A l'approche de la nouvelle année, il est clair que l'année 2025 s'annonce sans nul doute mouvementée sur les marchés financiers selon les prévisions de trois spécialistes que nous avons interrogés. En effet, la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines de novembre devrait rebattre les cartes de l'économie mondiale, notamment si la hausse des droits de douane évoquée dans son programme, se confirme dès les premiers mois de son second mandat.
Dans ce cas, d'autres grandes économies, en particulier les pays européens, comme l'Allemagne et la France mais aussi la Chine, devront faire face à cette réorientation de la politique commerciale et industrielle des États-Unis, de nature à limiter leur potentiel de croissance selon les dernières prévisions de l'OCDE. Ainsi, selon Frédéric Leguay, directeur de la gestion actions/assurance chez Ostrum AM, « l'an prochain, la croissance européenne devrait se stabiliser ». Dans ce contexte, il s'attend à « des marchés actions sans tendance et volatils au cours du premier semestre 2025 ».
« Une décote de valorisation historique vis-à-vis de Wall Street pour les actions européennes »
Et la France ne devrait pas échapper à cette évolution en dents de scie, sur fond d'instabilité politique consécutive à l'absence de majorité parlementaire depuis le mois de juin dernier. A cela s'ajoutent « les incertitudes liées aux prochaines élections en Allemagne », ajoute Dorian Abadie, analyste OPCVM & Bourse chez Meilleurtaux. Et ce, alors que les actions européennes qui restent actuellement boudées par les investisseurs internationaux accusent désormais « une décote de valorisation historique vis-à-vis de Wall Street » comme le rappelle Christopher Dembik, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.
Autre source de volatilité possible sur les marchés financiers : la situation géopolitique mondiale. Au-delà de la guerre entre la Russie et l'Ukraine qui s'éternise, la situation au Proche-Orient, avec la chute du régime syrien figure également parmi les dossiers à suivre l'an prochain, notamment si la région s'embrase.
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Quid de la progression des bénéfices en 2025
Reste également la question des résultats attendus des entreprises pour 2025. En Europe, Frédéric Leguay anticipe par exemple « une progression de 5% des bénéfices, soit 5 points de croissance en deçà du consensus actuel ».
En France, selon le consensus Factset, les analystes prévoient que les bénéfices des sociétés composant l'indice CAC 40 progresseront de près de 9% en 2025. Il n'en reste pas moins que la récente publication de leurs résultats pour le troisième trimestre 2024 a beaucoup déçue les investisseurs : plus de la moitié d'entre elles ayant publié des chiffres en baisse par rapport aux attentes.
« Les niveaux de valorisation atteints actuellement par les actions américaines approchent de ceux de la bulle Internet des années 2000 »
Néanmoins, la poursuite du mouvement de baisse des taux directeurs engagé ces derniers mois par les principales banques centrales, que ce soit le Réserve Fédérale des Etats-Unis (Fed) ou la Banque centrale européenne (BCE), devrait soutenir l'activité économique l'an prochain. Elle pourrait ainsi aider les entreprises cotées à enregistrer un rebond de leurs profits en 2025.
Pourtant, même si de nombreux investisseurs restent confiants, notamment sur les perspectives de Wall Street, une certaine prudence est de mise. En effet, compte tenu des incertitudes actuelles, « le risque sur les actions américaines n'est pas très bien rémunéré », selon Caroline Gauthier, co-responsable des actions chez Edmond de Rothschild AM, précisant que « les niveaux de valorisation atteints actuellement par les actions américaines approchent de ceux de la bulle Internet des années 2000 ».
« Le marché des actions européennes reste historiquement bon marché, notamment par rapport aux Etats-Unis »
A l'inverse, « le marché des actions européennes reste historiquement bon marché, notamment par rapport aux Etats-Unis », ajoute Caroline Gauthier. Dans ce contexte, il n'est pas impossible que l'on assiste l'an prochain à une changement de sentiment de la part des investisseurs qui pourrait conduire à une revalorisation des actions européennes et françaises. Reste à savoir quelles entreprises privilégier pour en bénéficier.
Pour Caroline Gauthier, les valeurs bénéficiant d'une exposition globale et notamment aux Etats-Unis devraient continuer d'afficher de belles dynamiques de croissance. De plus, d'après leurs experts, la baisse des taux d'intérêt sera favorable au secteur de l'immobilier mais aussi « aux sociétés de rendement, et notamment à des valeurs de fond de portefeuille comme Air Liquide ou TotalEnergies », selon Dorian Abadie.
Autre piste à considérer d'après une étude de la société de gestion Robeco, les titres du secteur de la défense, qui n'intègrent pas la hausse structurelle prévisible des dépenses militaires des grandes puissances européennes.
En France, Caroline Gauthier voit également des opportunités à saisir sur le segment des petites capitalisations (« small caps ») françaises dont « la décote n'a jamais été aussi élevée, étant très pénalisées par la prime de risque politique ».
La méfiance reste de mise
De leur côté, les investisseurs, souhaitant bénéficier des mesures de soutien du programme économique de Donald Trump, peuvent se tourner vers « les principales multinationales américaines, présentes sur les secteurs des nouvelles technologies mais aussi les entreprises industrielles ou présentes dans le domaine de la finance et de l'énergie », indique Dorian Abadie. En clair, celles affichant « les principales pondérations des indices américains comme le S&P500, Le Dow Jones ou encore le Nasdaq 100 », ajoute-t-il.
Pour autant, il convient de rester prudent pour l'an prochain. Pour limiter les risques de perte, les spécialistes recommandent notamment de diversifier ses investissements. C'est la raison pour laquelle Dorian Abadie conseille « de se tourner vers les ETF pour Exchange Traded Funds, notamment à travers des versements programmés afin de lisser ses points d'entrée, en investissant, de manière régulière, dans la durée, la même somme d'argent ».
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Simples d'utilisation et peu onéreux en frais de gestion, « les ETF constituent le produit idéal pour mettre en place ce type de stratégie », ajoute-t-il. Et cerise sur le gâteau, ces produits sont accessibles via un compte titres et certains sont éligibles au PEA.
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