Désormais, l'allocation en gestion pilotée de l'assurance vie et de l'épargne retraite (PER) comprendra une part d'investissement en private equity, c'est-à-dire des actifs non cotés. Investir dans du private equity revient concrètement à prendre une participation au capital d'entreprises non cotées en bourse dans l'optique de réaliser une plus-value lors de la revente de ces parts sur un marché secondaire. Ces fonds investis sont aujourd'hui intégrés aux unités de compte (UC) incorporées dans les mandats de gestion.
Quelle part de votre épargne sera investie dans ces actifs ?
À compter de ce jeudi 24 octobre, une nouvelle obligation d'investissement sera appliquée aux profils « équilibré » et « dynamique » en gestion pilotée de l'assurance vie. Désormais, 4% de l'encours pour un mandat équilibré et 8% pour un profil dynamique sont investis dans des actifs non cotés, c'est-à-dire sur des « unités de compte constituées de catégories d'organismes de placements collectifs et de titres de sociétés commerciales », précise le décret publié au Journal Officiel cet été. Parmi les fonds éligibles, on retrouve notamment les fonds européens d'investissement à long terme (FEILT ou ELTIF, en anglais, pour « European Long Term Investment Funds »), les fonds communs de placement à risques (FCPR).
L'assurance vie n'est pas le seul produit d'épargne concerné. En effet, cette nouvelle obligation s'applique également aux plans d'épargne retraite (PER) en gestion profilée à horizon. Contrairement à l'assurance vie, tous les profils sont concernés : « prudent », « équilibré » et « dynamique ». La part d'actifs non cotés des différents profils se réduit à l'approche de l'âge de départ à la retraite.
Les nouvelles grilles d'allocations s'appliqueront aux nouveaux contrats souscrits à compter de ce jeudi 24 octobre.
Ce qui change pour vos contrats d'assurance vie et de plan épargne retraite (PER)
Le jeu en vaut-il la chandelle ?
L'investissement dans le non coté n'est pas sans risque. « Près de 90% des startups font faillite, dont 10% dès la première année », a expliqué à MoneyVox Claude Calmon, fondateur du cabinet Calmon Partners. Ces fonds sont souvent notés 6 ou 7 sur l'échelle de risque des unités de compte (UC). Mais en contrepartie, les rendements attendus sont élevés.
« Le private equity est une classe d'actifs qui promet de meilleures performances que ce qu'on peut trouver sur les marchés côtés notamment grâce à la prime de risque », explique Stellane Cohen, Senior Advisor chez Altaprofits .
En effet, sur les 15 dernières années, le private equity a généré un retour sur investissement moyen de 12,1% par an, selon l'association France Invest, soit deux fois mieux que le CAC40.
« En contrepartie d'une promesse de performance élevée et du financement de la transition écologique, l'épargnant doit comprendre que la durée idéale d'investissement est longue, de 8 à 10 ans »
Par ailleurs, les fonds investis sont souvent bloqués pour une durée de 8 à 10 ans. Intégrés dans les UC des contrats d'assurance vie et de PER, c'est à l'assureur de garantir la liquidité, c'est-à-dire permettre à l'épargnant de retirer son épargne quand il le souhaite.
« Même si l'assureur apporte cette liquidité, la recommandation est d'éviter de faire des rachats partiels sur des unités de compte de fonds de Private Equity que l'on peut souscrire en gestion libre. D'ailleurs, certains assureurs commencent à mettre des pénalités en cas de rachats anticipés sur ces fonds très spécifiques pour dissuader l'épargnant », ajoute Stellane Cohen.
Par ailleurs, les fonds non cotés peuvent être « très chargés en frais », rappelle Cyrille Chartier Kastler. Notamment les frais courants internes à ces nouvelles UC et venant en déduction de leur valorisation, car le non coté coûte davantage en gestion. Ces charges viendront immanquablement rogner la performance du fonds et du mandat de gestion. « Le côté positif, c'est que cette obligation permet de collecter de l'argent qui devrait servir à financer des PME et des ETI. Le côté négatif, c'est que cela risque de faire baisser un peu le rendement de la gestion profilée à horizon ».
« L'épargnant doit comprendre que lorsque l'on place son épargne sur une unité de compte libellée en fonds de private equity, il faut avoir un horizon de placement long. En contrepartie d'une promesse de performance élevée et du financement de la transition écologique, l'épargnant doit comprendre que la durée idéale d'investissement est longue, de 8 à 10 ans. C'est un produit qui demande du temps. Au sein des mandats de gestion pilotée, cette notion de durée d'investissement doit être comprise par l'épargnant », conclut Stellane Cohen.
Les titulaires d'un contrat d'assurance vie qui ne souhaitent pas s'exposer au private equity pourront opter pour une gestion libre ou pour le profil « prudent » de la gestion pilotée. Pour le PER, seule la gestion libre leur permettra dorénavant d'éviter l'investissement en actifs non cotés.