Le gouvernement qui sera nommé à l'issue des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet devra rapidement clarifier sa stratégie économique et budgétaire, a estimé mercredi le gouverneur de la Banque de France.

Les taux d'intérêt sur la dette française « ont remonté » depuis l'annonce dimanche de la dissolution de l'Assemblée nationale, « parce que les investisseurs n'aiment pas l'incertitude », a constaté François Villeroy de Galhau sur Radio Classique. Or « une période électorale s'accompagne toujours d'incertitudes, c'est le jeu de la démocratie », a-t-il poursuivi.

« Il sera important que quelle que soit l'issue du scrutin, la France puisse clarifier vite sa stratégie économique et en particulier sa stratégie budgétaire », a conclu François Villeroy de Galhau. Interrogé sur l'impact de la situation politique actuelle sur la stabilité de l'économie française, le gouverneur a martelé que la Banque de France était « indépendante » du pouvoir politique : « elle appartient à tous les Français et représente tous les Français » et « n'a pas à faire de commentaire ou de spéculation politique ».

Une crise de la dette possible en France ?

Alors que l'extrême droite incarnée par le Rassemblement national (RN) est donnée favorite dans les sondages réalisés en vue des législatives, l'écart entre le coût des emprunts souverains de la France et de l'Allemagne (dont les titres de dette sont réputés les plus sûrs de l'Europe) s'est nettement creusé ces derniers jours. A tel point que le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a jugé mardi qu'une crise de la dette était « possible » en France si le RN arrivait au pouvoir et appliquait son programme économique.

« Nous n'avons pas les moyens de financer les dizaines de milliards d'euros » de dépenses supplémentaires proposées selon lui par l'extrême droite, a affirmé le ministre. Mercredi sur Radio Classique, François Villeroy de Galhau a une nouvelle fois jugé « très important » de réduire « progressivement » le déficit de la France (équivalent à 5,5% du PIB fin 2023), devenu l'un des plus élevés de la zone euro. « Si nous ne réduisons pas les déficits, notre dette va nous coûter de plus en plus cher », a-t-il averti.