La période estivale est souvent propice aux corrections boursières. Rappelons-nous celles consécutives à l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990, et plus récemment la crise de la dette européenne de 2011 ou encore le krach chinois de 2015.
Il faut dire que cette période se caractérise par des volumes de transaction moindres, susceptibles de déstabiliser plus facilement l'évolution des cours de Bourse selon les spécialistes que nous avons interrogés.
« la prudence reste de mise sur le marché des actions, du fait des incertitudes actuelles »
Cyrille Geneslay, gérant diversifié chez CPR AM, s'attend d'ailleurs « à un été volatil sur les places boursières ». A l'heure de la guerre commerciale lancée par Donald Trump et des tensions géopolitiques au Moyen-Orient, on peut donc se demander si le temps n'est pas venu de réduire son exposition aux marchés d'actions, notamment en France, compte tenu de la progression enregistrée par le CAC 40, l'indice phare de la place parisienne depuis le début de l'année.
Ce sentiment est notamment partagé par Guillaume Lasserre, directeur des gestions de LBP AM pour qui « la prudence reste de mise sur le marché des actions, du fait des incertitudes actuelles ».
Augmenter la part de liquidité de son portefeuille
« Bien que de nombreuses incertitudes persistent, il est essentiel de rester investis : la croissance ralentit mais reste positive, le cycle de désinflation offre désormais plus de visibilité en particulier en Europe, des mesures de relance monétaire et fiscales sont déployés dans diverses régions du monde et la réorientation des flux offre une nouvelle voie pour l'investissement au sein du Vieux Continent. Néanmoins, et compte tenu des valorisations élevées, il est fondamental de conserver des poches de liquidités pour naviguer dans ces marchés et saisir les opportunités lorsque celles-ci se manifestent » en cas de mouvement de baisse sur les places boursières, souligne une étude de Tikehau Capital.
Pour ce faire, les épargnants peuvent généralement avoir recours à des ordres d'achat dits « à révocation », qui permettent de se positionner en deçà des cours actuels, en cas de correction et de profiter ainsi d'achat à bon compte.
Se protéger avec des produits dérivés
En revanche, pour les investisseurs désireux de se protéger tout en conservant leurs positions en portefeuille pendant la saison estivale, d'autres solutions sont envisageables.
L'une d'entre elles consiste à utiliser des produits dérivés pour se couvrir contre une éventuelle correction, par le biais d'achat d'options de vente par exemple, disponibles sur les principaux indices boursiers, y compris l'indice CAC 40.
Mais, attention, il faut garder à l'esprit que ces produits perdent toute valeur si le scénario anticipé ne se réalise pas. Et d'après Dorian Abadie, analyste OPCVM & Bourse chez Meilleurtaux, « ces produits complexes sont à manier avec prudence et restent réservés aux boursicoteurs avertis ».
Mais aussi des ETF inverses
Autre solution envisageable : se tourner vers des instruments de couverture moins coûteux mais tout aussi efficaces : les ETF (« Exchange Traded Fund »). En effet, ces fonds cotés en Bourse, comme une action, répliquent à l'identique la performance d'un indice boursier.
Mais, il existe aussi ce que l'on appelle les ETF inverses (ou « ETF short »). Ces derniers sont construits pour évoluer strictement à l'opposé de leur indice de référence, ce qui permet de tirer profit d'une période de correction boursière. En clair, si leur indice sous-jacent baisse de 1%, l'ETF inverse monte de 1% et inversement.
Certains de ces ETF inverses sont disponibles sur l'indice CAC 40 et peuvent même proposer un effet de levier, c'est-à-dire la possibilité d'amplifier par un multiple de 2 ou par 3, le gain enregistré sur un mouvement baissier.
Attention, toutefois car l'effet de levier démultiplie les gains, mais aussi les pertes. Ainsi, selon Dorian Abadie, « toute erreur d'anticipation peut donc finalement coûter bien cher, d'autant plus qu'il est très difficile de prévoir l'évolution de la Bourse à très court terme ».
Faut-il fuir les ETF à effet de levier ?
La solution des versements programmés
C'est pourquoi les professionnels que nous avons interrogés, recommandent d'utiliser la méthode du DCA (« Dollar Cost Averaging ») pour mettre toutes les chances de son côté.
Concrètement, il s'agit d'investir de manière programmée, par exemple tous les mois, la même somme d'argent, afin de moyenner son prix d'entrée sur le marché. Ainsi, comme le rappelle Dorian Abadie, « avec cette méthode, vous pouvez ainsi bénéficier d'achats à bon compte en cas de correction boursière ».
Autre avantage : cette méthode peut notamment être mise en place sur l'indice CAC 40, en se tournant vers des ETF par exemple. En effet, les ETF sont, sans doute, les produits les plus adaptés à la mise en place de ce type de stratégie. Accessibles via un compte titres, certains sont même éligibles au Plan d'Epargne en Actions (PEA).
Des programmes automatiques disponibles chez les courtiers en ligne
Cette méthode du DCA s'avère particulièrement pratique pour les épargnants qui n'ont pas beaucoup de temps à consacrer à la gestion de leur portefeuille, dans la mesure où les versements s'effectuent de manière automatique. D'ailleurs, pour vous faciliter la vie, plusieurs courtiers en ligne offrent la possibilité de mettre en place ces versements à votre place.
C'est notamment le cas chez le courtier Trade Republic qui propose une telle stratégie d'investissement. Mais, d'autres intermédiaires financiers, à l'image de BoursoBank, Degiro ou encore de Scalable Capital sont également en mesure de le faire. C'est aussi le cas de l'intermédiaire Saxo Banque avec son nouveau produit, baptisé le Plan Epargne Programmé par Saxo (« PEPS »), destiné à faciliter « la démocratisation de l'accès aux marchés financiers » selon Fabien Keryell, son directeur général en France.
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