bonne espérance de vie : des cadres parvenant à bénéficier du système grâce à leurs jobs étudiants, par exemple.

- Equilibre financier en 2030 -

Syndicats et patronat s'accordent sur la nécessité d'équilibrer le régime des retraites du privé en 2030. Mais pour y arriver, la pente est raide, puisqu'il s'agit de résorber un déficit prévu pour l'instant à 6,6 milliards à cette date.

Les syndicats ont accepté que cet ajustement soit financé largement par les retraités. Le texte de compromis proposé par M. Marette pourrait ainsi proposer une hausse du taux de CSG, hors retraites modestes, et une désindexation des retraites. En 2026, les retraites seraient ainsi sous-indexées de 0,8 point, et en 2027 de 0,4 point.

Les syndicats accusent le patronat de n'avoir fait aucune proposition de contribution des entreprises pour assurer à ce retour à l'équilibre en 2030. Mardi, les organisations patronales refusaient par exemple toujours le principe d'une augmentation du forfait social versé par les employeurs sur certains avantages non-salariaux comme l'intéressement et la participation.