Dans l'univers des banques numériques, certaines se singularisent par leur volonté de vous accompagner dans la bonne gestion de votre budget et votre effort d'épargne. Nous avons testé les fonctionnalités proposées par bunq, N26, Revolut et Sumeria (ex Lydia Comptes).

On appelle ça du cashstuffing, qu'on pourrait traduire « méthode des enveloppes » en bon français... Son principe est simple : il s'agit de définir des budgets mensuels pour chaque poste de dépenses (l'alimentation, les transports, les loisirs, la santé, l'habillement, etc.), en fonction de votre reste à vivre ; de retirer, ensuite, les espèces nécessaires pour couvrir ces dépenses ; puis de répartir l'argent dans des enveloppes, une par poste ; et, enfin, d'y puiser au fil du mois les sommes nécessaires pour régler vos achats.

Cette méthode peut paraître archaïque. Elle renvoie, de fait, à une époque, celle de nos (arrière) grands-parents, où le versement des revenus et l'immense majorité des dépenses des ménages s'effectuaient en espèces. Elle a pourtant refait surface lors de la récente période de forte inflation (heureusement en train de se refermer) : une nouvelle génération s'en est emparée, inspirée par les réseaux sociaux.

Le cashstuffing a, il faut dire, une grande vertu pour les petits budgets : vous aider à suivre, concrètement, l'état de vos dépenses par rapport à un budget mensuel que vous vous êtes fixé. Elle a aussi une limite : elle vous contraint à retirer, détenir et transporter de grosses sommes en espèces, avec les risques qui vont avec.

Des enveloppes transposées dans le monde numérique

Comment transposer cette méthode des enveloppes à l'ère des paiements électroniques ? Cette question, plusieurs néobanques se la posent. Quand la plupart des autres banques se contentent du minimum — une catégorisation automatique (souvent imparfaite) des opérations, quelques « camemberts » pour visualiser les dépenses... — elles ont en commun de proposer des outils avancés pour accompagner leurs clients dans la gestion quotidienne de leur budget.

Qu'est-ce ça donne en pratique ? Pour le savoir, nous avons testé les fonctionnalités proposées par quatre acteurs présents sur le marché français. Par ordre alphabétique, bunq, N26, Revolut et Sumeria (ex Lydia Comptes). Voici les principales, résumées dans un tableau.

L'aide à la gestion budgétaire
bunqN26RevolutSumeria
Prix mensuel minimum
Nom de la formule
9,99€
Easy Bank Pro
4,90€
Smart
Gratuit
Standard
4,90€
Sumeria+
Comptes secondaires
Nombre max.
2510Pas de limitePas de limite
- avec IBAN
- avec CB associée
Cartes bancaires
Nombre max.
3 physiques
26 virtuelles
1 physique
1 virtuelle
1 physique
1 virtuelle
2 physiques
5 virtuelles
Répartition automatique
des revenus

Le point de départ de leur approche réside dans la possibilité de créer en quelques clics, des sous-comptes, à côté du compte principal. N26 les nomme « Espaces », Revolut « Pockets », Sumeria « Comptes Budget »... Mais le principe est le même : vous pouvez créer un compte par poste budgétaire (alimentation, loisirs, etc.), y verser chaque mois la somme que vous souhaitez lui consacrer et l'utiliser ensuite pour payer. La méthode des enveloppes, donc, mais avec de la monnaie électronique, qui peut être dépensée par carte, par virement ou par prélèvement.

page d'accueil bunq
Capture d'écran application bunq

Toutes les propositions des néobanques ne se valent pas. Deux, bunq et Sumeria, se distinguent. Les sous-comptes proposés par ces deux acteurs peuvent, en effet, être « ibanisés », c'est-à-dire disposer de leur propre numéro de compte, ce qui permet de les utiliser pour domicilier des paiements de factures (eau, électricité, etc.). Ils peuvent également être associés à une carte bancaire, physique (pour payer en magasin) ou virtuelle (pour les paiements en ligne ou par mobile), qui permet de les débiter directement, sans passer par le compte principal. Une option offerte également par N26, mais pas par Revolut.

Bunq y ajoute un degré de sophistication supplémentaire en fléchant automatiquement un paiement par carte vers un compte budget, selon la catégorie de l'achat (courses, divertissement, nourriture et boissons, etc.).

Alimentation du compte : automatique ou à la main ?

