« On est le site de la dernière chance », résume Marie Dolard-Cléret, directrice du département Consignations et dépôts spécialisés de la CDC, pour décrire Ciclade, qui permet à chacun de vérifier s'il n'est pas le bénéficiaire d'un pécule oublié. Ce service a permis à près de 94 000 personnes de récupérer 1 573 euros en moyenne l'an dernier, selon la CDC.

« En une poignée de minutes, j'ai su qu'il y avait quelque chose à mon nom », témoigne auprès de l'AFP David, qui avait relayé son expérience sur le réseau X. Son compte, où il publie les discussions dans lesquelles il fait tourner en bourrique les escrocs en ligne pour leur faire perdre du temps, est suivi par plus de 106 000 abonnés. « Finalement, je n'ai reçu que quatre centimes deux mois plus tard, mais ensuite un de mes abonnés a raconté qu'il avait récupéré quelques milliers d'euros », explique-t-il.

Le site Cicladea été lancé en janvier 2017, un an après l'entrée en vigueur d'une loi de 2014 imposant aux établissements financiers de recenser chaque année les comptes bancaires inactifs (aucune opération ou manifestation du titulaire pendant un an) et les contrats d'assurance vie « en déshérence » (c'est-à-dire n'ayant pas été réclamés alors qu'ils sont arrivés à échéance) et de vérifier si leurs clients sont toujours vivants.

En pratique, les banques doivent régulièrement écrire au titulaire d'un compte inactif pour l'inviter à se manifester et éviter la clôture de son compte. Les organismes d'épargne salariale sont également soumis à ce devoir d'information.

Assurance vie ou livret oublié ? Comment récupérer gratuitement 1 749 euros (en moyenne)

Déjà un milliard d'euros restitués

Les assureurs sont quant à eux tenus de rechercher les bénéficiaires des contrats en déshérence. « Si j'ai un conseil à donner, c'est de préciser nom, prénom, date de naissance, lieu de naissance, numéro de portable et adresse mail » quand on désigne le bénéficiaire d'un contrat d'assurance vie, déclare à l'AFP Antoine Djikpa, généalogiste et président de l'étude parisienne ADD Associés, qui travaille notamment avec des établissements financiers recherchant les héritiers de fonds oubliés.

Sans réponse dans les délais -généralement dix ans, mais cela varie en fonction du produit financier concerné ou selon que son titulaire est vivant ou décédé - les sommes oubliées sont transférées à la CDC, qui les conserve et les restitue sur demande.

« En principe, au bout de dix ans d'inactivité, les fonds arrivent à la CDC et on les conserve 20 ans. Au bout de ces 30 ans, si personne ne les a réclamés, ils sont reversés à l'Etat », résume pour l'AFP Philippe Martinie, responsable du service de restitution des avoirs en déshérence de la CDC.

Depuis la mise en place du dispositif en 2016, la CDC a reçu plus de neuf milliards d'euros. « Le cap du milliard d'euros restitués aux bénéficiaires a été franchi fin janvier 2025 », souligne Mme Dolard-Cléret et « un peu plus de 550 millions d'euros » ont été reversés à l'Etat, précise M. Martinie.

Les comptes bancaires inactifs représentent plus de 85% des produits financiers transférés à la CDC mais nombre d'entre eux n'abritent que « de très petites sommes », selon M. Martinie. « On restitue souvent de très petits montants » avec « des versements de 50 centimes, voire moins », explique-t-il.

Pour M. Djikpa, « ça serait plutôt vertueux » que le cumul de toutes ces petites sommes qui ne manqueront probablement à personne profite plutôt « à l'Etat et donc à la communauté de citoyens ». « Je ne parle pas du tout en tant que généalogiste ou chef d'entreprise, mais en tant que citoyen, ça ne me poserait strictement aucun problème que l'Etat devienne automatiquement détenteur de toutes les sommes inférieures à 40 ou 50 euros, par exemple. »