Le projet de loi de finances 2023 autorise les véhicule diesel à rouler avec de l'huile de friture filtrée et traitée. Une pratique vertueuse au moment où le prix à la pompe flambe mais qui demande une certaine maîtrise. Ne faîtes pas n'importe quoi, sous peine d'abîmer votre véhicule.

La réduction accordée sur le litre de carburant est passée cette semaine de 30 à 10 centimes d'euros. Mais des solutions existent pour atténuer l'effet sur le porte-monnaie : les adeptes du sans-plomb peuvent tenter le bioéthanol et les habitués du diesel, l'huile de friture ! En effet, le projet de loi de finances 2023, adopté par 49-3, offre aux automobilistes la possibilité d'utiliser l'huile de friture usagée comme carburant.

Au moment de défendre leur texte pour la légalisation de l'huile de friture, les députés écologistes, et leur ex-chef de file Julien Bayou, vantaient une « pratique interdite, mais répandue dans le pays. » Surtout, ce carburant rejetterait « jusqu'à 90% » de gaz à effet de serre de moins en comparaison d'un diesel classique.

Jusqu'alors, rouler à l'huile était une infraction douanière liée aux taxes à payer sur le carburant. En revanche, en cas de contrôle de police ou gendarmerie, vous ne risquez rien. Par contre, cela pouvait poser problème en cas de sinistre puisque les véhicules diesel sont assurés pour rouler au gazole uniquement.

Alors qui pourra profiter de la légalisation de l'huile de friture ? Comment utiliser cette huile sans risquer d'abîmer son moteur ? Grâce aux conseils du garage solidaire Roule ma frite, MoneyVox vous aide à y voir plus clair.

Comment collecter l'huile de friture ?

Dans un esprit de tri des déchets et d'éco-responsabilité, l'huile de friture est un déchet qui peut être recyclé comme le carton ou le plastique, mais avec une procédure différente. « Les huiles alimentaires usagées doivent être stockées dans des fûts isolés et identifiés, placés sur rétention dans le local 'déchets' prévu à cet effet. Leur collecte doit se faire par une entreprise agréée, car elles ne doivent pas être souillées ou diluées par d'autres produits », explique Roule ma frite.

Quelles huiles peuvent êtres utilisées ?

Les frites sont le meilleur exemple. Pour l'heure, seules les huiles utilisées en industrie agroalimentaire, en restauration collective ou vendues dans le commerce sont autorisées. Elles doivent en outre être d'origine animale ou végétale. Ces huiles seront ensuite traitées et filtrées !

On ne peut pas les mettre comme telles dans le réservoir du véhicule mais tout un chacun peut s'équiper de filtre à huile comme on en trouve dans les friteuses et traiter sa propre consommation. Vous pouvez aussi vous rapprocher d'assocation locale. Avec 10 litres d'huiles usagées correctement retraitées on peut obtenir 8 litres de carburant. Le potentiel est énorme : chaque année en France, sur les 70 millions de litres d'huile alimentaire utilisées, seules 26 millions sont collectées et recyclées !

Par contre, impossible pour le moment de se fournir dans les stations-service.

Qui peut rouler à l'huile de friture ?

Tout les propriétaires de véhicules diesel, amateurs de fritures. Selon l'association Roule ma frite, 30% d'huile usagée peut être mélangée à un carburant diesel. En effet, les véhicules essence (sans-plomb E10, 95 ou 98) ne peuvent en profiter. Néanmoins, il est conseillé d'y aller progressivement pour voir comment répond le moteur.

« Il faut faire cela sur un véhicule bien entretenu : as-tu fait l'entretien de ton filtre à carburant, et de ton filtre à huile lors de la dernière vidange ? », questionne Roule ma frite qui incite à soulever le capot pour comprendre le fonctionnement de la machine. De même, les injecteurs devront être bonne qualité. Roule ma frite conseille, une pompe d'injection de marque Bosch.

Dans le texte des députés, il est aussi écrit que certaines adaptations techniques permettent une utilisation d'un carburant 100% à base d'huile. Il faut en fait que le véhicule soit équipé d'un système de bicarburation, soit la possibilité de fonctionner avec deux carburants différents comme c'est le cas avec le GPL ou le bioéthanol.

Roule ma frite adresse un dernier conseil, comme un mantra : « Adhérer à ce programme relève d'une démarche citoyenne. Il ne s'agit pas ici de profiter d'un carburant bon marché, mais bien de s'investir directement et concrètement dans la lutte contre le réchauffement climatique. »