Avant de pouvoir dépenser les budgets prévus, il faut évidemment alimenter ces sous-comptes. Sumeria se distingue par le soin apporté à la pédagogie. Son application regorge de conseils sur la meilleure manière de répartir votre budget.

Concernant l'alimentation des comptes en elle-même, les néobanques testées ont pris des options différentes. Bunq autorise une automatisation complète, grâce à une fonctionnalité baptisée Easy Budgeting. Elle permet de ventiler l'argent du salaire, dès que celui-ci est versé, entre les différentes enveloppes, selon les budgets que vous avez définis. N26 propose une option proche : à chaque rentrée d'argent substantielle, la somme peut être partagée automatiquement entre les différents sous-comptes, selon une répartition (en montant ou en pourcentage) de votre choix. Dans les deux cas, c'est très pratique, à condition de prendre le temps de bien paramétrer l'outil et de penser à l'adapter à l'évolution de vos usages.

Sumeria a fait un autre choix : rien n'est automatisé, la main est laissée chaque mois à l'usager. Il peut, bien sûr, programmer des virements mensuels vers les enveloppes budgétaires. Mais il doit, le jour J, donner son aval à l'opération. Cela permet de garder du contrôle, mais nécessite un peu de manutention. Question de goût.

Compte budget Sumeria
Capture d'écran application Sumeria

Des fonctionnalités payantes

Par rapport à ses concurrents, Revolut apparaît en retrait sur les fonctionnalités de gestion budgétaire. La néobanque britannique a pourtant un atout : la création de pockets est incluse dans sa formule standard, gratuite. Ailleurs, chez bunq, N26 et Sumeria, les fonctionnalités décrites ci-dessus sont réservées aux usagers payants. Il vous en coûtera ainsi au moins 4,90€ par mois chez N26 et Sumeria, et 9,99€ chez bunq.

Néobanques : le comparatif des offres

Objectif : épargner

Tenir son budget au cordeau permet évidemment d'éviter les fins de mois difficiles. Mais l'objectif est aussi de dégager de l'épargne, par exemple pour financer des projets.

Longtemps, le point faible des néobanques dans le domaine a été l'absence, au sein de leur catalogue, de comptes rémunérés. Ce n'est plus le cas.

Que valent les comptes rémunérés de ces banques ?

Les sous-comptes proposés par 3 des 4 néobanques (1) testées peuvent se transformer en compte rémunéré dédié à un projet. Concrètement, vous pouvez définir un objectif à atteindre (pour financer vos vacances, un achat exceptionnel, des charges à venir...) et le délai pour y parvenir. Vous pouvez ensuite visualiser clairement le chemin qui vous reste à parcourir.

compte projet N26
Capture d'écran application N26

L'alimentation de ces comptes se fait, classiquement, par des virements, qui peuvent être programmés. Toutes proposent également de placer automatiquement les arrondis de vos paiements : pour un paiement, par exemple, de 5,20€, ce sont 6€ qui débités du compte principal et 0,80€ sont versés automatiquement sur le compte épargne de votre choix. Chez N26 et Revolut, il est même possible d'appliquer un coefficient multiplicateur (x2, x3, x5 et même x10 chez Revolut) pour accélérer la cadence de cette micro-épargne automatisée.

Bunq, une fois encore, se distingue par son goût de l'automatisation. L'argent qui reste à la fin du mois sur un compte budget peut ainsi être versé automatiquement sur le compte épargne de votre choix.

L'aide à l'épargne
bunqN26RevolutSumeria
Comptes rémunérés
Rémunération brute*3,36%De 1 à 3%
selon formule

De 2,86 à 3,70%**
selon formule

2%***
4% pendant 4 mois
Alimentation par arrondis
Virement programmé
Epargne automatique des excédents budgétaires

* Relevé au 4 septembre 2024

** Pour un placement en euros. Le Compte Flexible permet de placer ses liquidités et d'en disposer à tout moment. Il ne propose pas, toutefois, de garantie du capital, étant investi sur des fonds monétaires en euros, en livres sterling ou en dollars US. Lire sur le sujet : Une alternative inédite au Livret A chez Revolut.

*** Obligation d'effectuer au moins 15 paiements par carte dans le mois civil pour déclencher la rémunération.

(1) Seul N26 a fait le choix de se limiter à un compte épargne unique, baptisé Epargne Express. L'argent placé sur les Espaces, lui, n'est pas rémunéré.