L'essentiel
- Quel est le salaire des agriculteurs ? C'est une question complexe, qui peut avoir plusieurs réponses.
- En 2020, « l'excédent brut d'exploitation » représentait 21 400 euros par an (1 783 euros par mois), en moyenne, par agriculteur.
- Des disparités importantes existent dans les niveaux de vie des agriculteurs, dues à différents facteurs tels que la taille des exploitations et les spécialités.
C'est une question complexe, avec plusieurs réponses possibles. Pour connaître le salaire des agriculteurs, il faut s'intéresser à la performance économique des exploitations agricoles, « l'excédent brut d'exploitation » (EBE).
Il est obtenu après avoir pris en compte les salaires des employés, les loyers, fermages, impôts, taxes, les consommations intermédiaires (carburants, aliments pour animaux, engrais...), mais aussi les subventions et les indemnités d'assurance.
21 400 euros de revenu « disponible » par an
Selon le service statistique du ministère chargé de l'agriculture, l'EBE d'une exploitation agricole était de 37 000 euros, en moyenne, en 2020, après impôts. Mais « comme il peut y avoir plusieurs exploitants sur une même exploitation, on peut rapporter ces chiffres au 1,4 équivalent temps plein (ETP) non salarié qui en moyenne gère ces exploitations », détaille l'Insee sur son blog.
Ainsi, l'EBE par salarié est de 21 400 euros en 2020, soit 1 783 euros par mois, en moyenne. Cet argent permet à l'agriculteur de se rémunérer et d'investir.
De son côté, le Farm Accountancy Data Network (réseau de données comptables agricoles au niveau européen), dispose de chiffres plus récents. En 2021, les agriculteurs français ont perçu 43 487 euros, loin derrière les Danois (102 598 euros), mais au-dessus de la moyenne dans l'UE (28 786 euros).
Un taux de pauvreté plus élevé
Concernant le niveau de vie des agriculteurs, il faut prendre en compte la composition du ménage (conjoint et personnes à charge) et les ressources. Finalement, il est assez proche de celui de l'ensemble des Français : 22 800 euros pour un foyer avec un agriculteur, contre 22 400 euros pour l'ensemble des ménages, en 2020, selon l'Insee.
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En revanche, « la dispersion des revenus est plus élevée au sein des ménages agricoles que dans l'ensemble de la population ». Le taux de pauvreté (fixé à 60% du niveau de vie médian) est plus élevé dans ces foyers (16,2%) que dans le reste de la population (14,4%). Il atteint même 34% pour les exploitants seuls.
C'est également vrai pour les agriculteurs en haut de l'échelle des salaires. Les 10% les plus aisés ont un niveau de vie de 44 600 euros en 2020, contre 10 900 euros pour les 10% les plus modestes.
Pourquoi de telles disparités ?
Ces importants écarts s'expliquent, tout d'abord, par la composition du revenu. Seul un tiers du salaire disponible provient des bénéfices agricoles. Les autres revenus d'activités (comme le salaire du conjoint) représentent près de la moitié (45%) des ressources. Le reste est divisé entre les pensions, retraites, rentes, prestations sociales et les revenus du patrimoine. Ces derniers sont bien plus importants chez les 10% des ménages agricoles les plus riches.
La taille de l'exploitation explique aussi ces disparités. Le niveau de vie d'un agriculteur avec une grande exploitation atteint 32 700 euros par an, en moyenne, en 2020, contre 24 300 euros dans une petite structure. Tout comme la spécialisation agricole : un viticulteur a un niveau de vie de 34 200 euros, en moyenne, alors que celui d'un éleveur de vaches laitières tombe à 23 600 euros.