En France, l'arrivée des vacances d'été est une période traditionnellement marquée par la distribution de dividendes, c'est-à-dire, le versement de la part des bénéfices distribuée à leurs actionnaires.
Certains épargnants en profitent pour partir à la chasse aux bonnes affaires, notamment parmi les entreprises composant le CAC 40, l'indice phare de la place parisienne. Il faut dire que l'an dernier, près de 75 milliards d'euros de dividendes ont été distribués à leurs actionnaires, d'après un baromètre publié par le cabinet EY.
Concrètement, ce montant correspond à un rendement (rapport entre le montant du dividende par action et le cours de bourse) moyen de 3,3%, perçu par les investisseurs, selon cette même étude.
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Une générosité à géométrie variable
Pour autant, ce rendement varie en fonction des entreprises du CAC 40, certaines étant plus généreuses que d'autres. Cela dépend notamment de leur secteur d'activité. En effet, comme le rappelle Dorian Abadie, analyste OPCVM & Bourse chez Meilleurtaux, « par exemple, les valeurs de croissance sont généralement moins généreuses en matière de dividendes car elles préfèrent réinvestir la majeure partie de leurs bénéfices dans leur développement ». Cependant, cet indicateur ne suffit pas, à lui tout seul, d'évaluer la générosité d'une entreprise envers ses actionnaires.
Pour une analyse plus fine, il convient de s'intéresser à ce que les spécialistes appellent le taux de distribution (« payout ratio »), qui correspond à la part des bénéfices de l'entreprises redistribuée sous forme de dividendes à ses actionnaires.
Généralement, les professionnels s'accordent à dire qu'une entreprise est généralement considérée comme généreuse lorsqu'elle affiche un taux de distribution supérieur à 50% et un rendement annuel au minimum de 4/5%.
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Un niveau record pour les dividendes en France
D'après une étude réalisée par le gestionnaire d'actifs Janus Henderson, en 2024, les entreprises françaises ont versé des montants records de dividendes à leurs actionnaires, en hausse de 8,2% sur un an, soit l'un des meilleurs taux de croissance parmi les pays développés.
Comme l'indique Charles-Henri Herrmann, son directeur du développement France & Distribution Benelux « la moitié de cette croissance provient de quatre entreprises : Axa et BNP Paribas ont apporté la plus grande contribution grâce à des bénéfices beaucoup plus élevés, suivies par l'entreprise de défense Safran et le groupe de produits de luxe Essilor Luxottica ».
Un accélérateur de performance
Reste à savoir si la stratégie consistant à partir à la chasse aux meilleurs rendements s'avère payante sur la durée. Quoi qu'il en soit, il est clair que les dividendes constituent une source non négligeable de performance à long terme, en amortissant historiquement les secousses boursières grâce aux dividendes encaissés.
En effet, l'indice CAC 40 nu, calculé sans les prendre en compte, a grimpé de 55% au cours des cinq dernières années, alors que le CAC 40 NR (« Net Return »), intégrant les dividendes nets réinvestis, a progressé dans le même temps de près de 75%.
D'ailleurs, comme le rappelle Stuart Rhodes, gérant chez M&G (Lux), « au cours des 25 dernières années, les dividendes réinvestis ont représenté plus de la moitié du rendement total (combinaison de la croissance du capital et du revenu) des actions mondiales », en prenant comme référence l'indice MSCI ACWI Monde.
Les secteurs à privilégier
D'après Bloomberg, c'est Stellantis, suivi du groupe Engie et de Carrefour qui arrivent dans le trio de tête des entreprises du CAC 40, les plus généreuses en 2025.
Mais, il faut garder à l'esprit que le secteur financier reste l'un des « plus gros payeur », rappelle Grant Cheng, gestionnaire de fonds chez AllianzGI. C'est notamment le cas des banques et des compagnies d'assurance, notamment grâce à leur flux de revenus récurrents.
Cependant, un dividende élevé ne doit pas être forcément interprété comme un gage de solidité financière. Dans certains cas, un rendement anormalement élevé peut être sanctionné par les investisseurs, notamment s'ils doutent de la capacité de l'entreprise à le maintenir dans le temps.
Rang | Entreprise | Rendement 2025 estimé |
---|---|---|
1 | Stellantis | 11,97% |
2 | Engie | 8,30% |
3 | Carrefour | 6,78% |
4 | BNP Paribas | 6,42% |
5 | Crédit Agricole | 6,36% |
6 | Orange | 6,34% |
7 | TotalEnergies | 5,31% |
8 | Bouygues | 5,27% |
9 | Axa | 5,22% |
10 | Pernod Ricard | 5,10% |
Source : Bloomberg
La question de la soutenabilité du dividende
En effet, les entreprises historiquement généreuses envers leurs actionnaires peuvent être amenés à revoir leur politique de distribution de dividendes, en période de crise ou de ralentissement économique.
Du reste, le versement de dividendes n'est jamais garanti et reste conditionné à la santé financière de l'entreprise. L'épisode de la crise sanitaire de 2020 l'a illustré de manière frappante : plusieurs grandes entreprises, comme Lagardère ou encore EDF, avaient alors suspendu, parfois totalement, le paiement de leurs dividendes afin de préserver leur trésorerie.
Par ailleurs, au-delà de ces périodes exceptionnelles, la distribution de dividendes peut également faire l'objet d'arbitrages stratégiques. Pour se développer de manière durable, innover ou renforcer leur solidité financière, les entreprises doivent souvent réinvestir une part significative de leurs bénéfices, que ce soit dans la recherche et développement, l'activité commerciale ou tout simplement pour réduire leur endettement.