C'est une mauvaise surprise pour de nombreuses familles à la veille de la rentrée : faire garder son enfant coûte de plus en plus cher. Selon le baromètre annuel publié par Yoopies ce vendredi, première plateforme française de services à domicile, les tarifs progressent en moyenne de +3,8% pour les assistantes maternelles et de +3,1% pour les gardes à domicile. Mais derrière ces moyennes se cachent de fortes disparités : dans certains départements, la flambée dépasse les 20%.

Un coût horaire en hausse

En 2025, une heure de garde à domicile revient en moyenne à 10,61 €, contre 10,29 € en 2024. Pour une assistante maternelle, le tarif atteint 4,10 € de l'heure, contre 3,96 € l'an dernier. Ces évolutions, confirmées par les données de l'Urssaf et de la Fepem, contrastent avec une inflation limitée à environ 1% en rythme annuel. Autrement dit, la garde d'enfants augmente trois fois plus vite que le reste des prix à la consommation.

Le phénomène n'est pas nouveau : dès 2023, le Haut Conseil de la famille avait souligné que les dépenses de garde, notamment pour les familles monoparentales, progressaient déjà deux fois plus vite que la moyenne nationale.

Plusieurs facteurs structurels expliquent la tendance. La revalorisation du Smic à 11,88 € brut de l'heure en novembre 2024 a mécaniquement entraîné une hausse des minima conventionnels. Depuis avril 2025, les planchers sont fixés à 3,64 € brut pour les assistantes maternelles et à 12,51 € brut pour la garde à domicile.

Une hausse spectaculaire dans la Drôme

À cela s'ajoute la rareté croissante de l'offre. L'Observatoire national de l'accueil du jeune enfant (Onape) constatait déjà en 2023 une baisse de 4,3% du nombre d'assistantes maternelles accueillant des moins de 3 ans. La tendance se poursuit, ce qui accentue la tension entre l'offre et la demande, en particulier dans les grandes villes ou sur des créneaux atypiques (tôt le matin, en soirée, le mercredi).

Les données de Yoopies révèlent des différences de plus de 30% entre départements. Pour la garde à domicile, les Alpes-de-Haute-Provence (11,86 €) et la Meuse (11,13 €) figurent parmi les plus chères, tandis que la Somme (10,10 €) reste plus accessible.

Côté assistantes maternelles, la Corse (jusqu'à 5,46 €), les Bouches-du-Rhône (4,68 €) ou les Alpes-Maritimes (4,66 €) affichent les niveaux les plus élevés. À l'opposé, la Nièvre (3,55 €), le Doubs (3,58 €) ou le Cher (3,65 €) apparaissent comme des zones plus abordables.

La hausse est parfois spectaculaire : +26% dans la Drôme, +21% en Corrèze, +18% dans les Ardennes pour les assistantes maternelles. Pour la garde à domicile, les Alpes-de-Haute-Provence (+16%) et les Hautes-Pyrénées (+7%) enregistrent les plus fortes progressions.

Réforme du complément de libre choix du mode de garde

Si la facture grimpe, plusieurs dispositifs permettent de réduire le reste à charge. Le complément de libre choix du mode de garde (CMG, dont le mode de calcul évolue au 1er septembre), versé par la CAF, est directement intégré dans Pajemploi+. L'Urssaf applique aussi une déduction forfaitaire de 2 € par heure déclarée. Enfin, le crédit d'impôt de 50% sur les frais de garde continue de jouer un rôle majeur, dans la limite de 3 500 € de dépenses par enfant de moins de 6 ans (soit 1 750 € de crédit).

La réforme du CMG, qui entre en vigueur à la rentrée 2025, pourrait toutefois rebattre les cartes. Elle unifie le dispositif avant 6 ans, supprime le minimum de reste à charge et fixe des plafonds de dépenses (8 €/h pour les assistantes maternelles, 15 €/h pour la garde à domicile). L'impact réel sur les budgets sera scruté de près dans les prochaines semaines.

Impôts : « Mon fils a 7 ans. Puis-je déclarer la garderie et le centre de loisirs ? »

Pour Yoopies, la tendance est claire : la garde d'enfants devient structurellement plus chère. Les aides publiques amortissent le choc, mais ne compensent pas la baisse du nombre de professionnelles. La question de l'accès à une solution de garde devient aussi cruciale que celle du coût.

En 2026, deux inconnues pèseront lourd : la capacité à rendre le métier d'assistante maternelle plus attractif, et la stabilité des aides publiques. Si rien ne change, les tensions tarifaires pourraient encore s'aggraver, en particulier dans les grandes agglomérations.