Les principaux groupes bancaires français ont enregistré plus de 31 milliards d'euros de revenus nets en 2021, du jamais-vu. La reprise économique, mais également l'évolution de leurs modèles économiques, expliquent cette embellie, qui pourrait durer.

En 2021, les banques françaises ont empilé les milliards de bénéfice. C'est BNP Paribas qui a ouvert le bal : 9,5 milliards de bénéfice net, en hausse de 34,3% par rapport à 2020, mais aussi de 16,1% par rapport à 2019, c'est-à-dire avant le déclenchement de la crise sanitaire. Puis, les uns après les autres, les grands groupes bancaires français ont dévoilé les meilleurs résultats de leur histoire : 9,1 milliards au groupe Crédit Agricole ; 5,6 milliards à la Société Générale, 3,5 milliards au Crédit Mutuel Alliance Fédérale et 4 milliards chez Banque Populaire-Caisse d'Epargne (BPCE). Soit au total plus de 31 milliards d'euros accumulés en 2021. En clair, les banques françaises n'ont jamais gagné d'argent.

La banque de détail en force

Parmi les diverses activités de ces banques universelles et internationalisées, une a particulièrement brillé l'an passé : la banque de détail. C'est une relative surprise : depuis une dizaine d'années, c'était plutôt leur talon d'Achille. Les revenus nets engrangés par les réseaux ont partout explosé : +29% chez BPCE, +38% au Crédit Agricole, +91% au Crédit Mutuel... La palme revient à la Société Générale, qui a multiplié ses revenus par 2,2 par rapport à 2020.

Comment expliquer cette embellie ? Elle est évidemment intimement liée à la reprise économique qui a caractérisé l'année 2021, après le coup d'arrêt de la crise sanitaire. Les grands réseaux ont profité à plein de l'excellente année du crédit immobilier, sur fond de taux historiquement bas, mais également des placements. Les Français ont, en effet, profité de 2021 pour trouver des débouchés aux liquidités accumulées pendant les différents confinements. Tous les groupes affichent ainsi des croissances d'encours comprises entre 5,4 et 6,6% pour les crédits, et entre 6,2 et 8,2% pour les dépôts. Résultats : partout des revenus d'intérêt et de commissions en forte progression.

Dans leurs communiqués respectifs, plusieurs enseignes ont aussi salué la croissance de leur clientèle. Le Crédit Agricole, notamment, a vu son nombre de clients progresser de 278 000 en un an, tandis que la Société Générale mettait en avant l'excellente conquête de Boursorama Banque, sa filiale de banque en ligne.

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Un renouveau durable

Cette embellie est-elle appelée à se prolonger ? On peut le penser. Au cours des dernières années, tous les grands réseaux ont entamé une mue de leur modèle économique, sous la pression conjointe de l'environnement de taux bas, qui rogne leurs marges, et de la transformation numérique des usages de leurs clients. Elles ont notamment fortement baissé leurs coûts en fermant des agences : plus de 13% d'entre elles ont fermé depuis 2016, et 15% supplémentaires vont disparaître d'ici à 2024, selon une récente étude de Sia Partners.

En parallèle, elles ont développé leurs canaux numériques, rattrapant une partie de leur retard sur les nouveaux entrants : les banques en ligne, mais également les nouveaux services de paiement. Un lourd investissement informatique, qui a pesé sur leurs résultats, mais devrait continuer à porter ses fruits.

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