Une mutuelle publique à 1 euro par jour. C'est la promesse de Renaissance, dans le cadre des législatives. La mesure aurait-elle un véritable impact sur le pouvoir d'achat et la couverture santé des Français ? Car il existe déjà un dispositif public : la Complémentaire santé solidaire, gratuite, ou à moins d'un euro par jour, sous conditions de ressources. Explications.

Energie, impôts... Les propositions concernant le pouvoir d'achat se multiplient avant les élections législatives. Dans ses différentes interventions médiatiques, l'actuel Premier ministre Gabriel Attal (Renaissance) a fait une promesse sur les complémentaires santé.

« Parmi les dépenses contraintes, il y a aussi les dépenses de santé. Je pense aux 3 millions de Français qui n'ont pas de complémentaires santé. Nous souhaitons mettre en place une complémentaire santé publique pour les retraités, les indépendants, les étudiants qui n'ont actuellement pas de mutuelles, à 1 euro par jour. »

3 millions de personnes sans mutuelle : le nombre vient d'une étude datant de 2019 publiée par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), qui estimait que la part de la population non couverte par une complémentaire santé était de moins de 5%. Donc plus ou moins 3 millions de personnes. Difficile de savoir si le nombre a varié depuis, en l'absence d'études plus récentes.

Qu'est-ce que ça pourrait changer ?

La mesure proposée par Renaissance pourrait-elle vraiment faciliter la vie de millions de personnes ? Cela dépend des critères choisis pour déterminer qui pourra bénéficier de cette mutuelle publique à 1 euro par jour.

Il faut surtout savoir la manière dont elle s'articulerait avec le dispositif déjà en place : la Complémentaire santé solidaire (CSS ou C2S). Il s'agit d'une complémentaire gratuite ou payante (mais toujours à moins d'un euro par jour), mise en place depuis 2019 et accessible aux personnes les moins aisées financièrement.

En juin 2023, 7,4 millions de personnes étaient bénéficiaires de la CSS d'après par le dernier rapport annuel officiel. Autre statistique sur le sujet, le nombre de personnes éligibles, mais qui n'y ont pas recours. Elles sont justement estimées aussi à 3 millions de personnes. Principale cause de ce non recours : le manque d'informations.

Mutuelle solidaire : 3 millions de Français oublient de réclamer cette complémentaire gratuite

Pour bénéficier de la CSS gratuitement, depuis avril 2024, une personne seule doit avoir moins de 10 166 euros de ressources par an (847 euros par mois) ; pour un couple, le plafond est fixé à 15 249 euros (1 270 euros par mois).

Pour la CSS payante, sont éligibles les personnes qui ne disposent pas de plus de 13 724 euros de revenus annuels (1 143 euros par mois) pour une personne seule, ou 20 586 euros pour un foyer de deux personnes. Les coûts sont modulés en fonction de l'âge et vont de 8 euros pour les moins de 29 ans à 30 euros par mois (tarif maximum) pour les plus de 70 ans. A noter que les limites sont plus élevées pour l'Outre-mer. Tous les plafonds sont détaillés sur le site de l'Assurance maladie.

Pour l'instant, les critères d'éligibilité à cette potentielle mutuelle publique n'ont pas été divulgués. Mais s'ils viennent à correspondre à ceux permettant d'accéder à la CSS, la promesse ne devrait pas changer grand-chose sauf si les garanties proposées sont plus étendues que l'actuelle CSS... Et si cette nouvelle mutuelle vient remplacer la CSS, elle risque d'être plus onéreuses pour les bénéficiaires !

120 euros par mois en moyenne par mois pour les retraités ?

Consultation chez un spécialiste ou un médecin généraliste, hospitalisation, médicaments.... Avoir une mutuelle n'est pas toujours obligatoire, mais fortement recommandé pour éviter d'avoir un reste à charge trop important sur les dépenses de santé. Problème, cette protection coûte cher, surtout pour certaines catégories de population.

Gabriel Attal a par exemple évoqué un coût de 120 euros par mois pour les retraités. Ces derniers paient en effet plus que la moyenne. Plusieurs raisons à cela, l'âge, qui joue sur le coût de la mutuelle, mais aussi le fait de ne plus avoir accès au financement d'une partie des cotisations par un employeur. C'est aussi le cas des indépendants ou des étudiants, également identifiés comme de potentiels bénéficiaires de la mutuelle à 1 euro par jour.

Les simulations effectuées grâce à MoneyVox Market intelligence, outil qui analyse les données du courtier Meilleurtaux, montrent que le coût d'une complémentaire n'est pas neutre sur un budget. Pour une personne seule, les cotisations mensuelles médianes à une mutuelle sont estimées entre 72 euros par mois (protection faible) jusqu'à 110 euros par mois (protection forte), pour les personnes âgées de 65 ans. Les coûts grimpent avec l'âge : 104 euros par mois pour une protection faible, 146 euros pour une protection forte, concernant les personnes âgées de 80 ans.

Pour un étudiant de 20 ans, les cotisations médianes mensuelles s'élèvent à 25 euros (protection faible) et jusqu'à 52 euros (protection élevée). Enfin, pour un travailleur non salarié de 45 ans, les coûts médians vont de 46 euros (protection faible) à 72 euros (protection élevée).